Ould Amara Nour, 4 ans déjà

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Il est des hommes qui ne peuvent être oubliés. Même si leur passage dans ce monde a été court, ils demeurent vivants et eternels. C’est le cas de Ould Amara Nour. Il y a quatre années, jour pour jour, Nour nous quittait. Né le 10 septembre 1968 au village Koukou, dans la commune d’Aït Yahia, daïra de Michelet, il a entamé sa scolarisation à l’école primaire de Koukou, entre 1974-1980, avant d’accéder au CEM d’Aït Hichem où il y décrocha son BEM. Il poursuivit ses études secondaires au lycée Mustapha Ben Boulaïd de Aïn El Hammam où il obtint son Baccalauréat pour, ensuite, entrer dans le secteur de l’éducation nationale. Il enseigna la langue arabe, à Iflissen, et dans d’autres établissements avant d’atterrir au CEM d’Aït Hichem. À partir de 1989, il devint membre de l’association «Si Mohand Ou M’hand» de Aïn El Hammam. Entre 1995 et 2000, il enseigna Tamazight au CEM d’Aït Hichem, après avoir suivi une formation à l’université de Ben Aknoun. Nour était parmi les premiers enseignants de Tamazight, la fameuse promotion de Mouloud Mammeri avec les défunts (Aït Mohand Ferhat décédé en 2014 : Chelmouni Ferhat, lui aussi décédé en 2013, Naïma, décédée également fin 2000). Tous ces militants sont décédés du même mal ! Militant de la cause amazighe, il intégra le Congrès Mondial Amazigh où il devint membre du son conseil fédéral (en Août 1999 à Lyon). Nour était l’un des membres les plus actifs de l’association des enseignants de tamazight de Tizi-Ouzou, jusqu’à son départ en France en 2000. Il activait au journal L’HEBDO N TMURT comme correspondant et se lança également comme animateur à Berbère Télévision. C’est durant cette période qu’il a conquit les téléspectateurs de BRTV. Il était l’animateur le plus estimé et le plus suivi sur cette chaîne pour le fait qu’il dispensait des cours en tamazight. Dans la même chaîne de télévision, il était l’auteur de l’adaptation de la série scientifique «Ce n’est pas sorcier» en kabyle : «Maççi d adrar». De 2003 à 2011, il a occupé le poste de président de l’association Maison Amazighe de Saint Denis. Décédé à Paris le 20 septembre 2011, à l’âge de 43 ans des suites d’une maladie, il fut enterré dans son village natal, Koukou. Nour a eu le parcours riche et historique d’un militant qui a consacré sa vie pour la revendication de l’identité berbère. «C’était l’un des piliers de la culture amazighe. Aujourd’hui, même s’il n’est plus là il demeure toujours dans nos cœurs», témoigne un ami du défunt. Et d’enchaîner : «Nous sommes ici pour ressusciter le combat de ce militant infatigable qui a tout donné pour la pérennisation de l’identité berbère. C’est avant tout un devoir de mémoire pour cette personnalité de savoir. Nour, à l’instar des autres monuments de la culture kabyle, n’a jamais baissé ses bras pour la revendication et la promotion de la langue amazighe. Il a fait des efforts qui resteront, à jamais, gravés dans la mémoire des Kabyles». Son dernier message sur Face Book était «Tamazight, Tamazight, Tamazight, Ar tufat a yimeddukkal», et nous dirons de lui Nnur d azamul, d asirem, d tafat, d taftilt», le royaume de Koukou a perdu son pilier et «Timsirin-ik ad qqiment d aktayen».

Mhanna Boudinar

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