Que feront les élus à l'APC ?

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Pour ceux qui en doutaient encore, hier la population de la municipalité d'Azazga a procédé à une véritable démonstration que l'exigence de "la dissolution de l'APC" portée par la coordination des villages de la commune est celle de tous.

En témoigne cette image de ville fantôme qu’offrait la cité dès les premières heures de la journée. Pas un seul commerce d’ouvert. Même pas du côté de ce quartier qui s’était pourtant distingué la veille, en rendant public un avis à travers lequel le comité du douar faisait part de son intention de ne pas adhérer à l’appel lancé précédemment par la coordination pour faire d’Azazga une ville morte pour la journée. Le dit comité a t-il fini par se rétracter face à l’unanime mobilisation des commerçants d’Azazga affichée dès la levée du jour ? Ou était-il question d’un simple affichage tenté par un groupuscule de personnes, voire carrément une seule, puisque même la liste des commerçants, jointe à l’avis, a été rédigée d’une même écriture ? Peut importe cependant, et ce qu’il y a à retenir, c’est sans doute cette totale unification des rangs chez les villageois, qui conforte ainsi on ne peut mieux la coordination dans sa position de porte-parole de la population locale. A travers le retentissant succès qu’a eu l’action d’hier initiée par les contestataires, le conflit qui oppose les villages d’Azazga à leurs élus a certainement franchi un autre cap qui donnera à ne pas en douter à réfléchir à tout le monde, en premier lieu, normalement, les élus eux même, et inévitablement l’administration régionale qui ne devrait fatalement pas se réjouir d’une telle situation. Car au delà du blocage que subit l’APC locale, hier c’est tout de même toute la ville qui s’est faite « morte » pour réclamer le départ des élus à l’APC. Toute une symbolique qui bousculerait la plus imperturbable des consciences… Tous les rideaux étaient baissés. La ville était fermée de bout en bout. Même les libraires. Les journaux du matin ont été vendus à même le trottoir. Seules les administrations publiques ont fonctionné hier à Azazga. «Du jamais vu ici ! Même durant les événements du printemps noir, jamais Azazga n’avait vécu un black-out aussi total. Même les petites alimentations générales des quartiers en retrait du périmètre urbain ont adhéré au mot d’ordre de grève générale lancé par la coordination des villages», commentait hier un citoyen d’un certain âge accosté devant la mairie. C’était d’ailleurs le seul espace animé de toute Azazga. Un rassemblement y avait pris forme au fil du temps, presque naturellement. Devant, toute la cité fermée, les badauds se mouvaient, en effet, machinalement vers ce carrefour d’où fusaient en boucle les grands tubes du rebelle Matoub Lounes. Une sonorisation était installée à bord d’une camionnette bardée d’une banderole sur laquelle on pouvait lire à travers d’imposantes lettres « Les élus barra ». La bâtisse de la mairie était aussi presque totalement habillée d’une gigantesque bâche sur laquelle était transcrite une déclaration de la coordination énumérant les griefs reprochés aux élus de la municipalité. Dans la foule, l’ambiance était bon enfant. On distribue des sandwichs, on commente l’actualité du jour… On se réjouissait particulièrement de la réussite de la grève et de l’écho qu’a eu l’appel auprès de la population locale. « Cette adhésion massive nous conforte dans notre mouvement. Que tout un chacun sache maintenant que la dissolution de l’APC ce n’est ni un vœu ni un phantasme de M. Allouache ou Akhmoum ou des membres du bureau de la coordination, c’est une revendication de toute la population de la commune d’Azazga. On dit que personne n’est infaillible dans la vie. Et c’est vrai. Nous aussi, nous nous sommes trompés en ayant cru en eux. Nous nous sommes trompés le jour où nous avons élu ces gens-là et aujourd’hui nous sommes déterminés à corriger cette erreur. La population est décidée à aller jusqu’au bout. L’administration devrait capter un message clair à travers l’action d’aujourd’hui. Seule l’application de l’article 46 du code communal contentera la population d’Azazga. Nous ne sommes pas des délinquants, nous ne réclamons que l’application des lois de la république», clamait Rachid Allouache, membre de la coordination des villages d’Azazga. Pour rappel, cette dernière regroupe les villages d’Aït Bouadda, Cheurfa N’Bahloul, Flikki, Hendou et le chef-lieu d’Azazga. Elle réclame «la dissolution de l’APC» depuis le 23 septembre dernier, date à laquelle la première action de protestation publique a été initiée pour dénoncer «la gestion catastrophique» de l’exécutif en poste. Depuis, les élus demeurent interdits d’accès à la mairie.

Djaffar C.

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