«On veut couvrir les 52 communes, mais…»

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Le directeur de l’Office national de l’assainissement (ONA) de Béjaïa, M. Mourad Atmaniou, revient dans cet entretien sur le rôle de l’office qu’il gère, ses principales missions et sur les contraintes rencontrées sur le terrain. M. Atmaniou parle également des objectifs de l’office et des projets en cours.

La Dépêche de Kabylie : Quelle est exactement la mission de l’ONA ?

Mourad Atmaniou : La mission première de l’ONA est de lutter contre les sources de pollution hydrique, la gestion et l’exploitation des réseaux publics de collecte des eaux usées, la gestion de stations de relevage et stations d’épuration y compris les lagunes et bassins de décantation. Aussi, nous assurons la gestion des abonnés au service public d’assainissement et nous établissons le cadastrage des infrastructures d’assainissement, en effectuant les mises à jour nécessaires. Nous réalisons des projets d’études nécessaires et les travaux pour le compte de l’État. En outre, l’office est chargé de participer à la conception et réalisation des systèmes de collecte des eaux pluviales, la protection et la lutte contre les inondations.

À quand remonte la création de l’ONA de Béjaïa ?

L’ONA de Béjaïa a été créé le 1er septembre 2006. Avant cette date, c’étaient les APC qui géraient le réseau et les infrastructures hydrauliques. Jusqu’en 2012, l’ONA de Béjaïa dépendait de la direction de zone de Sétif. Depuis 2016, nous dépendons de la zone de Tizi-Ouzou.

Disposez-vous de moyens suffisants ?

L’ONA dispose de plusieurs hydro-cureuses dont une hydro-cureuse tractable et deux hydro-cureuses transportables pour accéder aux zones difficiles d’accès. Aussi, il dispose de plusieurs camions de curage, des motopompes de grande capacité et des camions pour le transport des déchets évacués. Actuellement, tout ce matériel ne répond pas aux attentes vu l’état de délabrement de certaines unités et surtout la vétusté et la complexité du réseau d’assainissement existant. Vu les difficultés inhérentes à l’activité de l’assainissement, l’ONA a fait de l’hygiène, de la santé et de la sécurité du personnel en milieu professionnel un des principaux axes de sa stratégie. Il a déployé des efforts considérables par la mise en place d’une cellule HSE au niveau de l’unité.

Êtes-vous implantés sur tout le territoire de la wilaya de Béjaïa ?

L’ONA gère actuellement vingt trois communes réparties sur six centres d’assainissement qui sont opérationnels. Il procède en priorité au transfert des communes gérées par l’ADE qui reverse le tarif d’assainissement, donc la source primordiale de financement de l’ONA. L’Office gère 1 423 kms, soit 49 % du réseau d’assainissement de la wilaya.

Quelles sont les infrastructures gérées actuellement par l’ONA ?

Nous gérons quatre stations d’épuration implantées à Aokas, Souk El-Tenine, Béjaïa et Sidi Ali Lebher. Celle de Béjaïa, d’une capacité de 80 000 équivalent-habitants et d’un débit de 9600 m3/jour, nécessite une extension car sous dimensionnée puisqu’elle a été réalisée en 1982.

Quelles sont les difficultés rencontrées sur le terrain ?

Dans certaines zones, les regards sont sous-bitume ce qui rend leur détection difficile, donc complique la mission de nos agents sur le terrain. Le vol des tampons constitue aussi une difficulté supplémentaire et cela engendre un danger pour les piétons et les automobilistes, en plus, cela facilite l’accès aux déchets de tous genres. Il y a aussi le phénomène de charriage : les matériaux et les déchets qu’entreposent diverses entreprises, des particuliers et des commerçants sont charriés par les eaux pluviales vers les réseaux d’assainissement. En plus, il y a les difficultés de déplacement d’un endroit à un autre à cause de la densité de la circulation en période estivale.

Avez-vous actuellement des projets de grande envergure ?

Dans le cadre de la maîtrise d’ouvrage pour le compte de l’État (ministère des Ressources en eau et de l’environnement), l’ONA est en train de réaliser l’étude de diagnostic et de réhabilitation de tout le réseau de la ville de Béjaïa. Nous sommes chargés de la réalisation et de l’exploitation de la station d’épuration de Sidi Aïch (d’une capacité de 6 500 équivalent-habitants et un débit de 10 400 m3/jour), y compris un collecteur de 3,3 Kms et deux stations de refoulement. Aussi, nous sommes en train de réaliser la station d’épuration d’Akbou (100 000 équivalent-habitants et un débit de 16 000 m3/jour), y compris un collecteur principal de 5 kms. En prévision de la saison estivale, un planning a été déjà établi et mis à exécution. Il s’agit du curage des points noirs, des bassins de décantation sur l’ensemble des communes gérées par l’ONA et surtout les communes côtières et une maintenance préventive sur les équipements des stations de relevage et d’épuration.

Un dernier mot…

L’ONA espère couvrir les 52 communes de la wilaya de Béjaïa, mais cela dépendra des moyens qui seront mis à sa disposition. Je saisis cette occasion pour rendre un grand hommage aux ouvriers, en particulier les agents d’exploitation, qui sont la force de frappe de l’ONA. Je lance aussi un appel aux citoyens pour ne pas considérer l’égout comme une poubelle.

Saïd M.

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