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Saïd Boukhari inhumé hier à Maâtkas

Dans la douleur et la dignité !

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Il y avait du monde, beaucoup de monde, hier, au village Bouarfa, dans la commune de Maâtkas, où le grand militant de la cause amazighe a été inhumé.

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Une grande pancarte était suspendue par les villageois, sur laquelle on pouvait lire «Le village de Bouarfa fier de son fils Said Boukhari». Il y a effectivement de quoi l’être. Le défunt est l’une des figures les plus populaires dans toute la région de Maâtkas, voire de tout le versant sud de la wilaya de Tizi-Ouzou. Tout le monde le connait comme un inusable militant des causes justes. Avant-hier et hier, des personnalités politiques, culturelles et artistiques, ainsi que d’innombrables anonymes ont afflué au village, pour s’y recueillir à sa mémoire et lui rendre un dernier hommage. Deux ministres, Abdelkader Bouazghi et El Hadi Ould Ali, le wali de Tizi-Ouzou, le chef de la daïra de Maâtkas, les parlementaires Hocine Haroun et Noureddine Aït Hamouda et plusieurs autres députés, ainsi que le tout fraîchement réélu maire de Tizi-Ouzou, Wahab Ait-Menguellet, étaient présents. Tous ont loué les vertus du défunt, qualifié de «figure de proue» de la revendication berbère durant les années 80 et 90. On est venu de toutes les communes de la wilaya, mais aussi d’Alger, de Béjaïa, de Bouira, de Boumerdès, d’Oran, de Tiaret, de Sétif, de Tipaza et d’autres wilayas. Il n’y avait qu’à regarder les plaques d’immatriculation des centaines de véhicules garés partout dans le village et ses alentours pour le constater. Il a fallu tout un dispositif des services de sécurité tout au long du chemin de wilaya N° 147 longeant le village Bouarfa avec la précieuse collaboration du comité de village, pour pouvoir permettre à tous les visiteurs de se recueillir à la mémoire de ce digne fils unique de chahid. Une immense douleur se lisait sur les visages, notamment des proches. Aâmi Said, comme on l’appelait affectueusement, n’avait que 55 ans. C’est toute la dimension de sa personnalité qui s’est dessinée, hier, lors de son inhumation dans le cimetière où reposent son père chahid et ses aïeux. Ce grand militant du MCB avait défrayé la chronique au lycée technique de Dellys où il était scolarisé en 1980. C’est lui, en effet, à 18 ans à peine, avec quelques uns de ses camarades, avait réussi à paralyser toute la ville de Dellys, pour protester contre la répression qui s’abattait alors sur la Kabylie. Adhérant très tôt à la lutte pour les libertés et la démocratie, le regretté était un infatigable militant des droits de l’Homme, plus particulièrement depuis 1988. Il fut l’un des initiateurs de la grande marche du MCB, le 25 janvier 1990 à Alger, et puis quelques années plus tard de la grève du cartable pour la revendication de Tamazight à l’école. N’aimant pas trop être sous les projecteurs, il travaillait dans l’ombre avec ses camarades, Said Chemakh, Said Khelil… Hier, ils étaient tous là tristes mais dignes… Maâkas vient de perdre l’un de ses meilleurs fils.

Amayas Idir

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