«Malgré les efforts, les retards persistent»

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Dans cet entretien, le maire FFS de Maâtkas, Lyes Laguel, parle de la situation qui prévaut dans sa commune et des manques persistants malgré les efforts déployés par ses prédécesseurs et son exécutif actuel.

La Dépêche de Kabylie : Après près d’une année d’exercice, quel est l’état des lieux qui prévaut à Maâtkas ?

Lyes Laguel : Avant de répondre à cette question, j’aimerai préciser que notre commune, forte de plus de 50 villages et hameaux totalisant plus de 34 000 habitants, est marquée par des retards dans tous les aspects en lien avec le quotidien de la population. Les efforts déployés par mes prédécesseurs et notre action depuis notre installation ne sont pas venus à bout de ces retards et des manques persistants. Les contretemps sont énormes, il nous faut plus de budget et plus d’efforts. Autrement, il nous sera impossible de les combler et cela influencera négativement sur le citoyen, mais aussi sur l’avenir de notre commune. Une commune qui continue de fonctionner au rythme des mêmes dotations et mêmes enveloppes financières que des communes ne dépassant pas 10 000 habitants et quelques villages. Maâtkas mérite une attention particulière pour qu’elle puisse sortir la tête de l’eau.

Quel est votre programme pour y remédier ?

Notre programme comporte trois objectifs à réaliser durant ce mandat. Nous allons mettre le paquet sur le secteur de la santé, celui de la jeunesse et la sécurité. Sur le plan santé, il faut savoir que nous ne disposons que d’un dispensaire qu’on nomme polyclinique mais qui en réalité ne l’est pas. Car cette polyclinique ne dispose ni d’un service des urgences, ni d’une maternité encore moins d’une ambulance. C’est une structure qui ne fonctionne que de jour, pourtant l’espace existe pour en faire une véritable polyclinique avec tous les services. Nous avons aussi trois unités de soins toutes fermées, bien qu’elles soient réhabilitées par l’APC. Nous demandons à la DSP de les rouvrir et des les doter de matériel et de personnel. Comme nous demandons à la même direction de rendre fonctionnelle en H24 notre polyclinique et la doter de tous les services, d’ambulance et de personnel suffisant.

Qu’en est-il du secteur de la jeunesse et des sports ?

Ce secteur est malheureusement l’autre parent pauvre de notre commune. Nous avons deux clubs de football SDF, car nous n’avons pas de stade communal. Notre salle omnisports est dégradée à un point où elle est devenue incommode à la pratique sportive. Notre programme consiste en la réhabilitation de la salle des arts martiaux à laquelle nous avons réservé deux millions de dinars. Nous allons aussi prendre en charge la salle des sports d’équipes, notamment la réfection de sa toiture et de son sol. Concernant l’aire de jeux du chef-lieu, nous comptons l’élargir et l’aménager. La direction de la jeunesse et des sports est invitée à nous prêter main forte pour améliorer l’état des lieux du secteur du sport. Pour ce qui est de la maison des jeunes, elle doit jouer sa mission par l’organisation d’activités culturelle et scientifique tout au long de l’année. Nous disposons aussi d’une assiette foncière à Berkouka qui peut accueillir un foyer de jeunes. La DJS est vivement sollicitée pour nous aider.

Comment comptez-vous améliorer le secteur de la sécurité ?

La situation sécuritaire à Maâtkas était inquiétante car comme tout le monde le sait, plusieurs attentats ont eu lieu, des kidnappings, des vols, la multiplication des lieux illicites de vente d’alcool en plus des feux de forêts et des accidents. La situation était préoccupante c’est pour cela que nous avons proposé une assiette foncière au chef-lieu pour la réalisation d’une unité de la Protection civile. Le terrain a été validé par la commission et la procédure est lancée. Au sujet des services de sécurité, ils font du beau travail mais il faut redoubler d’efforts et ne jamais baisser la garde pour assurer la sécurité des personnes et des biens comme le garantit la Constitution.

Le taux de pénétration en gaz naturel demeure faible à Maâtkas. Pourquoi ?

En effet, le taux de pénétration en gaz qui est de 50% demeure faible en comparaison avec le taux de la wilaya qui est de 84%. On est loin de ce taux. La localité de Berkouka totalisant 15 villages n’est toujours pas raccordée, celle d’Aït Aïssi Ouziane non plus, en plus de Tizi Lilane. C’est vrai que les travaux sont en cours à travers l’ensemble de ces zones mais il convient de reconnaitre que le retard est énorme et la cadence des travaux est trop lente. Les entreprises ne jouent pas le jeu. C’est aussi le même constat pour le raccordement au réseau électrique, car plusieurs quartiers et plusieurs foyers situés sur le chemin de wilaya ne sont pas encore branchés. Les listes et les études sont établies et transmises à la direction concernée mais, selon eux, ces projets sont pour le moment gelés.

La rareté de l’eau et le manque d’assainissement ont fait sortir la population dans la rue par le passé. Est-ce toujours le cas ?

Ce n’est heureusement plus le cas. D’ailleurs, nous avons pu vivre un été calme. Les efforts consentis par mes prédécesseurs ont suffisamment augmenté le taux de couverture en assainissement qui a atteint un taux de 80%, toutefois, nous avons des problèmes de la vétusté des anciens réseaux. Il faut maintenant passer à leur remplacement, notamment le réseau le plus dégradé d’Ighzer Ughilas. C’est le même constat pour l’alimentation en eau potable. Nos services avec ceux de l’ADE ont payé. À ce titre, je tiens à signaler qu’une nouvelle chaîne d’eau d’un montant de 45 milliards de centimes a été accordée à notre commune et l’entreprise est déjà retenue. Une fois la chaîne réalisée, la crise d’eau ne sera qu’un mauvais souvenir.

Le réseau routier de la commune, notamment les chemins communaux, sont dégradés. Qu’allez-vous faire ?

En effet, notre réseau routier est dégradé dans son ensemble. Les travaux de gaz et de l’eau l’ont mis à mal. La direction des Travaux publics est appelée à nous venir en aide pour l’améliorer. Nous avons un linéaire très important que nous ne pouvons pas prendre en charge sur le budget communal ou les PCD. Toutefois, je signale que la DTP a prévu le bitumage des axes du chef-lieu vers Zerouda et Afir vers le CW128 mais le lancement des travaux n’a pas encore eu lieu. Je voudrai aussi parler de la fibre optique qui est effective au chef-lieu, Tizi Lilane et Tizi T’zougert, il faudrait aussi la faire parvenir à Berkouka, où nous avons une antenne de mairie et un bureau postal.

L’environnement est aussi en souffrance à Maâtkas…

C’est vrai que l’environnement est en souffrance à Mâatkas, mais pour limiter les dégâts, nous avons organisé plusieurs volontariats pour nettoyer le chef-lieu et les villages. Malheureusement, cela reste insuffisant. Nous avons un programme pour aménager le chef-lieu et embellir les villages. Notre objectif est de venir à bout des décharges sauvages. Concernant la collecte des ordures ménagères, nous n’arrivons pas à assurer une collecte régulière car nous n’avons que quatre bennes tasseuses et deux camions pour une cinquantaine de villages. Nos efforts se poursuivront pour améliorer et préserver l’environnement.

Les cantines scolaires n’ont fonctionné l’année dernière qu’au mois de décembre. Qu’en est-il cette année ?

En effet, l’année passée, nos cantines n’ont ouvert que vers le mois de décembre. Pour cette année, nos écoliers ont pris des repas chauds au premier jour de la rentrée scolaire. Nous avons pris toutes les mesures pour être au rendez-vous dès le premier jour. Toutefois, concernant le ramassage scolaire, nous n’arrivons pas à garantir le transport à tous nos écoliers. Nous l’assurons que pour les villages les plus éloignés. Ce n’est pas avec huit bus remontant aux années 80 que nous allons transporter tous les élevés des 17 écoles primaires, cinq collèges et deux lycées vers une cinquantaine de villages. Nous avons besoin de plus de bus et pour en acquérir il nous faut de l’argent.

Entretien réalisé par Hocine T.

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