«On a hérité de 900 programmes inscrits non lancés»

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Le maire d’Akbou, Mouloud Salhi, fait le point, dans cet entretien, sur le bilan d’une année d’exercice et dresse les perspectives de sa commune, l’une des plus importantes de la wilaya de Béjaïa.

La Dépêche de Kabylie : Akbou a connu l’émergence d’un nouvel exécutif après vingt ans de règne d’Abderrahmane Bensebaâ. Quel bilan

faites-vous après une année à la tête de l’APC ?

Mouloud Salhi : En une année à peine d’exercice, nous pouvons dire que l’amorçage du développement de notre collectivité a été fait malgré les difficultés immenses auxquelles nous étions confrontés dès l’installation de la nouvelle assemblée. En ce moment, bien que nous nous astreignions à répondre aux besoins urgents de notre collectivité, il n’en demeure pas moins que notre attention soit principalement focalisée sur l’élaboration de grands projets structurants. En ce sens, nous avons réactualisé plusieurs études techniques faites dans le passé pour des intitulés de projets jamais entamés. C’est le cas de la canalisation de l’oued Illoula, du dédoublement de la RN26, de la trémie de Guendouza jusqu’au pont de Bouzerouel, la relance du projet de canalisation du l’oued Ighzer Tahrikt, la reprise des projets inhérents aux différents réseaux d’adduction en eau potable et de l’assainissement, le drainage des eaux pluviales… Aussi, pour ce qui est du réseau routier, nous avons entrepris de densifier et de mailler le réseau afin de permettre une meilleure fluidité du trafic routier. Cela doit être accompagné d’un plan de circulation réfléchi. Il faut adjoindre aussi les projets socioculturels et sportifs (Stade des martyrs, stade de Laâzib et la réhabilitation du stade OPOD Guendouza – Akbou, le musée d’art et d’histoire…) Mais nous sommes persuadés que le plus gros nous attend encore. Pour cela, nous mobilisons toutes les énergies nécessaires allant des élus de l’assemblée, de l’administration et du mouvement associatif. Toutes les bonnes volontés doivent s’impliquer pour optimiser le développement local. Il est important de relever le fait qu’à notre arrivée, nous avions trouvé un programme d’équipement et d’investissement cumulant une nomenclature de plus de 900 programmes inscrits non lancés et non clôturés. Au jour d’aujourd’hui, celle-ci est prise en charge de manière effective par l’engagement de son assainissement, notamment par la clôture et le visa de plus de 500 reliquats des programmes affectés et le lancement d’environ 170 opérations dont la majorité est visée auprès du contrôleur financier.

Justement, une circulaire interministérielle a été élaborée dans le but de débloquer la situation financière de certaines communes d’Alger et de Béjaïa, dont Akbou . Quels sont les mécanismes qui peuvent accompagner ce processus ?

La mesure à laquelle vous faites allusion était effectivement intervenue à travers une circulaire promulguée en juillet 2017. Elle visait, en effet, le déblocage de la situation financière des communes de la wilaya d’Alger et de Béjaïa qui accusent un retard considérable dans la confection et l’approbation des documents budgétaires. Et c’est le cas de notre commune qui accuse plus de douze années de retard. Il s’agit spécialement du budget supplémentaire et compte administratif qui devraient être mis à jour et lesquels documents rapportent fidèlement les réajustements et les réalisations des opérations exécutées à l’issue des exercices budgétaires précédents. Je vous informe que tous les documents budgétaires suscités sont élaborés par mes services et ils sont en cours d’approbation.

Maire de l’une des plus grandes communes d’Algérie et vous gardez toujours le poste de président de l’association Étoile culturelle d’Akbou. N’y a-t-il pas incompatibilité ?

Je dois d’emblée noter que la qualité de président de l’association Etoile culturelle d’Akbou et le poste de maire n’est pas incompatible ni avec la loi qui régit les associations ni même avec celle relative au code communal. Je rappelle que je suis élu par les membres de l’assemblée générale de l’association, seule instance souveraine, de manière démocratique et transparente pour un mandat de quatre années comme le stipule les statuts. Quant à la gestion de celle-ci, une équipe de jeunes aguerris assume amplement leurs responsabilités en toute liberté et transparence aux fins de perpétuer un des seuls espaces de notre commune d’expression juvénile, de la promotion et de la sauvegarde de notre culture et de nos traditions tous azimuts. Pour le moment, mon investissement est entièrement dédié à la gestion des affaires de la commune.

Akbou est classée au niveau national parmi les communes les plus aisées financièrement. Quels sont ces atouts qui ont permis à cette municipalité de se hisser à ce rang ?

La commune d’Akbou est une ancienne collectivité locale qui incarne pour ses habitants depuis des lustres un lieu de résistance mémorable, où des hauts faits d’armes s’y sont déroulés, un lieu d’échange et de convergence d’idées et d’espoirs et, enfin, une foire économique permanente. Ces aspects lui ont procuré une importante croissance démographique qui avoisine aujourd’hui les 70 000 habitants, dont les deux tiers constituent la frange juvénile bien que le dernier recensement général de la population (datant de 2008) évalue la population communale à près de 53 000 âmes. Akbou, en tant que ville, est un centre urbain attrayant pour les localités environnantes et voire même au-delà. Je suis persuadé que la désarticulation urbaine que cette ville a subie restera, hélas, une tâche d’huile difficile à ôter. Aujourd’hui, un renouveau urbain s’impose que j’ose espérer saura embellir et redimensionner l’aspect urbanistique de la ville. Akbou est aussi au confluant de plusieurs wilayas et un important carrefour régional de transit et de commerce, de par sa situation géographique stratégique et l’implantation de deux pôles industriels (ZAC de Taharacht et la zone industrielle d’Azaghar). Akbou est aussi une commune rurale qui s’attache tant bien que mal à maintenir certaines de ses activités agricoles ancestrales telles que l’oléiculture, l’élevage (bovin, ovin, caprin…), l’arboriculture et la production potagère. Je crois, d’ailleurs, que l’activité agroalimentaire que s’est attribuée la localité comme réputation rime beaucoup avec sa ruralité d’antan. Donc, je présume que c’en est une tendance économique toute naturelle. Akbou est, par ailleurs, un centre administratif érigé depuis l’ère coloniale (commune mixte) et le découpage administratif de 1991 qui a vu la création de nouvelles daïras, la ville était le siège de rencontres de pas moins de 14 communes. En un mot, Akbou est la capitale de la Soummam.

La gouvernance locale est le socle de la démocratie participative. Comment peut-on, en tant qu’élu, vulgariser cette approche ? Quels sont les mécanismes qui peuvent permettre de concrétiser cette politique de gouvernance ?

Pour mieux répondre aux nouvelles préoccupations de la population, favoriser le développement durable et ancrer cette bonne gouvernance socle de la démocratie participative, longtemps bernée par des promesses et des engagements non tenus, nous comptons, désormais, mettre en place une consultation et une concertation élargie à travers un partenariat soutenu avec toutes les forces vives de la société civile et du secteur privé. Cette approche permettra, d’une part, aux acteurs sociaux et économiques de se réapproprier la nouvelle manière de voir leur commune et de participer activement au développement économique, social, politique, culturel et environnemental, et, d’autre part, à nous inciter à innover, à travailler dans la transparence en rendant compte périodiquement de nos bilans et de nos engagements. Bien évidemment, pour sensibiliser et vulgariser les citoyens sur cette approche, des outils basés sur les nouvelles technologies d’information et de communication seront mis, une fois muris, à profit pour une meilleure transparence et traçabilité de nos actions, soutenues par la formalisation des espaces d’exercice de la citoyenneté et de participation au dialogue et à la décision locale qui seront mis en place, à savoir un conseil consultatif communal, une assemblée communale de jeunes et d’enfants (espace d’éducation à la citoyenneté et à la démocratie) et des comités consultatifs sectoriels (Éducation, santé, formation professionnelle…). Afin de fédérer et de mobiliser toutes les énergies et les compétences de la commune, nous entretiendrons des relations privilégiées avec les élus, les fonctionnaires communaux, le monde associatif, le monde politique et économique ainsi que les représentants institutionnels locorégionaux et nationaux.

Croyez-vous qu’un élu local a les moyens politiques, économiques et financiers pour mettre en application ses idées ?

La réponse à la question ne peut être absolue, elle est donc relative. Ce qui doit susciter un discernement pointu. Un élu local doit incarner un seul et unique organe élu qui est l’assemblée comme instance délibérante, car un candidat une fois élu, il porte sur ses épaules les aspirations de toute une population et au même temps l’engagement de toute l’assemblée. Pour concrétiser cette approche, il faut asseoir une assemblée élue concertée (collégiale) et un organe exécutif conscient, dynamique et efficace. Lorsque nous aurons réuni tous ces éléments là place au travail. L’assemblée à travers ses commissions arrête son programme en l’adoptant et le remet pour exécution à l’exécutif. L’assemblée doit veiller à travers les mêmes commissions au suivi constant de son programme en harmonie avec la législation et la réglementation en vigueur. Voici en principe ce que nous essayons de mettre en œuvre en termes de gestion.

Avez-vous des idées ou des projets de création d’autres richesses pour plus d’autofinancement de la commune ?

Évidemment ! Bien que notre commune soit classée parmi les collectivités les plus en vue en matière d’autofinancement budgétaire, il reste que le réinvestissement des excédents budgétaires dans des projets créateurs davantage de richesses et d’emplois est complètement gelé. Dans notre programme, comme je l’ai déjà évoqué, nous proposons des projets structurants et prometteurs pour l’avenir de nos enfants. Toutefois, pour y parvenir, il faut au préalable aménager les surfaces et ensuite impliquer les opérateurs économiques en favorisant à fortiori les jeunes promoteurs et porteurs de projets d’investissement. Il faut signaler que pour des premières mesures, nous sommes en phase de création d’une mini zone industrielle située au niveau du site de Bouizène qui permettra, certainement, aux jeunes promoteurs d’investir et d’en promouvoir la création d’emplois et de richesses, d’une part, et, d’autre part, à l’extension et à la modernisation du marché de gros de fruits et légumes, ainsi que le marché de véhicules qui, dans un proche avenir, constituera un vrai pôle d’activités commerciales.

Et pour finir ?

J’appelle toutes les forces vives à accompagner la dynamique de construction engagée pour le développement de notre collectivité longtemps hypothéquée en sachant que l’intérêt général doit primer sur toutes autres considérations. Et je remercie au passage le journal de m’avoir donné cette opportunité de communiquer sur les affaires de la commune.

Entretien réalisé par Menad Chalal

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