Accueil Évènement «Le taux de chômage à Tizi-Ouzou est inférieur au national»

MUSTAPHA AOUISSI, directeur de l’emploi de la wilaya

«Le taux de chômage à Tizi-Ouzou est inférieur au national»

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Le directeur de l’emploi de Tizi-Ouzou, Mustapha Aouissi, revient dans cet entretien sur les efforts consentis pour l’insertion des chômeurs déclarés dans le marché de l’emploi et évoque d’autres questions en rapport avec son secteur.

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La Dépêche de Kabylie : Peut-on avoir un aperçu sur la situation de l’emploi dans la wilaya de Tizi-Ouzou ?

Mustapha Aouissi : Avant de parler de l’emploi dans la wilaya de Tizi-Ouzou, il est important de savoir que la population a atteint le nombre de 1 210 000 habitants, au 30 septembre dernier. En ce qui concerne la population active, c’est à dire les travailleurs déclarés au niveau des organes d’assurances CNAS et CASNOS, on a enregistré cette année 380 000 personnes. Ce chiffre représente les travailleurs assurés comme j’ai dit. Il se peut qu’il y ait d’autres qui ne sont pas déclarés et que nous n’avons pas comptabilisés. Concernant le chômage, toujours au mois de septembre dernier, on a enregistré 29 639 demandes d’emploi déposées au niveau de nos agences ANEM. Ce qui donne un taux de chômage équivalent à 7,23%.

Ce chiffre est nettement inférieur au taux national qui est de 11,11%. S’agissant de la création de l’emploi et les placements que nous avons effectués durant cette année, au niveau de l’ANEM et dans le cadre des contrats dits classiques, on a fait 11 374 placements, dont 2 257 sont des femmes. Dans le cadre du dispositif DAIP (Dispositif d’aide à l’insertion professionnelle), on a fait 526 placements. Pour le CTA (Contrat de travail aidé), que nous encourageons conformément aux nouvelles orientations, on a 1 796 placements. Il faut juste préciser, par apport à ce contrat, qu’il est indéterminé, avec une aide de l’Etat pour l’entreprise durant trois ans. L’employeur n’a pas le droit de licencier le travailleur. Depuis 2009, on a créé 21 646 postes. Pour récapituler, en comptabilisant les postes créés par l’ANEM dans les différents dispositifs et l’ANSEJ, on a 14 288 placements.

Il faut parler des emplois ANSEJ aussi, car quand nous créons un projet, on génère de l’emploi. A fin septembre, on a créé 124 projets qui ont généré 352 postes. Dans le cadre du dispositif CNAC, on a financé 24 projets qui ont généré 240 postes d’emplois. Donc, comme je l’ai expliqué, quand on additionne le tout, ça donne 14 288 postes d’emploi. Un chiffre très important tout de même. A ce jour, 13000 employés ont été permanisés.

En parlant de ces dispositifs, les entrepreneurs se plaignent de ne pas bénéficier des 20% des marchés publics comme décrété par le président de la République…

Par apport aux projets financés dans le cadre des dispositifs, je vous donnerai quelques chiffres qui traduisent clairement la situation et l’effort de l’Etat dans le cadre de l’offre publique dans la wilaya. Les 20% des marchés publics doivent aller vers les micro-entreprises créées dans le cadre de ces dispositifs. C’est une décision entérinée par un décret présidentiel. A Tizi-Ouzou, le nombre de marchés offerts par les ordonnateurs (les directeurs d’exécutifs, les maitres d’ouvrages) à cette catégorie est de 54 marchés, pour une valeur de 22 milliards de centimes. Ces chiffres concernent l’année en cours.

Si on remonte jusqu’au début, en 2013, le nombre de marchés attribués est de 393 marchés confiés, pour une valeur de 133 milliards de centimes. Actuellement, on est en train de sensibiliser les donneurs d’ordres dans le cadre de la commande publique pour encore favoriser cette catégorie. La difficulté rencontrée à ce niveau est la qualification. Il y a des projets qui requièrent une qualification 3 ou 4 pour obtenir le marché. Donc, on est en train de travailler avec les collègues pour que ces micro-entreprises aient au moins les petites opérations (clôtures, vitrage, peinture, etc.).

Il faut savoir que le gel de certains projets dans la wilaya a fait que l’offre publique a baissé, mais actuellement, avec le dégel de beaucoup de projets, ça s’est relancé. Au niveau de notre wilaya, on a créé pas mal de micro-entreprises. On est parmi les premiers à l’échelle nationale. Le cumul des micro-entreprises créées est de 20 015 qui ont généré 51 895 postes d’emplois. Dans le cadre du dispositif CNAC, on a 9 354 projets qui ont généré 19 013 emplois.

Beaucoup de ces entreprises rencontrent des problèmes. Quelles sont les solutions préconisées pour leur venir en aide ?

Beaucoup de ces entreprises ont réussi, mais d’autres sont en effet en difficulté. Ces entreprises-là on les accompagne. Le ministère a pris des décisions en leur faveur. On a allégé les charges, enlevé les pénalités de retards et on les accompagne avec des échéanciers. Pour celles qui sont complètement défaillantes, il y a un fonds de garantie qui les prend en charge. De toute façon, le fait de prendre l’initiative de créer une entreprise est bénéfique pour le jeune et l’expérience lui sera d’un grand apport à l’avenir.

Ces promoteurs demandent l’effacement des dettes…

On ne peut pas supprimer les dettes de ces promoteurs. Le ministre s’est exprimé récemment sur la question. On va en revanche les accompagner, au cas par cas. Je reviens sur la question de la commande publique, on a effectué une demande pour que nous soyons membres des commissions de marchés pour défendre ces 20% en tant que secteur.

Le problème du manque de main d’œuvre dans les cantines scolaires se pose toujours. Quelles sont les mesures prises pour le régler ?

Ce problème s’est posé pendant longtemps, mais cette année, le ministère des Collectivités locales, avec notre tutelle, ont consacré 45 000 postes à l’échelle nationale, dans le cadre des catégories de l’insertion professionnelle. Les concernés sont les diplômés de la formation professionnelle et les secondaires. La wilaya de Tizi-Ouzou a bénéficié du plus grand quota, 1 756 postes, pour les cantines et les écoles. On a pu réaliser un bon chiffre par apport à d’autres wilayas.

On a établi 1 300 contrats. On a réalisé le programme à 70% et l’opération se poursuit. On a reçu l’instruction de lever la contrainte de l’affiliation qui était exigée auparavant. Il faut signaler qu’il y a des localités où on n’a pas trouvé la main d’œuvre nécessaire. On a procédé au redéploiement selon les besoins. Cette année, ce problème sera éradiqué pour les cantines. De même pour les écoles qui manquent aussi de personnel d’entretien et de maintenance. L’offre est toujours valable, les intéressés n’ont qu’à se manifester.

Les communes aussi souffrent de manque de travailleurs, après qu’elles ont eu de nouvelles responsabilités, telles que la biométrie, le passeport…

Il est vrai que le transfert des services des daïras aux communes, telle que la biométrie, a engendré un problème de manque de personnel. On a encouragé le transfert des employés entre les deux institutions pour pallier à ce déficit. C’est systématique, une fois que le P/APC se manifeste, on fait le transfert automatiquement. Il n’y a plus de problème par apport à cette question.

Il y a des nouvelles recommandations préconisées par le ministère du Travail concernant la main d’œuvre étrangère. Peut-on avoir des détails ?

Oui, en effet, concernant la main d’œuvre étrangère recrutée par les entreprises nationales ou par les entreprises étrangères, on a préconisé qu’il y ait face à chaque étranger recruté cinq Algériens recrutés. On a aussi exigé la formation de la main d’œuvre nationale et sa mise au niveau de la main d’œuvre étrangère. L’objectif est d’arriver à former une main d’œuvre qualifiée pour subvenir aux besoins nationaux. On a aussi préconisé des solutions intermédiaires pour les travailleurs dans le cadre de l’insertion DAIP, notamment au niveau de l’administration : communes et éducation notamment.

Ils sont 2 850 à avoir travaillé, pour la majorité, de 5 à six ans. Ces derniers seront privilégiés quand il y aura une offre dans le secteur économique, en classique ou CTA. Ils seront redéployés. Le système sera mis en place d’ici la fin de l’année. Ils seront, en outre, priorisés dans l’offre dans la fonction publique, avec des points allant de 1 à 6 selon le nombre d’années (un point pour chaque année travaillée). Ils auront aussi l’avantage du barème de la fonction publique.

Entretien réalisé par Kamela Haddoum.

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