L’histoire émouvante de Nacer

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«Serait-il possible qu’un jour, une action de récolte de fonds, comme dans les pays occidentaux, voie le jour  pour lutter contre les maladies orphelines ?  Et pourtant … quelque part en Algérie, il doit exister des hommes et des femmes qui se battent tous les jours contre la maladie. », nous dit Nacer, un jeune handicapé de Taourirt Menguellet, dans la commune de Ain El Hammam, en guise de préambule à son récit de handicapé cloué depuis plusieurs années sur un fauteuil roulant. Ceci est le récit du jeune homme qui témoigne de sa force morale et de son courage face à la myopathie. Il a dû affronter, non seulement cette maladie mais aussi le regard de la société.  Face à l’amoindrissement progressif de ses forces physiques, il a lutté persévéré et réalisé son rêve de continuer ses études, contre vents et marées. « Tout a commencé en 1999, alors que j’étais heureux dans le cocon familial où je croquais la vie à pleines dents. Ma souffrance a commencé trois mois après mon entrée au collège. Pendant que mes camarades jouaient, s’amusaient et courraient avec toute l’énergie des adolescents, moi, les pieds lourds, je ne pouvais que les regarder. J’étais constamment fatigué. Mon père s’est affolé. Il m’a emmené chez le médecin qui a diagnostiqué une myopathie. Il me conseille des séances de rééducation pour améliorer mes mouvements. Je n’oublierai jamais le regard de mon père à ce moment là ( pauvre papa). Avec son soutien, je fis tout mon possible pour continuer mes études mais tout a changé après son décès (qu’il repose en paix). C’est là que la vraie souffrance a commencé.  J’ai continué à me battre seul avec l’aide de Dieu. Arrivé en première année de lycée, je ne pouvais plus marcher. Je ne pouvais assister à tous les cours mais j’arrive tout de même à être admis en deuxième AS. Je suis cloué sur un fauteuil roulant et mes muscles m’abandonnent peu à peu. Je décidai alors de me consacrer aux études par le biais des cours par correspondance. En 2007, j’obtiens mon bac. J’étais heureux. Les portes du succès et de la victoire s’ouvraient devant moi. La meilleure de toutes était de sortir de l’isolement et du silence pendant toutes ces années car je ne suis pas sorti pendant 2 ans évitant ce milieu qui marginalise l’handicapé et ceux qui croient que l’handicap c’est un défaut ou une malédiction.  Alors je suis rentré à l’université de Tizi Ouzou et j’ai choisi les « sciences juridiques et administratives ». Timide de nature, j’essaie tout de même de m’adapter. Au bout de la deuxième année, les problèmes de déplacement, les escaliers, ( je ne connais pas la bibliothèque, située aux étages supérieurs) me rattrapent. C’était l’enfer. Je préparai alors un autre bac avec succès, pour changer d’université. Je m’inscris alors, en « langue française » dans l’espoir d’y trouver de meilleures conditions de travail.  Je me rendis compte que là aussi il n’y avait de place que pour les valides. La mort dans l’âme, je rentre à la maison avec comme compagnons mes livres et mon fauteuil roulant et malgré tout, un peu d’espoir qu’un jour, avec l’aide de Dieu, ma vie changera. »

A.O.T.

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