Le capnode menace toujours les cerisaies

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Les cerisaies, jadis abondantes en haute Kabylie, se font de plus en plus rares, ces dernières années. Les plantations annuelles et les greffes de cerisiers n’arrivent pas à reconstituer les arbres morts, sous les attaques inexorables du capnode, le grand ennemi des arboriculteurs. Entre les carcasses inertes, quelques sujets encore debout tentent de repousser leur fin.

Ils sont chétifs et souffreteux, alors que leurs branches meurent une à une, caractéristique de la maladie, avant de céder entièrement. Ce sont des signes qui ne trompent pas : le mal est déjà profondément ancré dans le verger. Les couper en partie ne donnerait que l’illusion d’avoir «guéri» l’arbre que le capnode attaque à la racine. Difficile de l’en déloger une fois qu’il s’y est incrusté. Chaque année, le problème des maladies qui affectent les cerisaies revient dans les discussions des agriculteurs qui le soumettent à qui de droit, lors de réunions des associations de paysans. Ils constatent avec amertume que leurs arbres dépérissent petit à petit. Le capnode, cet insecte ravageur, semble méconnu de nombreux paysans de la région d’Aïn El Hammam qui ne prennent conscience du mal qu’une fois que leurs cerisiers commencent à mourir un par un. Alarmés, ils cherchent d’où vient le mal et éventuellement le soigner. C’est surtout en cette période de récolte qu’ils se rendent compte que certains sujets «manquent à l’appel», alors que d’autres présentent des branches mortes. Les plus avertis savent que le ravageur est là et qu’il continue son inexorable tâche. Ils sont désemparés à l’idée de perdre lentement mais sûrement ce qu’ils ont mis des années à cultiver. Ce coléoptère, responsable des dégâts enregistrés dans les fruitiers à pépins, est difficile à éradiquer. Inconnu dans la région, il y a une vingtaine d’année, il a envahi rapidement la plupart des champs, ces dernières années, causant d’immenses dégâts dans les fruitiers à pépins qu’il semble affectionner. «Plusieurs procédés sont suggérés sans qu’on sache lequel choisir», disent les anciens agriculteurs qui, lors des réunions, passent en revue les méthodes utilisées par chacun d’eux. «La dernière semaine du mois de mai est la plus indiquée pour un premier traitement chimique. Quant à la seconde opération, elle doit se dérouler durant la première semaine de juillet», disent les adeptes de pesticides. D’autres agriculteurs qui s’y sont intéressés de plus près, préconisent d’autres moyens pour en venir à bout. Le traitement naturel avec du fumier d’âne ou de cheval donnerait des résultats, selon eux. Il faut savoir également qu’en arrosant souvent les arbres, on repousserait ce coléoptère qui n’aime pas l’humidité. Le nettoyage de la base du tronc de l’arbre s’avère également nécessaire. Le ramassage de ces insectes, un par un, demeure le procédé le plus sûr. Cependant, il est difficile de ratisser les branches de nombreux cerisiers, à la recherche de ce petit insecte d’environ deux centimètres de long. Beaucoup de sujets passeraient alors entre «les mailles du filet». Face à cet ennemi, les paysans se retrouvent désarmés. Bien qu’au fait du problème, les responsables de l’agriculture n’ont initié aucune action de traitement systématique à même de limiter les nuisances de cet insecte. À ce rythme, la production de cerises ira en régressant dans les prochaines années.

A.O.T.

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