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Satisfaction…

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“Personne ne l’aurait cru. Je n’en reviens pas !”, nous déclare à chaud, avant-hier, un enseignant de tamazight accosté devant un centre d’examen à Tizi Ouzou. Effectivement, nous avons ressenti aussi bien chez les candidats que chez les enseignants de cette langue une grande émotion.

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Pour cette quatrième année de la réforme du système éducatif, ils étaient 12 800 candidats à l’échelle nationale à avoir composé dans cette langue.

Interrogé, un directeur de CEM dans la région de Draâ El Mizan où la langue de Massinissa a été introduite dans les établissements scolaires au lendemain des accords du 22 avril 1995, nous a appris contrairement à ceux qui disent qu’elle était facultative, qu’elle était obligatoire pour tous ceux qui l’ont étudiée dès la 1re AM.

De leur côté, les chefs de centres étaient satisfaits des efforts faits par la tutelle en regroupant dans des salles tous les candidats inscrits pour cette épreuve. Dans une virée au CEM Boubeghla à Tizi Ghennif, le chef de centre nous a informé qu’au niveau du centre, il y avait au total cinq salles désignées pour les candidats amazighofones, ceci est pour le côté organisationnel.

Un autre chef de centre remarque que si cette épreuve est prévue pour l’après-midi de ce mardi, ce n’était pas pour la négliger, mais c’était beaucoup plus pour faciliter l’organisation. Après la sonnerie de quatre heures trente, nous nous sommes rapprochés des candidats.

“C’est facile”, nous dira Lydia avant de laisser une autre fille exprimer ses sentiments : “Depuis ma première année au collège, je ne rêvais que de composer dans ma langue. Maintenant, mon souhait est de la poursuivre au lycée afin de la passer au Bac. J’ai déjà fixé mon avenir : enseignante en tamazight. Il faudrait se dévouer pour l’encourager”, nous dira à ce sujet Lila. Le sujet était à la portée des élèves. Nous avons remarqué que le sujet était imprimé dans trois transcriptions : arabe, latin et tifinagh. Un organisateur de cet examen nous a fait savoir que le choix des caractères était laissé à l’appréciation des professeurs.

D’ailleurs, les quatre manuels de la 1re AM jusqu’à la 4e AM sont conçus de la sorte. Sur ce point précis, un pionnier de cet enseignement était loin d’être convaincu de cette manière d’agir : “Il faudrait choisir l’utilisation d’un seul caractère. Je pense que le meilleur est celui qui convient au contexte actuel. Il ne faudrait pas aussi confiner la langue amazigh seulement dans son environnement géographique. Si on veut que cette langue réussisse, il lui faudrait des bases solides. Pour le moment, les caractères latins sont les plus adéquats car toutes les autres études sont faites dans ces caractères. C’est le moment de casser cet autre tabou”, lance-t-il avant de se demander : “On parle toujours du centre pédagogique pour l’aménagement linguistique de cette langue. Quand verra-t-il le jour ?”.

Certes, beaucoup reste à faire dans ces domaines, mais il ne faudrait pas oublier cette “avancée remarquable” qui n’est pas le fait du simple hasard, mais du combat sans relâche de plusieurs générations, de feu Mouloud Mammeri en passant par tous les autres acteurs jusqu’aux martyrs du Printemps noir. Avant de quitter le deuxième collège où nous nous sommes rendus, un professeur intervient pour conclure : “Tamazight est officiellement une épreuve dans l’examen du BEM. Elle attend toujours sa généralisation à l’échelle nationale. Aujourd’hui, le nombre de candidats ne représente même pas 1% du total. Alors que tous les moyens existent, il suffit seulement d’une volonté politique”. Espérons que l’année prochaine, le nombre de candidats doublera et, pourquoi pas, triplera.

Amar Ouramdane

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