Des Portugais à Takaâts

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L’établissement Ifersene-Algérie sis à Takaâts dans la commune de Seddouk a reçu les gérants de la société portugaise “First tranding LDA” venus conclure un contrat d’achat des produits dérivés du caroube dont le contrat commercial porte sur des quantités illimitées pour la graine et 20 t/mois pour la farine, avons-nous appris auprès du patron de l’établissement, Ifersene Salah. L’industriel seddoukois a démarré dans les affaires en 1996 en collectant des produits agricoles, notamment la caroube qu’il revendait en grosses quantités pour trois entreprises de transformation implantées au centre et à l’ouest du pays. Ce n’est qu’en 2001 qu’il a eu cette idée ingénieuse d’assurer lui-même la collecte et la transformation de la matière première. “Après avoir tâté le terrain pendant plusieurs années, j’ai décidé de créer une entreprise de transformation qui a démarré le mois de septembre 2002 avec des moyens dérisoires et archaïques tout en déposant un dossier auprès des services agricoles entrant dans le cadre de l’aide à l’investissement qu’accorde l’Etat aux exploitations agricoles pour l’acquisition d’une chaine complète de transformation qui m’a été accordée en 2003 et que j’ai réalisée la même année”,dira notre interlocuteur. Et il enchaîne : “Je regrette seulement que le matériel de transport qui m’est indispensable pour faire face à une concurrence qui fait rage dans la collecte et qui figure pourtant dans le cahier des charges, me soit refusé par la société Algérienne de leasing et mobilier, filiale de la CNMA”.Pour notre interlocuteur, la chaîne de production actuelle s’avère insuffisante pour répondre à la demande qui va crescendo en raison de la rareté du produit sur le marché international et qui existe en quantités importantes dans la région de la vallée de la Soummam. Pour cela, il envisage une extension par l’acquisition dans le futur d’une chaîne de production plus sophistiquée. “Je déposerai incessamment un dossier auprès de l’ANDI pour l’acquisition d’une nouvelle chaîne de production capable de produire jusqu’à 2,5 t/Heure au lieu de la chaîne actuelle qui est devenue obsolète avec une capacité de production de 3 t/Jour”, poursuit-il. De la visite effectuée à l’usine, nous avons constaté, en effet, des stocks de matière première importants. Des sacs en jute remplis de caroubes sont entassés jusqu’au plafond dans le local d’exploitation laissant à peine un passage pour les ouvriers malgré que la production de cette année soit médiocre par rapport a celle de l’année précédente. “L’année passée, nous n’avons pas où mettre la matière première dont la production, de mémoire d’homme, n’a jamais atteint une telle apogée. Cette année, les neiges récurrentes de l’hiver l’ont beaucoup affaiblie”, précise Ifersene. Allons-nous vers le retour aux sources où les populations de la région au temps de jadis ne vivaient que des produits agricoles transformés ou vendus en l’état tels que l’huile d’olive, la figue sèche, le cactus kabyle (akermous), la câpre et la caroube, que des docks agroalimentaires qui pullulent dans la région de Tazmalt jusqu’à Amizour en passant par Seddouk et Sidi Aich, se chargent d’exporter vers la Métropole. Mr Ifersene a retracé le premier sillon dans le domaine de l’exportation d’un produit du terroir, la caroube. Aux autres de faire de même pour les produits similaires qui ont été jadis la fierté de la région où l’huile d’olive exportée avant la guerre vers les Etats-Unis d’Amérique est considérée la meilleure parmi toutes celles produites dans le Bassin méditerranéen. Dans la région de Seddouk, le caroubier est un arbre fétiche, vénéré par nos aïeux qui l’adulaient comme on adule un sage en raison des vertus réputées de son fruit aux usages multiples reconnus. De sa transformation sont extraites une farine deshydratée appelée “carovite” utilisée comme ingrédient dans la fabrication des aliments du bétail et des graines qui sont broyées pour l’extraction du vernis et de la colle dans l’industrie chimique, des arômes dans l’industrie alimentaire, et de l’amidon dans l’industrie pharmaceutique. Dans l’une des pratiques ancestrales qui n’est plus d’actualité, nos aïeux, en vendant une parcelle de terre, si celle-ci renferme un caroubier, celui-ci n’est jamais inclus dans la vente et au jour d’aujourd’hui, plusieurs familles se retrouvent propriétaires dans l’indivision et par voie d’héritage de caroubiers se trouvent dans des parcelles appartenant à d’autres propriétaires.

L. Beddar

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