Les travailleurs solidaires de leur collègue suspendu

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En solidarité avec leur collègue «suspendu abusivement» et en grève de la faim depuis mercredi 28 mars, les travailleurs de l’ETR Béjaïa ont organisé hier devant le siège de la wilaya, un rassemblement à l’effet d’exiger, du directeur de l’entreprise, une décision d’annulation de la suspension de travail ainsi que le renoncement à toute poursuite à l’encontre de leur camarade. Selon la version des travailleurs, recueillie sur le lieu du rassemblement, l’ouvrier en grève de la faim, M. Abdelhak, actuellement en grève de la faim, a été suspendu pour avoir refusé de fournir un faux témoignage en faveur d’un responsable de l’entreprise à propos d’une altercation entre ce dernier et un ouvrier de l’entreprise. Selon la version des travailleurs, «M. Abdelhak, ouvrier soudeur à la carrière de Loubar-Boulimat dans la commune de Béjaïa, a été appelé par son chef hiérarchique pour remplacer un agent de sécurité en congé. Pendant qu’il assurait son service dans la loge de gardiennage, un agent de l’entreprise voulait voir le responsable pour une affaire qui le concerne. M. Abdelhak a, en tant qu’agent de sécurité dit à l’agent d’attendre dehors jusqu’à ce qu’il l’annonce au responsable. Seulement, ce responsable, au lieu de le recevoir dans son bureau, serait venu à lui et les deux hommes en sont arrivés aux mains». Et c’est là que les choses ont commencé à se gâter pour M. Abdelhak, puisque son responsable, soutiennent les travailleurs, lui a «demandé de témoigner que c’est l’agent visiteur qui a agressé le responsable dans son bureau, alors que la bagarre s’était déroulée en dehors». Et comme M. Abdelhak refusait de se plier, affirment les travailleurs, et de «fournir un faux témoignage en faveur du responsable», il a reçu une décision de suspension. Le 15 mars, il se mit en grève de la faim en s’allongeant dans le parc de l’entreprise. Il aurait tenté de se suicider en se jetant d’un mur couvert de tessons de bouteilles et de fils de barbelé. Devant cet état de fait, le directeur a fait un effort pour arranger les choses en demandant à M. Abdelhak de reprendre son travail. M. Abdelhak demanda, alors, une décision écrite de l’annulation de la suspension. Celle-ci ne vient pas. Avec les blessures qu’il s’est causé en se jetant du mur, il est allé voir un médecin qui lui a prescrit un congé de maladie de 10 jours.

A son retour du congé de maladie, il reçoit une nouvelle suspension de travail jusqu’à nouvel ordre, une suspension assortie de traduction devant la commission de discipline, alors que cette dernière, précisent les travailleurs, n’existe même pas dans l’entreprise. Et le 28 mars M. Abdelhak s’est mis en grève de la faim.

Le directeur, laissent entendre les travailleurs, pour ramener la calme dans l’entreprise, a annulé les sanctions. Mais la grève de la faim de M. Abdelhak continue et les travailleurs qui, en plus du rassemblement, sont en arrêt de travail depuis le premier avril. Ils veulent une décision écrite d’annulation de suspension ainsi que le renoncement, de la part du directeur, à toute forme de poursuite à l’encontre de M. Abdelhak. «Si nous le soutenons à ce point, c’est qu’on ne veut pas qu’il meurt dans l’entreprise, comme ce fut la cas pour son père, mort dans l’entreprise lors d’un accident de travail», souligne un travailleur, les larmes aux yeux, lors du rassemblement devant la wilaya Nous n’avons pas pu entrer en contact avec les dirigeants de l’entreprise pour avoir leur version des faits. Leur téléphone étant en dérangement.

B. Mouhoub

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