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Festival du tapis d'Ath Hichem : «Il n’y a ni visiteurs ni vente…»

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De l'avis d'un bon nombre d'exposants, le Festival n'a apparemment pas eu l'écho escompté auprès du large public.

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Peu d’engouement en effet avant-hier à la mi-journée, que ce soit autour des stands mis en place dans la cour de la Maison de la culture Mouloud Mammeri, dont deux d’ailleurs sont restés étrangement vides, ou encore dans les espaces aménagés dans l’enceinte de l’établissement. Il faut dire que la vague de chaleur qui s’abat sur la ville et le contexte des fêtes et des vacances n’encouragent pas trop les potentiels visiteurs à affluer en grand nombre.

C’est du moins la première impression qu’on puisse avoir. Or, chez les artisans, on évoque plein d’autres raisons pour expliquer le manque d’enthousiasme enregistré autour de cette fête pour laquelle le ministre de la Culture s’est pourtant fait un point d’honneur de se déplacer jusqu’à Tizi-Ouzou pour en présider l’ouverture. Mme Hamouda Nouara est artisane exposante d’Ath Hichem. Elle a pris place dans le grand hall d’entrée. «Pour être honnête, c’était bien meilleur l’an dernier.

Sur tous les plans. Mais comme pour tous les marchés, il y a des hauts et des bas». Elle parle ainsi pour dire la désillusion qu’elle subit. En trois jours, malgré la très bonne place qu’elle occupe, elle n’a vendu qu’un « petit sac ». «Je n’ai pas vu défiler grand monde. On dit que c’est à cause des vacances. Ou peut-être est-ce parce qu’on a changé de calendrier à l’évènement, car l’an dernier c’était en novembre et il y a eu quand même une certaine animation, enfin je ne sais pas…», a-t-elle tenté d’expliquer les raisons d’un tel état de fait. Mais elle refuse pour autant de parler de rendez-vous raté. «Ca aura au moins été une opportunité pour nous de nous revoir entre artisans et il y a eu le contact avec les médias. Je ne dirais pas qu’il n’y a pas eu de visiteurs non plus, mais c’étaient plus des curieux qui étaient juste de passage…».

Mme Lakrout est elle aussi artisane venue d’Ath Hichem. On l’a rencontrée au niveau du stand réservé au CFPA où elle est également enseignante. Elle est plus directe et dit sa frustration avec des mots crus : «Il n’y a ni visiteurs ni vente. L’espace réel et naturel de ce Festival est à Ath Hichem et pas ailleurs. Tout comme Ath Yenni est renommée pour sa Fête du bijou, Ath Hichem l’est pour son tapis. On n’a rien contre la Maison de la culture de Tizi-Ouzou, mais la place du Festival est à Ath Hichem. Là-bas, il y avait de tout, la localité était vraiment en fête et tout le monde partageait cela. Il y avait énormément de visiteurs et les artisanes écoulaient aussi leurs marchandises. Vous savez, quand quelqu’un vient, il ne repart pas sans un présent, car à Ath Hichem il vient spécialement pour cette fête. Ici, ce sont des passants qui, au mieux, visitent les stands histoire de voir et tuer le temps, sans plus.

C’est pour la deuxième année de suite que la Fête est délocalisée à Tizi-Ouzou et ce sont les mêmes regrets. On ne sent pas qu’il y a de la communication autour de la manifestation en dehors de la cérémonie officielle. On ne voit pas le souci de ceux qui devaient assurer la mission. Et pourtant, ce festival a bien une subvention. Résultat, on est là pour une semaine sans vendre le moindre produit. Des artisans contraints de faire l’aller et retour, au quotidien, par bus, entre Tizi-Ouzou et Ath Hichem. Celles et ceux qui veulent rester sur Tizi-Ouzou sont logés dans des établissements qui ne sont pas les mieux indiqués pour nous. Mais on n’a pas trop eu le choix, mis à part l’école hôtelière où on a refusé d’être logés au vu des commodités inexistantes. On n’a pas demandé le luxe, mais un minimum de respect pour les artisans. Franchement, vivement le retour à Ath Hichem et on essayera par tous les moyens de faire revenir la fête à Ath hichem».

En off, la contestation sur cette délocalisation du Festival d’Ath Hichem vers Tizi-Ouzou est plus vive. Artisanes et artisans parlent plus librement sous le coup de l’anonymat. On dit que «si la manifestation a été délocalisée à Tizi-Ouzou l’an dernier c’est par ce qu’il y a bel et bien conflit autour de ce Festival», révèle-t-on.

Djaffar C.

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