Réhabilitation des élus ou la bataille des légitimités

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Lors des visites de travail et d’inspection effectuées dernièrement par le wali de Tizi-Ouzou, M. Brahim Merad, dans les localités de Tizi-Ouzou, le rôle de l’élu, notamment celui du P/APC comme représentant directe de la population, a été soulevé à l’encontre de ce dernier. Lors des rencontres qu’improvise le premier responsable de la wilaya avec la société civile des daïras visitées, certains P/APC n’ont pas apprécié le fait que c’est le chef de daïra qui se place à côté du wali et non pas le P/APC de la municipalité dont cette rencontre ait eu lieu. Ces faits, en outre, ont été soulevés, à titre d’illustration, lors de la visite de M. Merad dernièrement à Ouacif et Ath Yenni. En effet, lors de la rencontre avec la société civile de ces deux daïras, improvisée à Ouacif, le P/APC de cette commune ainsi qu’un autre de la daïra d’Ath Yenni n’ont pas apprécié le fait que c’est le chef de daïra de Ouacif qui se place aux côtés du wali, et non pas le P/APC de cette municipalité qui en est l’émanation de la population. Car durant cette rencontre, les six P/APC des circonscriptions d’Ouacif et d’Ath Yenni, ont pris place avec l’assistance en face du wali, y compris le P/APC de Ouacif dont la municipalité abrite ce face-à-face, société civile et wali de Tizi-Ouzou. Et c’est le même constat que nous avions observé lors des visites du wali dans d’autres daïras. De ce fait, à l’entame des débats, le P/APC de Ouacif, appuyé par un autre d’Ath Yenni, ont interpellé le wali sur cette question, à savoir la place centrale de l’élu et du président de l’APC qui en est le détenteur du mandat populaire, et par conséquent, c’est à ce dernier d’être l’interlocuteur directe du premier magistrat de la wilaya. Bien évidemment, le wali de Tizi-Ouzou n’a pas apprécié cet imprévu et il a suggéré à ces deux P/APC de dépasser cette question et de se focaliser sur les problèmes de développement au niveau local. À son tour, le P/APC de Ouacif, lors de sa réplique à l’adresse du wali, a fait savoir qu’il ne cherche pas le siège ou la notoriété publique, mais bel et bien la réhabilitation des missions de l’élu de la population qui en est l’objectif de son interpellation. «En vous interpellant sur cette question, je ne cherche ni le siège ni au-delà. Il s’agit de la place du détenteur d’un mandat populaire de ces prérogatives dans l’accomplissement de ses missions et de son statut de véritable interlocuteur des autorités de wilaya», dira le P/APC de Ouacif à l’encontre de son hôte. Dans ce sillage, il est à rappeler que les projets inspectés par le wali dans la commune de Ouacif, lors de cette virée officielle, un grand retard dans l’achèvement de ces derniers a été constaté. Il s’agit, à titre d’illustration, du projet portant réalisation des 50 logements locatifs publics à la sortie Est du chef-lieu de cette municipalité. C’est un projet entamé en 2013 et seulement 30 logements ont les travaux démarrés à 25%. Tandis que pour les 20 logements restants, les travaux n’ont même pas encore débuté. Outre les problèmes d’expertises en relation avec les oppositions qui a nécessité le recours à la justice, qui, selon le P/APC de Ouacif, ont considérablement retardé l’achèvement des travaux dans ce projet, il est question également, d’après ce dernier, des interférences qui entravent le P/APC pour mener à terme ces projets. Allusion faite au chef de daïra. «Tout ce qu’ils vous ont dit à propos de la réalité des projets lancés à Ouacif, n’est pas vrai», dira le P/APC de Ouacif à l’intention du wali. Il s’agit là d’une situation parmi d’autres, dont les missions des P/APC et chefs de daïras peuvent se chevaucher. Des chevauchements dans les missions des uns et des autres qui entravent dans de larges proportions l’achèvement des projets, l’accomplissement des missions et le retardement de la dynamique de développement local. Par ailleurs, il est à noter également que la question ayant trait aux statuts de l’élu, ses missions et son champ d’intervention a fait couler beaucoup d’encre ces dernières années. Un combat a été mené durant ces vingt dernières années, que ce soit par les partis politiques ou par les élus au sein de leurs institutions afin que le rôle et les missions des mandataires de la population soient clairement définis. Car, il s’agit là d’une bataille des légitimités. C’est-à-dire, de leurs côtés, les walis et les chefs de daïras répliquent par le fait qu’ils ont été désignés par le président de la République et que ce dernier détient une légitimité émanant de la majorité populaire, et de cette légitimité du président de la République, les walis et les chefs de daïras se revendiquent comme détenteurs délégués de celle-ci, dans les litiges qui les opposant parfois aux élus des assemblées communales ou wilayales. Pour les P/APC, eux aussi sont détenteurs de la légitimité populaire dans leurs municipalités, et de surcroît, même le président de la République ne peut les déchoir de celle-ci.

Rachid B.

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