Une grande affluence

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Par son ampleur et l’engouement qu’il a suscité, le Salon de l’emploi, dans sa 6ème édition, est l’un des événements majeurs qui ont marqué la vie et le développement économiques, particulièrement dans la wilaya de Bouira.

Bien que revêtant un caractère régional, selon le directeur de l’emploi avec lequel nous avons eu un entretien à ce sujet quelques jours plus tôt, ce rendez-vous annuel, qui s’est tenu du 19 au 22 mai, a attiré dès son ouverture officielle, jeudi dernier, une grande foule de visiteurs. Une cinquantaine de stands occupés par les principaux partenaires du secteur de l’emploi, comme l’ANSEJ, la CNAC, l’ANGEM, l’ANEM, la DAS, la CNAS, la CASNOS, la CACOBATH, les banques (BADR et BDL), la formation professionnelle (DFP), Algérie télécom, l’environnement, le commerce, le tourisme, l’ANDI… etc. Du côté des entreprises montées suivant le mode de financement triangulaire impliquant l’État, les banques et le promoteur dans cet effort, une quarantaine, on aura noté une trentaine de stands, dont beaucoup redevant leur existence grâce à la CNAC et l’ANSEJ. Une «littérature» sous forme de guides et de dépliants, mise à la disposition des jeunes visiteurs, invite ces derniers à prendre connaissance de son contenu qui les intéresse au plus haut point, car c’est de leur avenir et de leurs problèmes qu’elle traite, en proposant différentes solutions : comment monter une micro entreprise, comment la gérer ensuite, comment s’assurer, comment s’acquitter de ses impôts ? Enfin, une multitude de produits est étalée, synonyme de réussite et de savoir-faire professionnelle. Parmi les nombreux exposants, nous nous sommes permis une pause plus longue devant une quinzaine d’entre eux. Citons «Med Métal» spécialisée dans le pliage et le découpage des métaux et qui emploie une dizaine de travailleurs, «Aimane Malkhlouf», une huilerie moderne qui emploie 09 personnes, «Djura plast» qui transforme la matière plastique et qui emploie 03 jeunes, l’entreprise «Lalam», une pâtisserie qui emploie quatre filles et l’optique médicale qui emploie 03 jeunes. Toutes ces entreprises ont été créées dans le cadre de la CNAC. Ajoutons encore ces deux boites de communication qui emploient entre trois et cinq personnes et montées elles aussi dans le cadre du dispositif CNAC. Dans le cadre de l’ANSEJ, on pourra remarquer au moins autant de micros entreprises. À titre d’exemple la pâtisserie «Lalam» qui emploie quelques filles, la ferronnerie d’art qui tourne avec 11 personnes et la micro-entreprise de la santé optique qui en emploie autant avec 5 emplois non permanents. Toutes prospèrent ? Evidemment non, car le contexte économique est difficile. Celui-ci a été particulièrement dur pour la bijouterie «Hafsa» qui bat de l’aile mais tente de lutter comme elle peut en attendant le retour des beaux jours.

L’inspection du travail et ses missions

D’ailleurs, il existe une solution pour les entreprises en difficulté. Et le salon est là pour quatre jours afin de répondre à l’attente d’une jeunesse en proie au doute et à l’ennui, que cause le désœuvrement et le chômage notamment. Interrogé sur le taux de chômage, le directeur de l’emploi que nous avons rencontré il y a une semaine à son bureau, l’a estimé à 8,32%. Le wali y a vu les efforts payants entrepris autant à l’échelle nationale, où le phénomène et en net recul, qu’à l’échelle de la wilaya devenu un carrefour d’échanges commerciaux entre les autres wilayas. Même s’il estime qu’il est difficile de quantifier ce genre de choses, étant donné le caractère peu fiable des statistiques dressées à cet effet, il remarque que le secteur de l’économie est en pleine expansion grâce, notamment, aux efforts consentis dans le domaine de l’investissement. Or, la wilaya avec ses nombreuses zones d’activités et sa zone industrielle qui a connu une grande extension, sans compter le projet d’un pôle industriel à Dirah, à l’extrême sud de la wilaya, est en passe de prendre sérieusement en main son destin industriel. (Nous reviendrons prochainement avec plus de détails sur les différents dispositifs ainsi que sur les entreprises sortant du lot.)

Que savons-nous de l’inspection du travail et des attributions qui lui sont accordées dans le cadre de la défense des droits des travailleurs ? À moins d’avoir été soi-même employé et d’avoir été victime dans l’exercice de ses fonctions, sans doute peu de chose. Le peu d’intérêt soulevé par le stand occupé par l’inspection du travail de Bouira au Salon de l’emploi, qui s’est tenu du 19 au 22 mai à la Maison de la culture, est édifiant à ce sujet. Afin de corriger ce que cette attitude a pu avoir de dédaigneux, ou d’indifférent, nous avons recueilli de florilège d’informations. En tant qu’organisme de l’État chargé du respect des droits des travailleurs, garantis par la loi, l’inspection du travail effectue régulièrement des visites auprès des administrations et des entreprises publiques ou privées en vue de s’assurer que tout marche selon «les dispositions judiciaires et réglementaires» en vigueur, relatives «aux conditions de travail, d’hygiène et de sécurité». La seconde mission, d’après le dépliant élaboré par l’inspection générale, est de sensibiliser les travailleurs sur «leurs droits et obligations» et les moyens légaux pour les faire reconnaître. Il en existe d’autres qui vont toutes dans le même sens. À cet égard, les inspecteurs qui sont chargés d’accomplir ces missions, au nombre d’une dizaine environ, peuvent établir des «observations écrites, (des) mises en demeures, (des) procès-verbaux de réconciliation» et/ou de non réconciliation à la suite d’un différend opposant employés et employeur. Ces missions interviennent dans le cadre de la loi 90-03 du 6 février 1990, selon le même document. Au plan organisationnel, ce service public se structure de la façon suivante : au sommet, on retrouve l’inspection générale qui veille à l’accomplissement de ces tâches en fournissant les moyens nécessaires à leur exécution. À un niveau plus bas activent les 08 inspections régionales (Alger, Oran, Béchar, Ouargla, Constantine, Annaba, Batna et Tiaret). Elles coiffent plusieurs wilayas et leurs tâchent consistent à «animer, coordonner, évaluer, gérer et contrôler les activités des inspections de wilaya». Viennent ensuite les inspections de wilaya, dont nous avons vu les différentes attributions. Les 27 bureaux d’inspection du travail (BIT) exercent leur compétence au niveau d’«une zone industrielle ou d’une circonscription administrative» et relève de l’autorité de l’inspection de travail. Cette organisation est fixée par le décret exécutif n°05-05 du 6 février 2005. Un autre document également exposé donne un aperçu exhaustif sur la négociation collective entre employé et employeur, sur la finalité d’une telle démarche, sur les obligations légales, sur les domaines concernés, sur la fameuse loi 90 11 de l’année 90, relative au travail, ainsi que la loi 90-04 relative au règlement des conflits. Le même texte ne laisse rien ignorer sur les risques de travail et la médecine qui les prend en charge. Enfin, et pour ne citer que ceux-là car il y en a d’autres également exposés à cette occasion, le guide imprimé à cet effet se décline comme une source d’information «sur les modalités d’une grève et les procédures sur sa réalisation». De l’approbation de la grève par le groupe de grévistes, à la résolution de la grève en passant par le préavis de grève, le droit de grève, l’entrave à la liberté de travail, le service minimum, la réquisition, l’interdiction au recours à la grève, tout y est succinctement et clairement exposé. Comme tout est relaté avec précision est clarté au sujet de la commission nationale d’arbitrage, son organisation, son fonctionnement, les sentences arbitrales et les références aux lois qui fixent ces textes en vigueur. Sur le plan pratique, des chiffres illustrent ces multiples missions. En effet, durant l’année 2015, l’inspection de travail de Bouira a établi, lors de contrôle d’installation des travailleurs, 105 PV où 355 travailleurs étaient concernés. À propos de l’affiliation sociale, les inspecteurs ont 240 PV, de contravention où 528 travailleurs étaient concernés. Sur les conditions de travail, les mêmes contrôles effectués par les mêmes inspecteurs ont donné lieu à 660 PV. Le nombre de travailleurs concernés étaient de 4 737. Le respect du salaire conformément au SMIG a permis à leurs auteurs d’établir 36 PV où 36 travailleurs étaient concernés. Le contrôle effectué auprès d’entreprises employant de la main d’œuvre étrangère a permis à ces inspecteurs de dresser 34 PV concernant 29 travailleurs. Si l’on se réfère à la même source, on se rend compte que l’inspection du travail de Bouira a effectué au total, au titre de la même année, 4 881 visites ayant touché 36 317 travailleurs. Ce sont les services (commerce et transport public) qui se sont taillés la grosse part dans ces statistiques avec 3 400 visites ayant ciblé 15 500 travailleurs. Le secteur public du bâtiment a eu droit à 745 visiteurs ayant ciblé 11 542 travailleurs contre 659 visites et 6 976 travailleurs dans le secteur de l’industrie. Celui de l’agriculture a reçu 77 visiteurs ayant touché 2 299 travailleurs. Tous ces chiffres montrent que l’inspection du travail de la wilaya joue pleinement son rôle à travers les nombreuses missions qui lui sont dévolues dans le cadre de la loi 90-03 du 6 février 1990, et ce, si l’on considère le nombre de procès-verbaux établis pour toutes sortes de raisons. On peut conclure qu’en dépit des nombreuses dispositions qui existent, le rapport employé/employeur n’est jamais en faveur du travailleur, d’où les nombreux dossiers qui aboutissent devant les prud’hommes. Le seul reproche que l’on pourrait adresser à la dite inspection est de n’avoir pas divulgué ces dossiers ainsi que les entreprises étatiques et privées qui bafouent les droits des travailleurs.

Aziz Bey

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