L’intégration pédagogique des handicapés en débat

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L’université Akli Mohand Oulhadj abrite depuis hier un colloque national sur l’intégration académique des personnes aux besoins spécifiques. Selon les organisateurs, les chercheurs conviés à cette rencontre scientifique vont tenter de trouver les mécanismes scientifiques et pratiques pour faciliter l’intégration des handicapés dans le milieu éducatif. Les participants au colloque qui s’étale sur deux jours (19 et 20 mars) vont aussi faire un état des lieux de l’intégration de cette catégorie de la société dans notre pays et traiter du cadre législatif, de son évolution au fil des années, des stratégies d’intégration suivies en Algérie et des expériences adoptées par les autres pays dans l’intégration des handicapés dans les écoles. Dans son exposé, le docteur Mezhoura Amarouche de l’université de Bouira est revenue sur l’expérience de l’Algérie dans le cadre de l’accompagnement psycho-éducatif et de l’intégration scolaire des personnes aux besoins spécifiques à travers plusieurs époques, en mettant particulièrement l’accent sur l’aspect juridique. Dr Amarouche a évoqué d’abord l’époque coloniale au cours de laquelle, dira-t-elle, il n’existait que des écoles pour sourds et des jeunes mal voyants. Selon elle, à cette époque, ceux qui souffraient des déficiences mentales n’avaient pas la possibilité de bénéficier d’une scolarisation adaptée et cette catégorie était intégrée dans les écoles de proximité, quand le degré de leur handicap le permettait. Selon la conférencière, à l’indépendance, la plupart des enseignants spécialisés avaient rejoint l’étranger et il fallait procéder en urgence à la formation d’enseignants spécialisés pour assurer la scolarisation des malvoyants et malentendants et l’élargir aux handicapés physiques et à ceux qui présentaient des déficiences mentales. Mais faute de temps, a expliqué l’universitaire, il était impossible de répondre aux besoins de tous les élèves au niveau national. D’où le recours des pouvoirs publics à l’envoi d’un fort pourcentage d’élèves à l’étranger et en particulier en France, avec des moyens en devises très lourds. Sur le plan de l’organisation du secteur, le docteur Amarouche a indiqué qu’en 1976, l’Algérie a pu passer d’une direction de l’action sociale rattachée au ministère de la Santé à un secrétariat d’état chargé des affaires sociales dirigé par la ministre déléguée Zhor Ounissi. «À l’époque, nous avons dû procéder, une autre fois, en urgence à la formation des enseignants spécialisés et des éducateurs pour les personnes souffrant des déficiences mentales, les handicapés moteurs et des personnes âgées. Nous avons dû insérer tous les enfants, les adolescents et les adultes qui étaient à l’étranger et qui étaient coupés du milieu familial et qui ne parlaient que le français. Nous avons eu de grosses difficultés à assurer l’accompagnement psycho-éducatif en milieu scolaire spécialisé. Nous avons dû réduire le nombre d’élèves à huit par groupe pour pouvoir assurer un suivi individualisé», a soutenu l’universitaire. Cette dernière a également évoqué l’expérience de l’Algérie, laquelle s’était, selon elle, dotée par la suite d’un ministère propre aux personnes aux besoins spécifiques, celui de la Solidarité Nationale. Revenant sur l’intégration des handicapés dans le milieu scolaire, Dr Amarouche a reconnu que l’Algérie n’a réussi une véritable intégration en milieu scolaire qu’au début des années 2000. «Au départ, l’intégration était plus individualisée que collective. Elle a commencé à Alger pour s’étendre à Oran, Constantine, Béjaïa, Tizi-Ouzou, Ouargla et Tlemcen. En vérité, bien qu’il ait une avancée réelle dans le domaine juridique, mais l’application faisait défaut au niveau des 48 wilayas. Nous avons un effectif très réduit d’enfants intégrés dans le milieu scolaire à titre individuel. Et nous avons moins de classes intégrées en milieu scolaire ordinaire au niveau des wilayas. Bouira est parmi les wilayas qui accusent des insuffisances dans ce domaine», a expliqué l’universitaire. Dr Amarouche a clos son intervention en soulignant une avancée notable sur le plan de l’intégration des handicapés dans notre pays. Pour sa part, Sihem Belkarmi de l’université de M’Sila a abordé le concept de l’intégration en soutenant le fait que «toute personne handicapée doit vivre en toute sécurité où qu’elle soit et sentir son existence, sa valeur, ses ambitions, son appartenance à sa famille et à sa société et à avoir un certain degré d’harmonie et d’intégration personnelle et sociale». L’universitaire a aussi révélé que selon l’ONU, cette catégorie de personnes représente près de 10% de la population mondiale, soit 650 millions d’individus.

Djamel Moulla

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