Graves accusations des enseignants contre l’administration

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La Faculté des Sciences Biologiques et des Sciences Agronomiques de l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou est, le moins qu’on puisse dire, sous pression. De graves accusations sont portées par des enseignants contre l’administration.

«Les enseignants de la Faculté des Sciences Biologiques et des Sciences Agronomiques, sont indignés, sidérés et froissés d’avoir découvert des faits rarissimes, jamais enregistrés dans les annales de l’université Mouloud Mammeri, et encore moins dans cette Faculté, qui est plutôt citée comme exemple en matière de pédagogie». C’est avec ces mots qu’un collectif d’enseignants de la faculté Agro-Bio de l’UMMTO a tenu à exprimer son indignation par apport à «des dépassements graves» qui auraient été commis par les responsables de cette faculté. Les enseignants parlent de «La réouverture d’une session supplémentaire spéciale d’examens sur ordre unilatéral de l’administration de la Faculté, afin d’éponger les dettes des unités d’enseignement fondamentales, pour une catégorie d’étudiants bien «privilégiée», au nombre de 23, alors que l’année pédagogique 2016 – 2017 a été officiellement clôturée après la délibération annuelle, en date du 27/09/2017, où lesdits étudiants étaient bien déclarés ajournés». Plus dans le détail, ils dénoncent «l’organisation d’examens fictifs sous forme de rapports (exposés non exposés) sans faire participer les responsables des équipes modulaires en question, l’ouverture et la modification des PV des délibérations la veille des vacances, à l’insu des jurys de délibération, l’orientation desdits étudiants sans les commissions d’orientation des différentes formations, la délivrance de 23 diplômes pour les étudiants en question. Tout ce processus d’évaluation, qui a été réalisé en violation de la réglementation». Le collectif va encore loin dans ses accusations et dénonce un «disfonctionnement et manipulation illégale des PV des délibérations et des orientations, admission d’un multi-répétitif ajourné pour l’année 2016 – 2017, cafouillage et falsification des listes des orientations des étudiants en master, falsification des PV des délibérations, représailles et intimidations». Notons que, ces accusations, portées dans une déclaration qui nous a été remise par le collectif lui-même, ont été proférées publiquement à l’encontre des dirigeants de cette faculté, à travers des affichages à la faculté. Le collectif a, en outre, exprimé son inquiétude et s’est posé plusieurs questions par apport à cette situation et «quel sort réservé au reste des étudiants en dettes, ajournés en L1, L2, L3, M1 et M2 et qui sont dans la même situation que ceux, à qui les dettes ont été épongées?». Et d’ajouter : «Que deviennent les prérogatives et dignité des équipes pédagogiques ? Que deviennent la crédibilité et la mission des jurys de délibération ? Que valent ces diplômes et où est l’honneur de l’enseignant ? Que faire, désormais, des arrêtés 711/712/713/714 et autres ?». Les enseignants exigent une commission d’enquête pour tirer au clair toutes ces questions.

Les explications du doyen

Du coté de l’administration, le doyen de la faculté d’Agro-Bio, Pr Kellouche Abdellah, que nous avons rencontré, a rejeté en bloc les accusations, et a parlé de manipulation de la part des anciens dirigeants. Il accuse certains enseignants d’être «des partisans de l’échec des étudiants». Le doyen soutient que toute cette situation a été provoquée. «La contestation a démarré à un moment assez particulier, au début du mois de Janvier, quand j’ai pris la décision de ne pas renouveler le mandat d’un chef de département. C’était ça le point de départ. J’ai désigné une autre personne. Les collègues de ce chef de département étaient mécontents. Les assemblées ont commencé. Ils ont essayé de décorer leur protesta par des revendications, de chercher des poux sur la tête d’un chauve. Pour tuer son chien on l’accuse de rage», dit-il. Concernant la première accusation, celle d’avoir organisé un examen de rattrapage pour certains étudiants en situation d’échec, «dans notre faculté, en particulier dans certains enseignements où on totalise un record en taux d’échec, dira le responsable, visiblement au courant des accusations, nous avons des étudiants qui arrivent en L3 entrainant des dettes de première et deuxième année. Ca a toujours été un souci pour les gestionnaires passés à la tête de cette faculté. Chaque équipe essaye de trouver des solutions en organisant des examens de rattrapage, en organisant également un tutorat et ces examens sont laissés à l’appréciation des équipes pédagogiques. C’est un problème récurant», expliquera-t-il. Et d’enchainer que «cette année, nous avons eu la situation suivante : plusieurs centaines d’étudiants sont concernés par ce système de dettes. Un affichage a été fait pour les étudiants concernés. Ils sont une centaine mais, il n’y a eu que 33 qui ont répondu à cet appel d’inscription, et 23 ont eu l’année». Le doyen a regretté que certains «responsables de modules, qui enregistrent un record en taux d’échec, maintiennent leur position sur l’inutilité d’organiser ces examens, dont, selon eux, les résultats sont connus d’avance». C’est ainsi, que le responsable justifiera le fait que la faculté n’a pas associé ces enseignants, qu’il a qualifié de «partisans de l’échec». Il précisera qu’«on a appelé d’autres enseignants pour organiser des examens de tutorat et la liberté a été laissée aux équipes pédagogiques de choisir la forme par laquelle ils seront interrogés. On a donné des exposés. Ils les ont préparés et ont été notés. Du coup, on nous accuse d’avoir privilégié certains étudiants, car par hasard, il ya un étudiant du comité des étudiants qui fait parti de cette liste des 23». Le doyen, a en outre fustigé la gestion de ses prédécesseurs : «A leur époque, il y avait une situation conflictuelle permanente avec les étudiants». Pour ce qui est du problème de changement des notes sur les PV, il expliquera «la réglementation qui prévaut chez nous, est qu’un étudiant ayant acquis un résultat dans le système LMD, a la possibilité de maintenir la note même si elle est inferieur à 10, ensuite, s’il ne l’améliore pas au rattrapage, on revient à la note déjà acquise. Certaines équipes refusent ce principe. Pour eux, l’étudiant qui fait un rattrapage gardera la note obtenue, même si celle-ci est inférieure à la précédente». Le doyen dénonce la manipulation : «On est allés faire croire à l’opinion que nous avons organisé des examens hors session, alors que dans l’état actuel des choses, avec les perturbations que l’université de Tizi-Ouzou a, de façon générale l’habitude de subir, on n’a pas la maitrise de la notion du temps. Les examens de rattrapage, qui doivent se faire au mois de Juin, se font en Septembre. Le retard s’accumule, c’est pour cela qu’on a organisé les examens de rattrapage en Octobre. Ils essayent d’exploiter cette situation pour dire que nous avons organisé des examens hors session. A leur époque, ils ne faisaient pas mieux ». Et d’ajouter «On nous reproche de ne pas maintenir certaines équipes pédagogiques, qui avaient le monopole des enseignements dans certaines matières. Cette année, nous avons cinq matières différentes. Il doit y avoir nécessairement cinq équipes pédagogiques différentes. Certains enseignants sont partisans de l’échec chez les étudiants. Ils utilisent ce critère comme un critère de compétence. Ils ont du mal à remettre en cause leur façon d’enseigner.». A propos de la commission d’enquête, le doyen de la faculté Agro-Bio se dit «favorable pour une commission d’enquête, qui n’aura pas seulement à enquêter sur cette affaire, mais sur tout ce qui se faisait à leur époque.» Le responsable affirme que leur démarche est réglementaire et qu’elle a été approuvée par le vice-recteur.

Kamela Haddoum.

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