Des experts plaident pour l’accompagnement de la filière

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L’industrie pharmaceutique en Algérie était au cœur des débats, à l’occasion de la première journée qui lui a été consacrée, hier, à l’université Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou.

Le directeur général du laboratoire national de contrôle des produits pharmaceutiques (LNCPP), Pr Gharbi, rencontré en marge de cette journée, a mis en exergue le rôle qu’a joué le LNCPP dans le développement de l’industrie pharmaceutique. À ce propos, il précisera que cet organisme, créé en 1995, a été l’accompagnateur de tous les investisseurs dans cette filiale par la formation des techniciens, la mise en place des usines et l’accompagnement de tous les producteurs. Sur la réalité de cette industrie, le professeur a dressé un état des lieux reluisant attestant que «20 ans en arrière, il n’y avait que Saidal, la plus ancienne société dans ce domaine. Après la création du laboratoire, l’Etat a encouragé le développement de l’industrie pharmaceutique, la production du médicament afin de réduire la facture d’importation et avoir une certaine autonomie. Actuellement, on est à 140 unités de production et cela continue dans le développement et l’amélioration pour être au même niveau à l’international». Malgré ce nombre important de producteurs, l’Algérie n’arrive pas à l’autosuffisance en matière de médicament. «On arrive à satisfaire le marché national mais pas à 100%, il y a toujours des contraintes. On a réussi à réduire la facture d’importation et les besoins nationaux ne sont satisfaits qu’à hauteur d’un peu plus de 50%, mais on continue à se développer pour pouvoir atteindre un taux normatif», informera-t-il. Au sujet des produits anticancéreux qui enregistrent toujours un manque, le responsable notera que, désormais, «des unités se sont lancées dans la production, à travers le territoire national. Elles ont commencé par certains produits, et développeront leurs gammes par la suite». Pour régler ce problème épineux, qui accable les malades, l’Etat a adopté «une stratégie qui est dans le Plan cancer. Ces produits coutent excessivement chers mais avec ce plan, l’Etat a mis en place une stratégie pour y faire face et pallier ces pénuries». À propos des produits génériques qui inondent le marché pharmaceutique, il notera que ces produits sont «la photo conforme du produit princeps». Il a précisé qu’avant, «les grands laboratoires avaient le monopole et ont bloqué en quelques sorte les génériques. Maintenant, ça se développe. Même dans les pays développés, le générique est favorisé. En Algérie, l’Etat favorise le générique pour réduire la facture, et il a la même qualité que le princeps». M. Boudendouna, expert au niveau du ministère de la Santé, maitre-assistant à l’université d’Alger, quant à lui, a considéré que la production pharmaceutique en Algérie est en plein essor. Il a plaidé pour l’accompagnement de cette dynamique industrielle et économique par la formation de qualité, orientée et ciblée par des universités des centres de recherche en pharmacie. Aussi, investir dans la formation des futurs pharmaciens qui travailleront dans ce secteur afin de mieux s’intégrer. Pr Denine, de l’université d’Alger aussi, a souligné que «l’industrie pharmaceutique est un domaine très vaste, considéré à juste titre dans le monde comme la troisième entreprise mondiale après l’aviation et l’armement». Au niveau national, il a signalé «des progrès ». Il a toutefois souligné qu’à ce rythme, l’Algérie «ira un jour vers la surproduction. C’est un risque, mais cela créera beaucoup d’emplois. On a aussi une disponibilité des produits aux prix beaucoup moins chers. On a pris du retard mais on est arrivé à un stade très intéressant actuellement», précisera-t-il.

Kamela Haddoum

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