«L’avenir de l’athlétisme à Béjaïa est incertain»

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Le DTS de l’AMC Béjaïa, Abdelkrim Adouane, dont le club a décroché la deuxième place au dernier classement national diffusé par la fédération, revient dans cet entretien sur l’actualité de son club et l’avenir de l’athlétisme au niveau local.

La Dépêche de Kabylie : Quel est votre sentiment après cette honorable deuxième place pour la deuxième année consécutive ?

A. Adouane : Le classement de cette année était prévisible vu les résultats décrochés tout au long de la saison, où nous avons beaucoup travaillé et fourni des efforts colossaux. On mérite pleinement cette seconde place grâce à nos résultats obtenus lors des différentes compétitions nationales, notamment chez les jeunes (Benjamins et minimes) où on a récolté 7 médailles, 11 médailles chez les cadets-juniors et 5 médailles à l’open.

Vous attendiez-vous réellement à réaliser ces résultats ?

C’était prévisible malgré qu’on a perdu certains athlètes pour des raisons diverses, à l’image de Rili Billel (épreuves combinées), qui s’est blessé, ainsi que Kenzi. On aurait pu faire mieux si ce n’était la déperdition d’athlètes pour cause de prise en charge ou de manque de disponibilité pour certains de nos athlètes étudiants. Mais honnêtement, je suis satisfait de ces résultats malgré le manque flagrant de moyens, car c’est l’amour de la discipline qui nous tient à fournir plus d’efforts pour sauver l’image de marque de l’association.

Qu’en est-il des conditions de travail ?

Les conditions de travail au niveau de la commune de Béjaïa sont dérisoires. Au niveau de toute la wilaya, il n’y a qu’un seul stade d’athlétisme qui est à 40 km de Béjaïa ville, et ce sont les gens du Sahel qui en profitent et bénéficient de cette infrastructure comparativement aux clubs de la vallée de la Soummam. Au niveau de la commune de Béjaïa, nous avons une seule piste et on cohabite avec le football, ce qui pousse les clubs à ne pas l’exploiter à 100%. Car en plus des clubs de football, on programme aussi des matchs de vétérans et du sport et travail. Une seule piste pour sept clubs d’athlétisme reste insignifiante et le problème ne se limite pas à la piste seulement, car pour les épreuves de saut, les tapis de chute sont carrément inexistants. Par le passé, nous avons de très bons perchistes alors qu’actuellement, il n’y a plus de spécialistes de la perche à Béjaïa. Pour les lancers, on se déplace jusqu’à El Maghra ou à Acherchour pour faire une séance de lancer et c’est quasiment impossible pour un élève qui sort à 17H30 de faire une telle séance.

Comment voyez-vous l’avenir de l’athlétisme à Béjaïa ?

L’avenir de l’athlétisme à Béjaïa est incertain à cause de l’indifférence totale des responsables du sport au niveau de la wilaya. En dehors de l’APC de Béjaïa, que je remercie au passage et qui nous a beaucoup aidés, l’athlétisme mourra à petits feux et il n’y aura plus d’athlétisme en particulier et du sport en général.

Vous avez sûrement un appel à lancer aux autorités locales…

Je profite de cette occasion pour lancer un appel à toutes les autorités, APC, APW, DJS, wilaya, députés et sénateurs pour se pencher sérieusement sur le problème d’infrastructures au niveau de notre wilaya. Nous avons besoin d’une structure d’accueil spécialisée et non une cohabitation avec le football qui nous gêne dans l’évolution de la discipline. Il nous faut un stade spécial athlétisme avec un regroupement de toutes les épreuves et non une piste sans commodités à l’intérieur. L’athlétisme moderne n’est pas de courir dehors ou dans une forêt comme le pensent certains responsables, mais plutôt autre chose. Il suffit de regarder les jeux olympiques et les meetings pour avoir une idée sur l’athlétisme moderne, car c’est tout un océan qui sépare l’athlétisme européen du nôtre.

Entretien réalisé par Z. H.

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