“Le taux en Kabyie a toujours été faible”

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Devant un parterre de journalistes, nationaux et étrangers, Zerhouni a tenu à souligner, d’emblée, que le taux de participation est “appréciable”. Ce dernier reflète clairement, selon lui, la volonté du peuple algérien de mettre fin à la crise qui a prévalu dans notre pays. La “forte” participation renseigne également selon l’orateur, sur “le retour de la confiance envers les institutions de l’Etat et sur le soutien populaire à la méthodologie du président de la République”. Ce rendez- vous “décisif” constitue “une pertinente leçon, qui consolidé la démocratie dans notre pays”, dira Zerhouni avant de dresser le bilan chiffré relatif au référendum. Selon lui, une panoplie de lois va être promulguée dans les jours à venir, des lois qui détermineront l’application de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. L’aspect de la périodicité sera pris en charge, précise Zerhouni en ajoutant implicitement que la charte sera limitée dans le temps. “Une participation record : 79.76%”Sur le nombre global d’inscrits, de l’ordre de 18 313 594, 14 606 798 se sont exprimés avant-hier lors du référendum, soit un taux national de participation de 79,76%. En excluant ce qui a été enregistré au niveau de la population issue de l’immigration (35,91%), celui réalisé à l’échelle nationale est de 82,04%. Une moyenne générale de 97,36% a voté en faveur du projet du Président. Les bulletins portant l’inscription “non” recensés lors du suffrage sont estimés à 2,64%. Le reste représente le taux de bulletins nuls. Selon l’animateur de la conférence de presse, les grandes villes ont connu une nette régression en termes de participation par rapport aux précédentes échéances électorales. Pour ne citer que le cas d’Alger, sur un nombre d’inscrits de 1 675 047, 1 179 850 se sont exprimés, soit 71,87% avec 94,73% de “Oui” et 5,27% de “Non”. “Ce taux est trop bas, mais il demeure important et exceptionnel” a commenté l’orateur. Constantine a également enregistré un recul. Le taux de participation dans cette wilaya de l’antique Cirta est estimé à 74,10 %. Yazid Zerhouni, en lisant les chiffres, a avancé que les wilayas les plus touchées par le terrorisme sont les plus promptes à s’exprimer et à répondre à l’appel du chef de l’Etat. Khenchela se positionne en tête de liste avec un taux de participation de 98,49%, dont 99,95% ont voté pour la charte et seulement 0.05% contre, suivie de Tébessa (97,78%) et de Relizane (97,39 %). Le pourcentage des votants à Médéa et à Jijel, deux régions fortement ébranlées lors des années noires, est, respectivement, de l’ordre de 90,28% et 91,01%. Les taux les plus bas sont enregistrés dans les deux régions de la Kabylie. Tizi Ouzou et Béjaïa ont marqué respectivement, 11,51% et 11,53 % des suffrages recensés. Les “Oui” plus que les “Non”. Si on se réfère aux chiffres officiels, dans la wilaya de Tizi Ouzou, pour ne citer que celle-ci, il y a eu 87,87% qui ont voté en faveur de la charte et 12,13% par le “Non”. Dans la région de Bouira, le taux de participation a atteint les 71,82%. Pour ce qui est du nombre de personnes qui se sont abstenues lors de ce vote, il est estimé à 3 706 796, soit un taux de 20,24 %.

Participation en Kabylie : les explications de Zerhouni Interpellé par des journalistes sur la faible participation de la population de la Kabylie notamment de Tizi Ouzou et de Béjaia, Yazid Zerhouni a explicitement indiqué que “ces données sont difficilement explicables. Historiquement, le taux de participation de cette région était toujours faible”. Toujours sur le même ton, l’orateur ajoute “que seul un spécialiste en psychologie peut expliquer ce fait”. Veut-il dire un sociologue au lieu de psychologue ? Un lapsus révélateur à plus d’un titre. Sans pour autant les citer, le premier responsable des collectivités locales impute ce résultat à “ceux qui n’ont pas admis de partir de leur localité”, allusion faite aux élus du parti de Ait Ahmed. Zerhouni est allé plus loin en disant que ces derniers “ont agi par vengeance”. Selon l’orateur, “incontestablement, s’il n’ y avait pas eu de telles actions de violence le taux de participation dans ces régions aurait été plus fort”. Et d’ajouter : “Les gens ont été empêchés de voter”. Preuve à l’appui, Zerhouni estime que “l’accueil chaleureux” dont le Président a eu droit lors de son meeting à Tizi Ouzou, démontre clairement l’appréciation de la population de cette région quant à la charte pour la paix et la réconciliation nationale. D’après lui, dix sept communes ont connu des perturbations dont onze à Béjaia, cinq à Bouira et une à Tizi Ouzou. “Certains perturbateurs ont été arrêtés et ils seront traduits devant la justice” affirme avec détermination l’animateur de la conférence. Pour ce qui est du mouvement de débrayage auquel ont appelé les archs, Zerhouni avance qu’il n’a pas été suivi massivement. Pour ce qui est des partielles, Zerhouni, sans vouloir anticiper sur l’événement, souligne dans la foulée, que le taux de participation serait plus important. A la question de savoir si la décision présidentielle liée à la non officialisation de la langue tamazight a “jeté son grain de sel”, dissuadant les citoyens de Kabylie de voter, l’orateur a infirmé cette version en disant “je pense que la majorité des Kabyles considère que le caractère officiel ou pas de cette langue n’est pas un élément essentiel.”

Etat d’urgence : pas à l’ordre du jourRépondant à un journaliste, le ministre de l’Intérieur a balayé d’un revers de main l’éventualité de lever l’état d’urgence. Pour reprendre ses déclarations, ce dernier est considéré comme étant “un instrument qui consolide l’opération de lutte contre le terrorisme”. Pour couper court aux supputations, il a signifié également qu’il n’y a pas nécessité de mettre un terme à ce processus, d’autant plus, a argumenté le premier responsable des affaires intérieures du pays, qu’“aucune instruction susceptible d’atteindre les libertés individuelles ou collectives n’a été instaurée dans le cadre de l’état d’urgence. La seule qui a été établie c’est celle interdisant l’organisation des manifestations et de marches dans la capitales”. Passant à une autre question relative au nombre des terroristes qui s’obstinent à ne pas descendre des “maquis”, Zerhouni dira qu’il serait de 800 à 1000. “Mais seulement une centaine d’éléments est armée” précise-t-il. A la veille du vote, plusieurs actions terroristes ont été enregistrées dans différentes localités du pays. Un fonctionnaire des P et T dans la wilaya de Saida a été assassiné et une bombe déposée dans un bureau de vote à Tedjilabine a été désamorcée, selon Yazid Zerhouni. Evoquant les disparus, ce dernier a avancé le chiffre de 6 800, soit 700 de plus de ce que Farouk Ksentini avait déclaré, lors d’une de ses sorties médiatiques.

Wassila Ould Hamouda

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