l Une cinquantaine de logements neufs construits en face de la mairie d’Aït Yahia, attendent leur distribution, depuis plus de dix ans. Réalisés dans les années 90, au profit de l’OPGI de Tizi Ouzou, les appartements, répartis sur plusieurs bâtiments, n’ont pu être attribués à temps, aux ayants droit. Survint alors l’année 2001 et durant le mouvement du Printemps noir, certains opportunistes ont cru bon de squatter ce qui devait revenir légalement à d’autres. Les indus locataires occupèrent, ainsi, les lieux, durant plusieurs mois, sans eau courante ni électricité. Vu la situation tendue qui régnait alors, le président d’APC fit appel au comité du village d’Aït Yahia, pour libérer les lieux, sans recourir à la force publique. Mais il était trop tard, les appartements avaient déjà subi beaucoup de dégâts. Lors de notre passage sur les lieux, nous avons remarqué que les logements sont devenus inhabitables et dans un état de dégradation avancé. A l’intérieur, les murs sont maculés, des portes ne ferment plus alors que d’autres sont détériorées. Aux dégradations occasionnées par leurs anciens occupants, viennent s’ajouter celles causées par les intempéries aux logements sans chauffage ni entretien depuis des années. Ainsi, les infiltrations d’eau de pluie, par les toits, atteignent le rez-de-chaussée. Les fenêtres extérieures complètement gondolées, ne ferment qu’à l’aide de fil de fer et doivent être entièrement remplacées. Vus de loin, ces bâtiments ne donne pas l’impression d’être neufs. Au contraire, on penserait plutôt à des logements désaffectés. Qui doit procéder aux réparations tant intérieures qu’extérieures ? La facture risque, en tous cas, d’être élevée pour le réparateur, que ce soit l’OPGI ou les futurs bénéficiaires. La crise de logement a atteint les contrées les plus éloignées, et le nombre impressionnant de demandes d’aide à l’autoconstruction en est un indice révélateur. Cependant, les gens d’Aït Yahia ne possèdent pas tous des terrains à bâtir et quand bien même, avons nous le droit d’abandonner une cinquantaine de logements dont le coût est évalué à des milliards ? Des enseignants, des médecins, faute de logement, font souvent jusqu’à 100 kilomètres, par jour, pour rejoindre leur lieu de travail, à Aït Yahia. Des citoyens habitent dans des maisons qui risquent de s’écrouler à la moindre secousse. Pendant ce temps, des logements vides tombent en ruines sans que personne ne daigne s’en occuper.
Nacer B.