En grève depuis plusieurs semaines, plus d’une centaine de travailleurs de l’hôtel El Aurassi d’Alger, occupent désormais le parvis de la Centrale syndicale.
Voulant dénoncer “le harcèlement moral et physique», dont ils sont victimes de la part de leur direction, ces travailleurs se sont retrouvés “suspendus arbitrairement” de leurs postes par le P-DG de l’hôtel, M. Lamri.
Après des tractations pour trouver une issue au problème, la situation semble se corser davantage entre les grévistes et la direction, dont, cette dernière, s’est empressée de suspendre plus d’une centaine de fonctionnaires.
La genèse du problème, racontent les grévistes, remonte à la journée du 6 septembre dernier, lorsque la section syndicale de l’hôtel, affiliée à l’UGTA, a décidé d’un arrêt de travail de deux heures, en guise de dénonciation “des conditions de travail, d’harcèlement moral et physique, d’abus de pouvoir…», dont sont victimes les employés. Ce qui fut fait, le P-DG de l’hôtel décide, ainsi, de fermer les portes de l’hôtel devant les grévistes, soulignent encore ces derniers.
“Il nous a interdit l’accès à l’intérieur de l’établissement malgré notre disponibilité au dialogue», précise un jeune fonctionnaire, rencontré hier, à la Centrale syndicale, avant d’ajouter que “la direction ne veut pas reconnaître notre section pourtant elle était installée par l’UGTA”. La section est mise sur pied depuis le 15 mai. Selon les membres de la section, le refus de reconnaître notre section “s’explique uniquement par l’engagement de ses membres à ne pas trahir les travailleurs et à ne pas badiner avec leurs revendications”. Après plusieurs tentatives pour trouver un terrain d’entente avec la direction, les grévistes décident alors d’occuper le jardin de l’hôtel pendant une bonne période.
Dans un courrier envoyé à l’inspecteur régional du travail, les grévistes réaffirment leur disponibilité au dialogue, qu’ils conditionnent “à l’annulation effective de toutes les suspensions décidées», à leur encontre par la direction. Il faut souligner que l’hôtel est en arrêt d’activités depuis décembre 2010, pour travaux.
Après une rencontre avec le patron de l’UGTA, Madjid Sidi Saïd le 21 septembre, il a été décidé de la reprise du travail, mais au grand dam des fonctionnaires suspendus, “la direction de l’hôtel n’a pas daigné déléguer un responsable pour s’expliquer sur les motifs de cette mise à l’écart, en instruisant le chef de département de sécurité et son équipe pour barrer l’accès devant les travailleurs suspendus”. Le même document informe que la direction a déposé une plainte contre les cinq membres de la section syndicale. Sur un autre plan, certains travailleurs suspendus, dénoncent “la gestion de l’hôtel par le P-DG, qui est à la tête de l’établissement depuis 27 ans !”. Pour ces fonctionnaires, “le P-DG cherche le pourrissement en refusant de reconnaître notre section syndicale», malgré les multiples tentatives engagées avec la Centrale syndicale pour trouver un terrain d’entente avec la direction. Dans une lettre envoyée aux P-DG des hôtels El Aurassi et Sheraton, le sénateur Mostefa Boudina souligne que les décisions prises par les deux gérants de ces hôtels de luxe, “sont arbitraires et anti-réglementaires”.
Un des fonctionnaires est allé jusqu’à “dénoncer le comportement hautain du fils du directeur”. “Le fils du patron, comme on l’appelle, fait sa loi à l’intérieur de l’établissement sans que personne n’ose dire basta !», a-t-il souligne, avant d’ajouter que “ce même personnage qui n’a rien avoir avec le travail à l’hôtel harcèle surtout les femmes”. “La moyenne d’âge des responsables de l’hôtel est de 66 ans», explique un autre gréviste, qui s’est demandé sur “les réelles visées du pouvoir en voulant relancer le tourisme avec des responsables dépassés par le temps”. Il cite, à titre d’exemple, ce responsable de 78 ans, qui a pris sa retraite depuis 1994. “Cet établissement ouvert depuis 1975 n’a jamais connu de rénovation jusqu’à l’an dernier”. Sur ce point, les grévistes relèvent “des incohérences dans la gestion des 70 millions d’euros alloués à la rénovation !”.
M. Mouloudj

