Le moudjahid Si M’Hiddine s'en va

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Ironie du sort, le moudjahid Belaziz Said connu sous le pseudonyme de Si M’Hiddine quitta ce monde à l’âge de quatre vingt-ans, à la veille de la célébration du cinquantième anniversaire des événements sanglants du dix-sept octobre.

Né en 1931, le futur responsable du FLN après l’indépendance s’exila en France en 1953 afin de subvenir aux besoins de ses frères et soeurs en nombre de dix qui perdirent leur mère quelque temps avant alors que son père était journalier au service des Ponts et Chaussées de Draâ El-Mizan . Dès qu’il s’installa à Haut Mart au nord de la France, les responsables du FLN( Fédération de France) le repérèrent avant de l’enrôler dans leur mouvement en 1955. « Il était d’une intelligence exceptionnelle. Il avait aussi une personnalité imposante et il jouissait d’un calme total », racontèrent certains de ses compagnons de lutte. De telles qualités firent de lui très vite, un homme-clef dans l’organisation.

On lui confia toutes les tâches difficiles et dangereuses. Au péril de sa vie, il devint chef du groupe de choc. « Combien de fois, s’était-il attaqué à tous ceux qui ne voulaient pas aider la révolution? « , nous ajoutèrent ceux qui l’avaient connu alors qu’il n’avait que vingt quatre ans. Il réussit de nombreux coups avec ses collaborateurs et il n’hésitait pas à liquider physiquement les récalcitrants et les contre révolutionnaires. « C’était vraiment que du succès », se rappelait-il de son vivant. Si M’Hiddine était très connu des autres chefs de la fédération de France. Il avait beaucoup de secrets au sujet du front et il suivait tout ce qui se passait dans les maquis algériens. En dépit des services qu’il rendait au FLN en France, il voulut toujours être aux côtés de ses frères. Son action dans son secteur était très efficace jusqu’au jour où l’un de ses collaborateurs fut arrêté suite à un attentat. Sous des tortures atroces, il divulgua tous les secrets qu’il détenait au sujet de l’organisation et dénonça les autres membres du groupe dont le chef Si M’Hiddine. Cela lui valut de nombreux avis de recherches.

La police française lança des portraits robots à son sujet en les placardant dans tous les lieux publics. Il devint un homme à capturer vif ou mort. Sa photo fut publiée à la Une par la Voix du Nord avec comme commentaire « Homme dangereux à signaler à la police ». Sachant qu’il était en danger, ses compagnons l’envoyèrent en Tunisie où il suivit une formation militaire en se spécialisant dans le maintien de l’artillerie.

De Tunisie, il fut affecté vers un centre de transit au Maroc avec à la clef une mission importante bien déterminée et il y séjourna jusqu’à l’indépendance avant de rentrer en Algérie en héros avec ses compagnons. Si M’Hiddine n’abandonna pas son combat, il continua au sein des rangs de l’ANP jusqu’en 1971. En 1967, il fut désigné pour faire partie du contingent militaire envoyé en Egypte lors de la guerre arabo-israélienne sous le commandement de Abderazak Bouhara.

Malheureusement, il fut blessé en cours de route et fut soigné à Benghazi (Lybie). En 1971, il eut un détachement au sein de la fédération de France de Draâ El-Mizan avant d’être désigné comme chef de Kasma du FLN entre 80 et 88. Connu pour son intelligence, il fut choisi pour participer au congrès du FLN au temps du Président Chadli Bendjedid. En 1990, il quitta la scène politique pour se consacrer à l’agriculture. Après une intervention chirurgicale qui n’a cessé de se compliquer, son cas s’aggrava et il resta cloué au lit durant des mois.

Ce que Si M’Hiddine regretta est que l’accès aux soins à l’hôpital militaire de Ain Naâdja lui furent refusé. Pourquoi? Personne ne l’a compris. Avant de rendre l’âme, le grand moudjahid Si M’Hiddine demanda trois choses: écouter le Coran, boire l’eau de Zem Zem qu’on ramène de la Mecque et laisser vibrer l’Hymne national « Kassam » tous près de son lit .

Il fut accompagné à sa dernière demeure samedi dernier, par une foule nombreuse ainsi que de ses compagnons de lutte venus de tout le versant sud ouest de la wilaya . Mohamed Zahzouh, responsable des moudjahidine à l’ONM de Tizi-Ouzou, lut l’oraison funèbre sous fond de larmes en évoquant le parcours du valeureux Ammi Arezki.

Amar Ouramdane

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