Face à la campagne de fermetures menée par l’Administration et parfois provoquée par des mouvements d’humeur populaire, les opérateurs du domaine des boissons alcoolisées de la wilaya de Béjaïa sont décidés à ne pas se laisser conter.
Après une première prise de contact une semaine auparavant, ils sont revenus, hier, en force, prendre part à une nouvelle rencontre dans un hôtel de Tichy.
Sans trop se perdre en conjectures,ils se sont donnés un cadre organisé pour porter leur voix devant l’Administration notamment.
Un bureau comprenant treize membres est dégagé il est chargé de solliciter instamment audience auprès du wali de Béjaïa pour enfin envisager des ripostes, qui préservent les intérêts des professionnels. Détaillants, propriétaires de bars-restaurants, grossistes et demi-grossistes, ils étaient quelque 300 personnes à participer à cette rencontre. Même les deux brasseurs installés sur le territoire de la wilaya, Primus et Albraü,; pour ne pas les citer, étaient de la partie.
Ceux qui ne pâtissent jusque-là pas de ce qui semble être une campagne graduelle de mise au pas de la filière, à l’image des producteurs et des grossistes, veulent prendre les devants d’autant, explique-t-on, que ce qui se passe à Béjaïa est à inscrire dans une optique nationale puisque des opérateurs de plusieurs autres wilayas font face aux mêmes tracasseries.
La salle des conférences de l’hôtel Club Alloui sera dès lors un réceptacle de récriminations contre l’action de l’Administration jugée comme étant attentatoire à la survie même d’une filière. “Nous ne sommes pas des voyous mais bien des commerçants désireux d’exercer dans le strict respect de la loi !», tonne un opérateur de Chemini en butte à des “harcèlements” administratifs. Et chacun de raconter sa petite histoire faite de tracasseries administratives, d’intimidations policières, de pressions de l’environnement,…
Les situations sont parfois kafkaïennes puisque des témoignages relatent des va-et-vient incessants sans que la moindre autorité n’accepte d’assumer la responsabilité de certains actes comme les dossiers qui dorment longtemps dans les tiroirs de l’administration. Une administration accusée aussi de prendre mécaniquement fait et cause pour les manifestants demandant la fermeture des établissements servant des boissons alcoolisées. Dernier fait en date, un propriétaire de bar à Fenaïa indique avoir fait appel à des gens favorables au maintien de l’activité pour forcer la réouverture de la route fermée par des protestataires. “Nous sommes, dit-il, en démocratie et ceux qui veulent célébrer Bacchus ont, eux aussi, le droit de dire leur mot !”
Mais le point qui polarise les interventions est, sans doute, celui relatif à la licence d’exercice des activités commerciales classées, désormais réclamée à des opérateurs en place depuis des années, alors que celle-ci n’a jamais été en leur possession.
Le 24 août 1994, le wali de Béjaïa informait, en effet, le responsable du Bureau du Registre de commerce que “les activités commerciales relevant de la catégorie des établissements classés (Restaurant, restaurant-bar, dépôt de boissons à emporter) ne seront plus soumis à l’avenir à l’obtention préalable de la licence délivrée par la wilaya”. Or aujourd’hui, les services de sécurité demandent systématiquement aux opérateurs de produire cette fameuse licence sous peine de fermeture !
“Un chef de service de la DRAG (Direction de la réglementation et de l’administration générale m’a assuré qu’une telle demande est illégale mais les services de sécurité ne veulent rien entendre !», témoigne un participant.
M. Bessa