Les places publiques transformées en… marchés à bestiaux

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C’est de nouveau la valse des moutons que les éleveurs et autres maquignons débarquent par chargements entiers pour prendre possession des places publiques ou des terrains vagues à l’intérieur des villes et villages créant ainsi une animation particulière, proche de l’effervescence, qui s’empare de tout le monde, vendeurs et acheteurs.

Les uns pressés d’écouler leurs troupeaux et se remplir les poches, les autres ayant hâte de s’acquitter de l’inévitable corvée d’acquérir un bélier dont la recherche de la bonne affaire leur fait avaler des kilomètres. En faisant la tournée de ces marchés à bestiaux occasionnels, les citoyens prêtent une oreille attentive aux rumeurs de la rue qui rapportent et vantent une bonne qualité des bêtes et les prix abordables dans tel ou tel endroit. D’autres se font accompagner par des connaisseurs en matière de transaction dans ce créneau pour surmonter l’inquiétude de se faire arnaquer. Ceux qui font les frais de la boulimie des uns et de la convoitise des autres sont sans conteste les malheureuses bêtes trimbalées d’un coin à un autre, ajouté à l’attente debout durant des journées entières sans boire ni manger. C’est la seule période de l’année où éleveurs comme acheteurs traitent ces malheureuses bêtes comme une vulgaire matière que l’on valorise et dévalorise selon la position de chacun pour en tirer le meilleur parti. Sur un autre volet, bien que les services de prévention et ceux de l’agriculture à travers leurs vétérinaires se lancent dans des campagnes de sensibilisation et multiplient les recommandations pour éviter les bêtes malades dont certaines sont porteuses de virus transmissible à l’homme, les citoyens continuent à ignorer ces mises en garde en procédant à la transaction en dehors de tous les circuits contrôlés durant cette période proche de la fête religieuse, et qui sont les marchés hebdomadaires réglementaires. La plupart des vendeurs viennent de loin et ne sont pas connus dans la région, ce qui revient à dire qu’un acheteur inexpérimenté qui se fait refiler une bête malade impropre à la consommation ne peut pas la restituer. Ces vendeurs ambulants disparaissent après avoir rapidement écoulé leurs marchandises pour éviter ce genre de tracasseries et vu que se sont en majorité des maquignons qui ont acquis les bêtes en 2e ou 3e main, remonter jusqu’au propriétaire d’origine est quasiment impossible. De plus, le dispositif de contrôle du déplacement de ces bêtes confié aux services de sécurité qui vérifient la provenance et l’état de leur santé à travers des fiches vétérinaires que les maquignons doivent présenter à chaque barrage de contrôle routier, n’est plus appliqué à notre connaissance depuis que l’alerte de la bleue tong et de la grippe aviaire est tombée. Les citoyens prudents évitent ces maquignons qui viennent en dehors de la région et préfèrent s’adresser aux éleveurs locaux en acceptant de payer un peu plus cher, ce qui explique que les prix de la production locale sont nettement supérieurs, car comportant une certaine garantie. Ce qui est sûr à l’heure actuelle c’est que cette activité évolue dans une anarchie totale après que l’Etat s’est désisté de son droit de regard. Exception faite d’une forme de contrôle au niveau des abattoirs le jour de l’immolation où est observée une permanence de vétérinaires, un dispositif loin d’être efficace sachant que les citoyens exécutent ce rituel de l’immolation chez eux en présence de toute la famille.

Oulaid Soualah

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