Les vêtements, on n’en parle même pas…

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A l’image des produits alimentaires, les prix des vêtements ont sensiblement augmenté ces derniers jours. Cette année encore, les commerçants ne semblent pas changer leur stratégie en fixant la barre des prix très haut. Les parents, qui ont déjà été mis à rude épreuve durant la rentrée scolaire et le mois de carême dernier, seront de nouveau contraints à faire un effort supplémentaire pour satisfaire aux obligations de l’Aïd El Adha, prévu pour dimanche prochain. Une tournée, à travers quelques magasins du centre-ville de Tizi-Ouzou, permet de constater cette flambée injustifiée. Un simple ensemble pour fillettes de 10 à 14 ans est proposé à 3000 dinars. Ajouté à cela les chaussures dont les prix oscillent entre 1400 et 2000 dinars, ce qui fera un total de 4400 à 5000 dinars pour un seul enfant. Imaginons un père de famille qui touche le smig (15000 DA) et qui a à sa charge deux à trois enfants, cela lui prendrais, rien que pour le vestimentaire, l’ensemble de son salaire. On comprend, donc, la détresse de ce père de famille, rencontré hier dans un magasin de vêtements à la nouvelle ville de Tizi-Ouzou. « On nous pousse carrément au vol. Je ressens une terrible pression à l’approche de ces occasions religieuses, car elles me reviennent vraiment chères. Je ne peux même pas faire des économies, car mon salaire de fonctionnaire à l’APC ne me permet pas d’assurer et de garantir toutes ces dépenses », nous dis Madjid, la trentaine, fonctionnaire à l’APC de Tizi-Ouzou. Avec 8000 dinars en poche, il n’est pas assuré de vêtir ses deux enfants pour cet Aïd, « je suis déçu car je repars bredouille. Avec cette modique somme, je ne peux satisfaire les besoins d’un seul enfant, alors je préfère voir ailleurs », indiquera-t-il avec un air abasourdi et plein d’amertume. Au centre ville de Tizi-Ouzou, les magasins «in» font le plein et trouvent clients parmi des jeunes appartenant à une certaine classe sociale, « la petite bourgeoisie », dira t-on. On peut constater que les prix sont excessivement chers. Un jeans, affiché à 4000 dinars, un pull à 2500 dinars et des baskets à 8000 dinars. Ces produits trouvent-ils acheteurs ? « Oui ! » Rétorque le commerçant. Aux cotés de ces magasins, des points de vente, affichant des prix largement moindres, sont bondés de monde. Nous avons d’ailleurs noté ce rush au niveau de certains magasins situés à la sortie sud de la ville de Tizi-Ouzou. Ici, on peut acheter une chemise, des pulls et des pantalons à 1000 dinars, « nos prix défient toute concurrence ! », annonce, «fièrement», le commerçant. Si, pour certains, ces frais sont obligatoires en ce genre d’occasions, d’autres, par contre, préfèrent tirer un trait définitif sur toute dépense superflue.

Ahmed précise, à cet effet, que « le drame, c’est que la plupart des algériens n’arrivent déjà pas à se nourrir convenablement. Leur premier souci, c’est d’arriver à assurer, tous les jours, tant bien que mal, le pain et le lait. Ce qui n’est pas toujours évident. Alors, de là à parler des dépenses liées au vestimentaire, cela relève de l’imaginaire et de l’impossible », dit notre interlocuteur, avant d’ajouter qu’il n’est pas « facile de convaincre les enfants de s’en passer, mais il faut les sensibiliser sans pour autant les choquer. Cette situation me fait mal, car, qui ne voudrait pas faire plaisir à ses enfants ? Mais, parfois, la vie ne nous laisse pas d’autre choix ! ».

A. Z

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