Comment neutraliser les impasses ?

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Que pourront apporter de plus -sur le plan de la vision d’ensemble et du mode opératoire- les prochaines assises sur le développement local prévues pour le 22 décembre sous l’égide du Conseil national économique et sociale (CNES) ?

S’agissant sépcifiquement de la Kabylie, les attentes sont assurément immenses tant sont connus les obstacles et les contraintes qui se mettent au travers du développement local. Ces contraintes sont identifiées aussi bien dans le mode d’articulation des structures adminsitratives et élues chargées de la mise en œuvre des programmes de développement que dans nature physique d’une région connue pour son caractère montagneux et climatique rude. Ces dernières difficultés ne sont devenues insurmontables que par la faute d’un système de gestion politico-économique hypercentralisé et perverti par les solutions de facilité-mais sans lendemain- qu’a pu lui assurer la rente pétrolière. En tout cas, entre les difficultés réelles qui se posent sur le terrain- conduisant la région à un état de sous-développement où le chômage, la violence sociale et le désespoir gangnent de larges franges de la population- et les esquisses de solutions ébauchées par exemple par le CNES, une nouvelle politique doit se dégager conférant au mode de gestion du territoire de la Kabylie plus de pouvoir politique à travers ses élus APW et APC et même par le canal de ses structures administratives qui sont, naturellement, les démembrements des macro-structures de l’Etat. A la veille des élections législatives et locales de 2012, le sujet mérite amplement qu’il soit porté sur la place publique et débattu loin de la pudibonderie de mauvais aloi, des crispations idéologiques surannées et des calculs politiciens qui ont fait trop de dégâts pour le pays. Tous ces facteurs qui freinent la réflexion et l’action sont censés être dépassés et neutralisés dans une conjoncture nationale où les impasses se multiplient gravement à vue d’œil et dans un climat régional des plus précaires. Pour les populations de la région, les réformes politiques actuellement en débat dans l’hémicycle de l’APN n’auront de sens que si elles prennent en compte leurs aspirations à plus de développement et de prospérité et à moins de centralisation castratrice et débilitante. Les spécificités de la Kabylie, loin de la singulariser, placent cette région dans un ensemble national riche par sa diversité et solidaire par la complémentarité nécessaire des régions composant le pays. Les traits saillants de l’originalité kabyle sont assurément la permanence du fait culturel amazigh matérialisé par la langue- non seulement en tant que patrimoine assumé mais surtout comme pratique effective tendue vers la désir de promotion-, le relief accidenté mais domestiqué par la forte présence humaine et la concentration démographique qui a entraîné une tradition migratoire qui supplée à une faiblesse de l’économie locale. Tous ces éléments ce sont imbriqués pour donner l’image d’une ‘’kabylitude’’ que certains de nos compatriotes et surtout les pouvoirs successifs ont voulu pousser vers l’excentricité. Dans une situation de jacobinisme extrême, les réalitézs de la spécificité régionale et ses expressions sociologiques sont brandies comme un croque-mitaine qui attenterait à l’unité nationale, argument massue, argutie doit-on dire, de responsables qui ne répondaient de rien tant l’arbitraire et la tyrannie étaient les modes de gouvernement. Il n’est plus, dès lors, étonnant que la région objet de suspicion et de défiance développe ses moyens de résistance, s’assume un peu plus chaque jour et donne l’exemple de bravoure et de passion démocratique pour l’ensemble de l’Algérie. Parralèlement à ces nobles idéaux pour lesquels des égnérations entières se sont sacrifiées, la nouvelle génération de jeunes veut aussi s’affirmer par le statut social et le travail. Ce besoin légitime est aussi partagé par la nouvelle élite économique, les capitaines d’industrie et les responsables locaux qui veulent voir exploitées les potentialités naturelles de la région au profit des populations. Ces potentialités ne manquent pas, à commencer par la matière grise qu’il faudra inciter par tous les moyens à s’investir dans la création de richesses. Sans décentralisation institutionnelle [comprenant les asepcts politiques, adminsitratifs et économiques], l’on ne peut s’attendre à des miracles sur les plans économique et social, et la situation d’impasse constatée au cours de ces dernièers années risque non seulement de perdurer, mais d’exploser à la face de la République. L’illusion des pensions de l’euro permettant à des familles entières de continuer à vivre sur ces montagnes est en rtain de s’estomper à grande vitesse au rythme de la disparition des vieux détenteurs de cette petite manne. Les nouveaux émigrés, jeunes et installés en famille, consomment l’euro sur son lieu de production. Plus que par le passé les acteurs politiques bénéficiant de quelque crédit en Kabylie, les animateurs du mouvement associatif et les militants culturels, sont supposés être plus conscients que jamais des dangers qui guettent cette région en matière de retard de développement et de menace sur la cohésion sociale qui mine la famille et la communauté tout entière.

Amar Naït Messaoud

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