En cette journée de dimanche, comme partout dans le monde musulman, les habitants des villages parsemés sur les hauteurs d’Ikedjane, étaient au rendez-vous, avec l’une des plus importantes occasions durant l’année, à savoir la fête de l’Aïd El Adha. Un rendez-vous précédé par d’importants préparatifs de la part des citoyens et d’une grande activité du côté des commerçants. Tôt durant la matinée, juste après la visite des cimetières, les hommes accompagnés de leurs enfants, se sont dirigés vers les mosquées des villages pour accomplir la rituelle prière de l’Aïd, écouter le prêche de l’imam et faire la Sadaka. C’était notamment le cas dans le plus important village de la région, en l’occurrence «Tasga», où l’on a remarqué la présence de beaucoup de citoyens originaires du village, et habitant dans différentes autres wilayas du territoire national, ainsi que les expatriés, qui ont rejoint le village juste pour passer cette fête dans la chaleur de la famille, voir les proches, et s’arracher pour un moment à l’individualisme, l’isolement et la froideur des grandes villes. Les enfants quant à eux, étaient habillés de leurs plus beaux vêtements, riches en couleurs. Les femmes restées à la maison, s’affairaient à préparer la réception des proches et voisins, qui viendront comme de coutume, leurs rendre visite, avant de procéder au sacrifice des moutons, chacun chez soi, juste après le retour des hommes de la mosquée. «En réalité j’essaye de faire bonne mine contre mauvaise fortune, juste pour faire plaisir à mes enfants, autrement le cœur n’y est vraiment pas et rien ne prête à la joie et à la bonne humeur. Cette fête n’est en réalité qu’un autre coup très dur à mon maigre budget», dira Da Saïd. «Notre vie est faite d’une suite d’événements et d’occasions qui n’arrêtent pas de nous saigner tout au long de l’année», ajoute-t-il. «J’ai déboursé 30 000 DA rien que pour l’achat du mouton et plus de 15 000 DA pour les vêtements des plus petits parmi mes enfants, car pour le reste ils ont eu déjà des vêtements neuf pour la rentré scolaire», se plaint quant à lui, Mohamed. Des paroles qui en disent long sur le vrai sacrifice autre que celui de la bête, à savoir celui des pères de familles. A ce climat de joie des enfants et au dilemme des parents, dame nature n’est pas restée inerte. Elle ajoute du coup son grain de sel, en y apportant pluie et rafales de vent, qui ont fait que le mercure est descendu très bas par rapport aux températures saisonnières. Autant dire un amas d’ingrédients qui ont un peu gâché la fête.
Arezki Toufouti