D’Aït Yahia Moussa en passant par Draâ El Mizan, Frikat et Ain Zaouia, point de cueillette d’olives pour cette saison. Les responsables du secteur agricole, qui ont déjà effectué des sorties dans la région, ont fait le constat : la récolte sera quasi nulle! Selon leurs estimations, le rendement ne dépassera par les cinq quintaux à l’hectare. Comparé à celui de l’an dernier, où des pics de trente cinq quintaux à l’hectare ont été enregistrés, le dit rendement est très minime. Sur les milliers d’oliviers recensés à l’échelle de ces trois communes, il n’y a que quelques arbres qui portent quelques olives éparpillées ici et là. A Frikat, par exemple, seuls les oliviers du village Imazgharène attendent d’être gaulés, sinon c’est une saison de vaches maigres pour la plupart des oléiculteurs. D’ailleurs, tout le monde exprime son inquiétude. La production faible d’olives met dans l’embarras les propriétaires des huileries, notamment modernes. “ Les huileries traditionnelles vont peut être ouvrir, mais ce n’est pas le cas pour les autres», nous a répondu un agent communal de vulgarisation agricole qui juge, par ailleurs, que la récolte est devenue, ces dernières années, biennale. Nous avons essayé de voir l’impact de cette mauvaise production sur les consommateurs et sur les oléiculteurs. “Si par le passé nous consommions de l’huile à volonté aujourd’hui, nous allons nous contenter seulement d’assaisonner nos salades et nos plats. Il est impossible pour nous de la payer à plus de quatre cents dinars le litre», nous a répondu l’un d’eux. Alors qu’un oléiculteur d’Ichoukrène, un gros propriétaire, n’est pas allé avec le dos de la cuillère. “Ecoutez, l’état finance tous les programmes agricoles, mais je vous dirai que ce type d’agriculture est laissé en marge. Certes, il y a, ici et là certaines plantations aidées, mais elles sont toujours insuffisantes. Pourtant, la plupart de nos terres ne sont valables que pour l’arboriculture et notamment les oliviers. Nos ancêtres ne vivaient que de ça. Et on constate qu’aujourd’hui, les arbres séculaires, épargnés par les incendies, sont si vieux qu’il ne faut pas attendre de rendements importants», nous a expliqué cet oléiculteur. Et de poursuivre: “ ce sont les feux de forêt qui sont le facteur de cette baisse de production. Au niveau des terres qui nous appartiennent, plus de trois mille arbres ont été ravagés par les flammes. Et il faudra attendre plus d’une dizaine d’années pour les régénérer. C’est le cas de Tafoughalt, d’Afir et de d’Iâllalen”. Pour notre interlocuteur, même lorsque la production est bonne, comme celle de l’année dernière, les oléiculteurs ne tirent pas vraiment de gros bénéfices, contrairement aux propriétaires des huileries. “Dès que la récolte est terminée, les oléiculteurs vendent le surplus à des prix dérisoires alors que les propriétaires des huileries ont les moyens de stocker l’huile”.
Amar Ouramdane