Les commerçants de l’ancienne ville de Bouira et plus précisément, ceux de la place Rahim Ghalia, poursuivent leur mouvement de grogne. Cette protestation est intervenue suite à l’arrêté municipal ordonnant l’expulsion de ces commerçants et la démolition de leurs locaux, sur avis d’experts du CTC.
En effet, durant les journées d’hier et d’avant-hier, la tension est montée d’un cran ! Dans l’après-midi de mardi dernier, une centaine de commerçants en colère avait fermé la route qui mène vers l’ancienne ville de Bouira, à l’aide de pneus incendiés et de blocs de pierre. D’ailleurs, la soirée de mardi était particulièrement houleuse…
Selon des témoignages concordants, des escarmouches ont opposé les services de l’ordre et les manifestants. Un citoyen qui était présent sur les lieux au moment de ces évènements, notera : “Ce quartier (Rahim Ghalia, ndlr), a été émaillé par de violents heurts entre les commerçants et les forces de police. Ensuite, tout le quartier a été bouclé et des jets de pierres ont fusé du côté des manifestants. Il y avait de véritables scènes d’Intifada !», relèvera-t-il. Par ailleurs, on apprendra de sources policières qu’un officier de police a été touché à la tête par un projectile, cependant, la blessure occasionnée était sans gravité précise-t-on. Voulant en savoir plus sur les circonstances exactes, qui ont conduit à ces débordements, attache a été prise avec l’un des commerçants protestataires. Ce dernier expliquera : “Dans l’après-midi d’hier (mardi, ndlr), on a organisé un sit-in devant l’APC de Bouira, dans le but de rencontrer le maire. Après avoir été reçus par ce dernier, il nous annoncera d’un ton désintéressé qu’il ne peut rien faire pour nous et que nos dossiers sont entre les mains de la justice. C’est cette réponse qui a mis leu feu aux poudres !” Avant de rajouter : “Comment peut-on agir de cette façon ? Agir avec pareil à l’égard de la population, c’est une insulte à notre encontre.” Et terminera : “On ira au bout de notre action, rien ne pourra nous arrêter ! On tire notre force et de notre détermination du fond de nos tripes.” Dans la matinée d’hier, la ville de Bouira s’est réveillée souillée par les traces de pneus brûlés et divers traces de casse. Un citoyen résidant dans la commune d’El-Esnam surpris par l’ampleur des dégâts, s‘exclamera : “C’est un véritable champ de bataille !” Le secteur de la vieille ville était totalement quadrillé par les services de l’ordre, par crainte de nouveaux incidents. En parallèle, un groupe composé d’une cinquantaine de commerçants s’est dirigé vers le siège de la wilaya, dans le but de rencontrer le wali.
“Suite à notre action de la veille, on a reçu une invitation du premier magistrat de la wilaya, afin d’engager un dialogue et éventuellement une sortie de crise», soulignera Djamel, un commerçant du quartier Aissat Idir (ex-Rue de France). Avant d’enchaîner : “Toutes ces actions que nous avons entreprises, ne sont qu’un préambule, on est capable de mettre cette ville sans dessue-dessous en 24h, rien que pour faire valoir notre droit.” Un autre contestataire mettra en surbrillance que le fait de démolir leurs locaux est un acte “criminel», et que le tout Bouira est solidaire avec ce mouvement, exprimera-il en substance. Vers les coups de 10h du matin, une délégation de quatre personnes a été reçue par le premier responsable de la wilaya. Une heure plus tard, cette délégation ressortira avec un scepticisme clairement affiché. : “Le wali nous a donné rendez-vous à 15h, pour une ultime réunion», nous dira un membre de cette délégation avant d’ajouter : “Lors de cette réunion, ça passe ou ça casse !” Pendant ce temps, il régnait une ambiance très tendue aux abords du siègede la wilaya et même dans le quartier Rahim Ghalia, où, faut-il le préciser, tous les magasins sont fermés et la population craignait une nouvelle nuit d’émeutes. A l’heure où nous mettons sous presse, la réunion entre les protestataires et le wali n’était toujours pas achevée.
Ramdane B.