A l’inverse du lancement de la campagne oléicole, qui est passée inaperçue à cause d’une récolte insignifiante, celle des labours semailles, par contre, démarre en grandes pompes animant et redonnant vie à la campagne. Cela, en raison d’abord de l’utilisation d’un matériel agricole bruyant (tracteurs), ensuite, les labours semailles ont enregistré un retard de presque un mois à cause de l’arrivée tardive des pluies automnales.
Les agriculteurs se sont lancés dés que les conditions nécessaires aient été réunies et que l’état des terrains soit devenu favorable avec les fortes chutes de pluies de la semaine écoulée, avec, ensuite le retour du beau temps qui donne l’opportunité aux agriculteurs de labourer le plus de surfaces. Chose qui explique cette effervescence qui s’est emparée des paysans, notamment ceux qui sont dans le créneau de la céréaliculture dont le calendrier de semailles est relativement court, s’étalant sur à peine un mois. Le signal a été donné par la ferme FPPS, dans les plaines d’Oughazi, qui a engagé la totalité de sa flotte, composée de 5tracteurs agricoles qui travaillent d’arrache-pied donnant des couleurs à la terre. Cette ferme a, pour rappel, engrangé durant la campagne 2010/2011, pas moins de 25 000 quintaux de blé dur. Le même décor de terre fraîchement retournée est constaté un peu partout au niveau de la daïra. Sur les hauteurs de Vouhven, au village Ath Ivrahim, dans les vastes étendues d’Ahnif, entre Adrar Seguen, Vou El Hafer et Thizi N’Sellam…
De Saharidj, il est aisé de remarquer les premiers sillons à Ighil Hammadh, Iwakouren, Selloum et Takerboust, à la seule différence qu’en ces lieux, et en raison du relief fort accidenté nos braves montagnards utilisent des bêtes de trait, qui une paire de bœufs comme au bon vieux temps, qui un cheval ou un mulet… les moins nantis s’attaquent à leurs parcelles à l’aide de pioches à double crochets.
Par ailleurs, nous apprenons, auprès de quelques paysans d’Iwakouren et Takerbouzt, qu’il a été procédé au rituel plus que millénaire d’une offrande, sous forme d’un couscous garni avec de la viande sèche dénommée « Aoudjiv » ou encore « Aamouch ». Ce dernier plat étant composé de farine diluée crue dans de l’huile d’olive est toujours en vogue chez ces montagnards de haute Kabylie. Une offrande à laquelle sont conviés les passants au niveau des champs et cela au premier jour des labours. Un rituel pratiqué par nos ancêtres pour conjurer le mauvais sort et solliciter la clémence du ciel pour une bonne pluviométrie dont dépendrait le rendement de leurs champs. Pour revenir à l’actualité disons qu’il a été constaté depuis ces deux dernières années, un retour progressif des campagnards de la région aux travaux aux champêtres, notamment des labours, et cela pour deux raisons essentielles, d’abord un net recul de l’insécurité ajouté à une inflation et à une dégradation du pouvoir d’achat qui contraint la population des zones rurales à vouloir tirer quelques profits de la terre et améliorer leur niveau de vie. Malheureusement, ce désir qui pousse les citoyens à reprendre les travaux dans les champs bute sur une contrainte majeure qui freine leurs ardeurs, la prolifération d’animaux sauvages herbivores, notamment les hordes de sangliers qui saccagent une bonne partie des récoltes. N’empêche que cette année, le nombre des laboureurs est en nette amélioration, pourvu que les conditions climatiques, en particulier la pluviométrie, continuent à être favorable et que ces braves campagnards récoltent le fruit de leur labeur.
Oulaid Soualah
