Zerhouni à la rescousse des partis

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Cette mesure ou ordonnance du ministère de l’Intérieur, que les partis concernés devraient applaudir, est venue comme une perche tendue pour limiter un tant soit peu une humiliation avant l’heure, surtout pour le FFS et le RCD. A deux jours de la première date buttoir, ces deux partis souffrent le martyr pour ficeler les dossiers de candidature, ils n’ont réussi à confectionner des listes que dans moins de 20 communes, sur les 67 que compte la wilaya de Tizi Ouzou. Cette impuissance à couvrir l’étendue du territoire est en soi, le symptôme d’une déchéance politique, car ces partis, après avoir réussi l’échec dans la gestion des collectivités, tour à tour, font face à un déficit de forces organiques et de cadres, qui ont tiré révérence malgré eux, plutôt poussés sur voie de garage ou à la démission par déception chronique. Le traitement politique des militants, l’absence de démocratie dans les structures, la culture ostraciste des chefs, la mentalité rentière des dirigeants, la distance prise par les directions nationales sur les bases militantes, l’abandon et le laxisme délibérés des leaders en période cruciale qu’a traversé la région, tout cela a participé à l’isolement et l’indexation de formations supposées bénéficier d’un ancrage dans la région.La menace d’un raz-de-marrée de listes indépendantes, à briguer les mairies de Kabylie, est un alibi politique utilisé pour se rapprocher faussement du FFS, tactique que Saïd Sadi a mise vainement en branle, dont l’unique objectif de sauver les meubles de son parti. A ce niveau, la direction du FFS a bien décodé le stratagème, auquel il a opposé un niet catégorique sur cette “Tagmats” rendue valable, seulement en temps de disette politique. Il ne sera jamais étonnant, si d’autres formations politiques ratent la représentation politique de la wilaya, mais que cela vienne de ceux, toujours prétendus être les dignitaires et les uniques tuteurs de la région, cela autorise un nouveau regard sur l’évolution politique dans la région. En ce sens, la prolongation d’une semaine du temps imparti au dépôt des listes, est l’un des meilleurs services rendu par le ministère de l’Intérieur, aux partis de la région pour exploiter ce sursis et échapper à un revers anticipé. La compétition du 24 novembre sera très rude et très disputée, au vu de la pluralité des forces de divers horizons politiques, qui entrent en compétition. Pour la première fois, il s’agit pour les partis habitués à être maîtres des lieux dans la région, de se lancer vraiment dans une aventure électorale et se mesurer, par ce vote, à une sérieuse inconnue. Les mutations politiques, sociales, culturelles et même militantes, font que la région est en construction d’un nouvel équilibre politique et que le traditionnel rapport de force cède place à une nouvelle distribution de capacités politiques à agir et à gouverner localement. Briguer les mandats de proximité du 24 novembre pour la seule région de Kabylie, requiert une importance telle qu’elle préparera les partis à des échéances avenir, les législatives et les présidentielles, c’est dire que l’enjeu est capital et ne peut laisser indifférent les acteurs, a fortiori que cela fait plus de quatre ans que l’urne kabyle n’a pas parlé librement et dans la sérénité. Il est utile de signaler que l’écrasante majorité des listes indépendantes pour ce vote à Tizi Ouzou, sont un conglomérat de dissidents du FFS-RCD et des délégués du Mouvement citoyen. C’est dire que les indépendants auront une force de frappe assez percutante aux fins de neutraliser les formations politiques, qui ont déjà prouvé que l’intérêt de la collectivité est loin d’être leur préoccupation. C’est pour cela que l’acharnement sur les listes d’indépendants s’est fait valoir avant l’heure, les qualifiants de tous les quolibets possibles, dès lors qu’ils constituent une menace sérieuse et que les convictions politiques environnantes leur sont plus que favorables. A Tizi-ville ou dans les localités, la population affiche un engouement à ce rendez-vous, où indubitablement, ce sera la première élection qui verra un taux de participation flamber.

Khaled Zahem

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