Un fait surprenant dans la vallée de la Soummam durant cette campagne de cueillette des olives : alors qu’on attendait les étourneaux, qui ont fait faux-bond cette année et on ne sait pour quelle raison, ce sont les commerçants d’olives de l’Ouest qui arrivent avec des camionnettes chargées d’olives, un produit qu’ils proposent à la vente dans une région réputée être le bastion de l’olive.
Dans ce segment agricole, des intermédiaires ont intégré le réseau. L’année passée, ces intermédiaires ont bien tâté le terrain en vendant des quantités énormes d’olives. Ils ont commencé à les céder à 2 500 dinars le quintal, mais comme la demande était très forte, émanant notamment des huileries puis des citoyens, ils augmentaient le prix en parallèle pour atteindre en fin de campagne les 5 500 dinars le quintal. La faible récolte de cette année leur a beaucoup profité puisqu’ils ont commencé directement par imposer le prix de 6 000 dinars le quintal arguant qu’ils l’achètent chez eux, à Oran, à 5 500 dinars le quintal. «Nous prenons une marge bénéficiaire de 500 dinars sur le quintal», dira l’un des commerçants à qui on a demandé pourquoi les oléiculteurs de l’Ouest préfèrent la vendre au lieu de la transformer en huile. «L’Oranie est connue pour ses olives de table. L’introduction de la variété d’olives donnant de l’huile d’olive est méconnue et il faut dire aussi que les oranais ne sont pas de gros consommateurs de l’huile d’olive comme les Kabyles. Donc pour eux, l’olive est un fruit comme tous les autres. Les producteurs préfèrent le vendre que de le transformer. Heureusement qu’il y a votre région où nous liquidons une bonne partie de la production et nous expédions le reste vers l’Est du pays», a-t-il expliqué. Profitant de cette aubaine, d’autant plus que les livraisons se font à domicile, les gérants des huileries trouvent leur compte dans ces transactions et mettent le paquet pour faire tourner leurs huileries. «J’ai acheté une huilerie qui m’a coûté plus d’un milliard au moment où les récoltes d’olives ont chuté considérablement ces dernières années dans notre région. Pour amortir mon équipement, les olives de l’Ouest sont venues à point nommé m’offrir cette aubaine. Certes, la qualité de l’huile est très différente de la nôtre. Celle de l’Ouest laisse un arrière-goût à la gorge et un Kabyle ne la prendra que s’il est vraiment dans le besoin. Par ailleurs, les olives de l’Ouest sont d’un rendement en deçà de celui de nos olives, ne dépassant pas 15 litres le quintal, alors que nos olives donnent 20 à 25 litres le quintal. Acheter les olives de l’Ouest à un prix dépassant les 6 000 dinars le quintal est un pari qui tend beaucoup plus vers la perte que vers les bénéfices», informa un gérant. Cette inondation du marché local en olives de l’Ouest n’a pas fait baisser le prix de l’huile d’olive, bien au contraire, il a fortement grimpé cette année passant de 350 à 500 dinars le litre. D’ailleurs, le prix de l’huile d’olive n’a pas cessé de grimper ces dernières années et ce, pour de multiples raisons. Tout d’abord, les récoltes sont faibles et ensuite, les augmentations des prix de la main-d’œuvre et des produits manufacturés ont touché les facteurs de production. Le prix de l’huile d’olive avoisinait les 200 dinars le litre, il y a quatre ans, et beaucoup le trouvaient cher. Que diront-ils du prix qui vient de franchir la barre des 500 dinars cette année, et encore, nous sommes en pleine campagne de cueillette. Cette augmentation vertigineuse du prix de l’huile n’est que le résultat d’une faible récolte. Cette récolte a une incidence directe sur le prix des olives locales qui a démarré avec 5 000 dinars le quintal, un prix jamais atteint par le passé. Et en ce milieu de campagne, le prix du quintal a atteint les 6 000 dinars. Beaucoup de revendeurs prédisent d’autres augmentations qui atteindront la barre des 7 000 dinars. Il faut bien voir pour croire. Tout compte fait, il faut dire aussi que la faiblesse de la production et l’inexistence d’un circuit de commercialisation sont autant de facteurs qui feront probablement augmenter davantage le prix de l’huile d’olive.
L. Beddar