Personne n’aurait un jour prédit que les familles algériennes allaient donner tant d’importance pour les cours payants au profit de leurs enfants. La hantise de voir son fils ou sa fille échouer à son examen gagne de plus en plus les parents.
Aujourd’hui, certaines familles se privent de tout dans le seul but de satisfaire ce besoin d’acquérir des connaissances en mettant la main à la poche. Selon quelques parents, l’argent versé pour payer de tels cours varie entre cinq mille et six mille dinars par mois pour deux enfants scolarisés au primaire et au collège. Du coup, l’on se demande si réellement les élèves qui réussissent sont ceux qui prennent ces cours. Dans ce cas de figure, que reste-t-il alors pour l’école publique? A Draâ El Mizan, les enseignants exerçant cette activité du primaire au lycée en passant par le collège, deviennent de plus en plus nombreux : « Nos enfants nous imposent cette nouvelle pratique. Je ne blâme pas les enseignants, mais plutôt l’institution elle-même. Car en principe, si un enseignant est rentable quand il donne des cours chez lui ou dans un garage, pourquoi n’est-il pas aussi performant dans sa classe? A qui la faute? Mais, quand on voit les faiblesses de nos enfants, on doit quand même abdiquer », nous a confié un parent. Et de poursuivre : « Pour deux enfants inscrits au lycée, je débourse 4 000 Da par mois uniquement pour qu’ils prennent des cours de maths et de physique ». Dans ce cas de figure, il n’est pas dit que tous les parents ont des moyens financiers de recourir à ces cours. Pourtant, la moitié des élèves qui passent l’examen n’ont pas eu cette chance, et les taux de réussite explosent d’année en année. Au jour d’aujourd’hui, le taux de réussite est devenu une jauge pour la performance de tel personnel ou de tel autre bien que les élèves ne soient pas sur la même longueur d’ondes. Pour ce directeur retraité de l’éducation, ces cours aident certes les élèves, mais ils ne sont pas l’essentiel. « Depuis le début des années 70 jusqu’à nos jours, nous avons remarqué que les résultats avaient un rapport non seulement avec ce qui leur est dispensé à l’école, mais aussi selon le niveau de leurs familles et l’environnement d’où ils venaient. Donc, leur dispenser de tels cours n’est qu’un atout supplémentaire », tel est son jugement au sujet de ce qui se passe aujourd’hui. Ce parent, lui-même enseignant, est pour cette forme de soutien. « De nos jours, en classe, l’enseignant est loin d’accomplir sa mission dans des conditions idéales. Par contre, avec un groupe restreint, l’enseignant peut quand même s’approcher de chacun d’eux et même avoir vis-à-vis d’eux une pédagogie différenciée », nous a-t-il déclaré. Peu importe les jugements des uns et des autres, l’important est la réussite des élèves. Et avec la façon dont sont orientés principalement les bacheliers, chacun aimerait que son enfant obtienne une bonne moyenne. « A quoi sert d’avoir son Bac avec un 10/20 et même avec un 12/20 ? », s’est interrogé cet autre parent. Si ces cours participent à la réussite des élèves, il ne faut pas du tout minimiser les efforts que fournissent nos enseignants en dépit de toutes les difficultés qu’ils rencontrent en classe.
Amar Ouramdane