“Si on continue à nous mépriser, la rue grondera…”

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La Dépêche de Kabylie : Quelles sont les principales revendications de votre syndicat ?

M. Arouf Akli : La création de notre syndicat sous l’égide du Snapap, c’est pour annoncer notre retrait de confiance à l’UGTA dans laquelle nous placions tout notre espoir et ce jusqu’à la dernière tripartite où la filouterie de Sidi Saïd a été flagrante. Nous revendiquons une vie dans la dignité une pension de retraite alignée au pouvoir d’achat, augmentation de l’indemnité de femme au foyer pour la porter à 5 000 dinars- abattement de l’IRG selon le montant de la pension- abrogation de l’art 87 bis- nous demandons le remboursement intégral des frais engagés pour soins- contribution de l’Etat à raison de 50% des charges de loyer, électricité…

 

La déclaration-appel fait état d’une situation des plus déprimantes des retraités, leur situation est-elle si catastrophique ?

Après le sacrifice durant la guerre de Libération, certains retraités ont contribué à relever le défi de l’après-Indépendance en donnant tout leur savoir et toute leur jeunesse  pour que les entreprises économiques et les administrations continuent à fonctionner, vint ensuite la décennie noire du terrorisme où certains ont fui le pays alors que nous sommes restés bravant la mort, au jour d’aujourd’hui, les retraités sont réduits à faire la manche (mendier) et certains fouillent les dépotoirs des marchés pour ramener quelque chose à leur progéniture. Certains, de guerre lasse, se sont suicidés, d’autres ont divorcé malgré eux. Sidi Saïd nous a trahis, en nous appauvrissant, et en détournant plus de 500 millions de dinars des retraités au profit de Khalifa Bank, en falsifiant des documents sans être inquiété d’ailleurs, nous revendiquons leur restitution à la CNR.

 

La pauvreté a atteint un seuil alarmant. Des jeunes qui n’ont aucun débouché des universitaires au chômage, le pouvoir d’achat déroutant où même le cadre moyen n’arrive plus à joindre les deux bouts, et pourtant cette décennie a été florissante pour l’Algérie de par ses rentrées en hydrocarbures où des réserves en devises ont atteint les 200 milliards de dollars US. A quoi est due cette situation ?

 

On se focalise toujours sur les recettes des hydrocarbures, mais on oublie l’argent hors hydrocarbures. Où est passé l’Etat pour récupérer tout l’argent public, sachant que 75% de la main-d’œuvre (nos enfants) travaille sans assurance dans le privé notamment le bâtiment, 25%  dans l’informel, et plus de 45% chez les importateurs. En outre, qu’est-ce qui profite des frais engagés par l’Etat pour l’éducation, les universitaires, c’est toujours le privé dans la nouvelle formule ANEM, cet organisme paie des universitaires ayant le master en poche à raison de15 000 da par mois, au lieu de l’employer dans le secteur public, qui accuse un déficit en effectif, on l’affecte au privé qui en fait des esclaves des temps modernes.

 

Ces derniers temps la presse, rapporte des cas de dizaines de retraités chassés de leur logement qu’ils occupaient depuis toujours dans le cadre de leur fonction, votre mot à ce sujet ?

Vous dites des dizaines, mais en réalité il s’agit bel et bien de plus de 5 000 retraités qui sont chassés de chez eux à l’échelle nationale. La preuve est là il s’agit bien sûr de la crème de notre élite d’hier, puisque par honnêteté ils se sont sacrifiés pour leur travail en mettant de côté leur intérêt personnel alors que d’autres malhonnêtes s’enrichissaient et s’accaparaient de logements qu’ils louent aujourd’hui. Aussi, nous demandons aux autorités de les prendre en charge en les relogeant décemment n’était-ce pour services rendus au pays durant des périodes bien difficiles. Qu’ils sachent que le bureau des retraités de la wilaya de Béjaïa, apporte son soutien indéfectible à l’ensemble des retraités à l’échelle nationale.

 

Jusqu’à présent, vous revendiquez vos droits pacifiquement, au cas où les pouvoirs publics continuent à faire la sourde oreille à vos revendications somme toutes légitimes, qu’envisagez-vous pour vous faire entendre ?

Nos revendications sont des plus légitimes. Nous demandons seulement de vivre nos derniers jours dignement, après avoir sacrifié notre jeunesse pour notre patrie. Nous demandons qu’avec notre pension nous puissions avoir accès aux besoins les plus élémentaires pour une vie décente, nous demandons notre part des richesses nationales. Au cas où les pouvoirs publics continuent à nous mépriser, la rue parlera

B.R.

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