Est-ce la bonne solution?

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Le blocage des routes et l’occupation des sièges des APC et autres édifices publics, font partie du quotidien de la population locale en Kabylie. À Tizi-Ouzou, il ne se passe pratiquement pas un jour sans que l’on signale de telles actions ça et là à travers les quatre coins de la wilaya.

Hier encore, la route a été coupée à la circulation à Draâ El Mizan où les habitants de Maâmar sont descendus dans la rue afin de crier leur ras le bol contre leur cadre de vie. Pas loin de la, à Boghni plus exactement, c’est le siège de la daïra qui a été fermé cette fois par les transporteurs qui réclament un arrêt au centre ville du chef lieu de la wilaya. Lundi, pas moins de cinq mouvements du genre ont été enregistrés à travers la wilaya qui ne sait plus à quel saint se vouer devant cette situation. Une situation qui perdure depuis plusieurs années et qui va en s’aggravant. Mais à qui en incombe la faute ? À vrai dire, ces manifestations de rue se sont imprimées au fil du temps comme un moyen de revendication pour les villageois.

« C’est notre ultime recours pour nous faire entendre », cette phrase revient comme un leitmotiv sur toutes les lèvres à chacune de ces actions. Les protestataires soutiennent, en effet, que les pouvoirs publics et les autorités concernées, ne bougent le petit doigt qu’après de tels mouvements. « Les démarches pacifiques ne mènent à rien », disent, unanimement, les villageois qui sont, un jour, sortis dans la rue réclamer le gaz de ville, l’eau potable, le revêtement des routes, l’assainissement et autres commodités de base. Il est vrai qu’on a souvent assisté à des « délivrances » suite à ces actions. Des revendications ont été tout de suite prises en charge au lendemain de ces actions. Et ce n’est certainement pas les exemples qui manquent. Les villageois de Tamda, dans la commune de Ouaguenoun, ont vu leur localité se métamorphoser, par un projet d’embellissement lancé juste après que les habitants aient fermé la route. C’était en 2008. Le village Abid Chamlal, dans la commune de Tizi-Ouzou a pu arracher un projet d’assainissement après que les citoyens aient bloqué également la route en 2009. Ceux de Nezla, dans la municipalité de Fréha, ont dû occuper l’APC pour voir leurs revendications relatives à l’amélioration de leur cadre de vie aboutir…toutes. « Ces fins heureuses », nombreuses ont comme donné « le mauvais exemple ». « Faisons comme l’autre village! Allons fermer la route », se disent ainsi les autres habitants lorsqu’ils se trouvent confrontés à un quelconque problème. Ainsi, cette manière de faire a fini par être adoptée par les villageois. En effet, ils doivent être moins nombreux, les villages de la wilaya qui n’ont pas du recourir à la rue pour arracher un quelconque droit. Mais est-ce bien la solution, la bonne ? La question mérite d’être posée, car ce sont toujours les citoyens qui payent les conséquences de ces actions. « On ne nous laisse pas le choix, on sait qu’on cause des désagréments à nos concitoyens, mais ils doivent nous comprendre ». Cette réponse vient d’un villageois de Maâmar, à Draâ El Mizan, qui a participé au blocage de la RN 25, hier. Du coté des autorités, on a souvent crié la manipulation. Les élus et les pouvoirs publics ont souvent soutenu qu’untel ou tel clan est derrière ces mouvements. Quoi qu’il en soit, une solution concrète s’impose afin de mettre fin à de telles pratiques qui sont pourtant condamnées unanimement, et par les citoyens et par les responsables. Et c’est là où réside justement le paradoxe.

M.O.B

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