La Maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi-Ouzou a abrité durant la journée du jeudi 29 décembre 2011, l’évocation d’un personnage hors pair, l’érudit de la poésie berbère, Si Mohand U Mhand.
Au programme de cette manifestation, trois conférences ont été retenues. Ainsi, Abdenour Abdeslam, écrivain et journaliste, a traité le thème de l’ »Analyse poétique en commun ». Le conférencier, en connaisseur de l’homme et de son oeuvre, s’est étalé sur la qualité des poèmes et du caractère de Si Mohand U M’hand : « Il était d’une admirable attention. Il disait ce qu’il ressentait. Ce qu’il a vécu! Son errance avait contribué à sa production poétique. Il a vu ! Il a vécu! ». Mohamed Ghobrini, écrivain et journaliste aussi, a traité de «La poésie ancienne de Si Mohand U Mhand». Une conférence complémentaire de la première où un point commun est à relever, l’éducation et la qualité des poèmes du personnage dont on se souvient encore aujourd’hui. Il est à rappeler que c’est la conférence de Mouloud Mammeri sur « les Isefra de Si Mohand U Mhand » qui fut le déclic des évènements du 20 Avril 1980, avec toutes les conséquences dramatiques, dont les plaies ne sont pas encore fermées, que ça a engendré. L’œuvre de Si Mohand U Mhand se compose, selon certains témoignages de 132 poèmes, 150 pour d’autres. « Il était très difficile de les rassembler tous, n’était-ce le travail acharné et soutenu d’hommes de culture tels Saïd Boulifa et Mouloud Mammeri, entre autres. « Si Mohand U Mhand n’écrivait pas ses poèmes. L’oralité était le seul moyen de leur mémorisation. Et c’est de cette manière qu’une bonne partie de l’oeuvre du poète ne fut pas retrouvée. Car le passage de l’oralité à l’écrit n’a pas eu lieu à l’époque. Un autre élément est à souligner : « Si Mohand U Mhand ne répétait pas ses poèmes. Alors, ce n’était qu’une oreille attentive qui pouvait les enregistrer. Cependant, ses poèmes étaient courts et faciles à mémoriser. Ils s’inspirent de la culture berbère. Il y décrit, comme une fresque, les fêtes du village, l’ambiance bon enfant. Il se décrit pris dans sa solitude au sein de la société dans laquelle il se voit évoluer ». La rencontre, même tardive, avec le vénéré Cheikh Mohand Ou El Hocine, homme pieux et de grande générosité connu pour ses maximes et proverbes, a été abordée lors de cette évocation. Ainsi, il est dit que cette entrevue, entre les deux hommes, qui avait bien débuté s’est terminée, malheureusement, par une sorte de propos qui annonçaient de mauvais présages. « C’est ainsi, comme l’a prédit Si Mohand U Mhand, Cheikh Mohand Ou El Hocine mourut sans laisser de progéniture mâle. Si Mohand U Mhand, lui, comme l’a pressenti le Cheikh, mourut en apatride et sera enterré à Askif N Tmana, sur une terre d’asile ! », conclut le conférencier. Il est à rappeler que durant la matinée de la même journée, un dépôt de gerbe de fleurs eut lieu sur la tombe de Si Mohand U Mhand à Asekif N’Tmana, à Aïn El Hammam, suivi d’un récital poétique déclamé par des poètes de l’association culturelle Youcef U Kaci de Timizart (Ouaguenoun). Si Mohand U Mhand est né vers 1845 et est décédé en 1906 (selon Boulifa). Il laissa une oeuvre inachevée, mais d’une extrême richesse, qui, plus d’un siècle après, suscite de l’intérêt et une curiosité sans précédent, car c’est toute une tradition et une culture à étudier et promouvoir.
Arous Touil

