La Kabylie a fêté la venue du Nouvel an berbère. L’occasion a été célébrée en grande pompe à travers tout le territoire national, et au sein des foyers où ce jour revêt un caractère particulier.
Yennayer, est le premier jour de l’an berbère, mais au-delà que symbolise-t-il encore ? Une question à laquelle peu de gens sont en mesure d’apporter une réponse. Et ce n’est sans doute pas les moins jeunes d’entre eux qui y parviendront. “Le 12 janvier, c’est le réveillon kabyle», nous dira un écolier. “C’est le jour de mon anniversaire», plaisantera un étudiant. “Jeudi, c’est Yennayer, on a pas cours, cela nous fait un week-end prolongé», une autre réplique que se partagent, cette fois-ci, pratiquement tous les jeunes Kabyles à travers la wilaya de Tizi-Ouzou. Ceci, étant donné que dans les établissements scolaires de Kabylie, les élèves ont droit, depuis un certain temps, à une journée fériée, mais non encore institutionnalisée. Chose qui, bien évidemment, fait la joie des écoliers. Toujours est-il, Yennayer est le bienvenu. Mais autre fait, le calendrier agraire utilisé par les Berbères à travers l’Afrique du Nord pour calculer les années en est à quelle année ? “Je pense qu’on est en deux mille et quelque chose…», dira un lycéen, tout de suite rejoint par son camarade qui corrige : “Je sais qu’on a largement dépassé les deux mille ans, qu’on est le calendrier qui a comptabilisé le plus d’années, mais pour dire la date exacte, je ne peux pas”. C’est sans doute parce que le décompte, selon le calendrier agraire, n’est pas familier. Les gens se sont plutôt habitués au calendrier grégorien. En fait, les Amazighs du monde entier fêtent l’an 2962.
L’occasion, qui intègre de plus en plus les habitudes des Algériens et s’introduit dans les mœurs, est accueillie, chaque année, par les associations et autres organisations. Par ailleurs, Yennayer, qui coïncide avec le 12 janvier de chaque année, a comme chaque événement historique, ces mythes propres à lui.
Mais au-delà de ces généralités que tout le monde connaît, quelles sont les origines de cet événement ? “ Il y a des gens qui racontent une histoire au sujet d’une vieille femme, mais je ne sais pas de quoi il s’agit au juste», dira une jeune étudiante en deuxième année de langue et littérature françaises. “La vieille femme aurait causé l’ire de Yennayer, qui par la suite, s’est vengé en la transformant en pierre», explique une autre. Des légendes différemment contées au sujet d’une vieille femme. Des contes sont rapportés, selon les régions et selon les croyances. Malgré cela, elles se rejoignent toutes dans une seule et unique logique, la mort de la vieille, causée par Yennayer. En effet, les Kabyles disent qu’une vieille femme, croyant l’hiver fini, sortit un jour de soleil dans les champs et se moquait de Yennayer. Ce dernier, mécontent, emprunta deux jours à Furar (février) et déclencha, pour se venger, un grand orage qui emporta dans ses énormes flots, la vieille femme. Selon d’autres mythes, Yennayer emprunta seulement un jour et déclencha un grand orage qui transforma la vieille en statue de pierre et emporta sa chèvre. Ce jour particulier est appelé l’emprunt (Amerdil).
Le Kabyle le célèbre chaque année par un dîner de crêpes. Le dîner de l’emprunt (Imensi umerdil) est destiné à éloigner les forces du mal. Pour ceux qui célèbrent l’occasion, qu’importe, le tout étant d’avoir l’occasion d’être réunis avec les siens et de se souhaiter les meilleurs voeux. Yennayer devient, ainsi, une occasion pour les membres de la famille de se retrouver et de se réunir autour d’un repas généralement copieux, plus au moins inhabituel, où le poulet sacrifié le matin est roi. “Ce soir, nous allons tous avoir du poulet à table, repas unifié à travers toute la Kabylie», fera remarquer une quadragénaire.
Mais il ne faut pas ignorer les vraies provenances de l’événement. En effet, ce fut le 1er Yennayer, en l’an 962 avant Jésus-Christ, que le roi Chechnak a trôné à Siwa (Egypte) et détrôné son roi. Ce fut, à partir de cette date que le calendrier berbère a été mis en marche pour la première fois. Après 2000 ans, les populations du Grand Maghreb continuent à consacrer Yennayer en grande pompe. Et cela, même si le réveillon de l’an grégorien rafle la mise, Yennayer préservera toujours sa place à travers les us kabyles.
Assegas Amegaz à tous !
T. Ch.