Boutouab, un petit village reclus et enclavé de la commune de Tamokra, se vide graduellement de sa substance humaine.
«Le problème d’exode a toujours été le lot de notre village, mais le phénomène s’est considérablement amplifié au cours de ces dernières décennies», analyse un ex-habitant de Boutouab, installé depuis belle lurette à Akbou. «Parmi ceux qui restent, la majorité est habitée en permanence par la tentation de mettre les bouts», enchaine notre interlocuteur. Au fait, que peut-on faire à la campagne quand on n’a que les venelles du village et quelques copains d’infortune ? Quand le travail fait défaut ? Quand les commodités de base sont aux abonnés absents ?… «En dehors de l’école primaire, il n’y a aucun édifice public ou structure d’accompagnement à même de retenir la population», relève un sexagénaire de Boutouab, faisant partie de la poignée d’indécrottables campagnards qui s’accrochent vaille que vaille à leur crête. «Le départ est surtout motivé par la recherche de l’emploi, car le travail de la terre ne nourrit plus son homme, comme au temps jadis», renchérit un autre villageois, suggérant que la désagrégation de l’économie agropastorale est passée par là.
«Il y a un demi siècle environ, on travaillait sans compter, en se contentant du strict minimum pour vivre. Aujourd’hui, l’équation est inversée de sorte qu’on trime beaucoup moins, tout en étant exigeant et calculateur», ajoute-t-il.
Même le programme d’aide à l’habitat rural, qui poursuit, entre autre objectif, la fixation des populations rurales, n’a pas atteint les objectifs escomptés.
«Il y a, certes, des gens qui construisent en bénéficiant de l’aide du FONAL, mais très peu habitent les maisons construites», fait remarquer un retraité de Boutouab.
N. Maouche