Brahim Izri, 7 ans déjà

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Le destin a voulu qu’il parte à la fleur de l’âge, en ne dépassant pas 51 printemps d’une vie marquée par des peines et des joies.

Emporté par une maladie à l’âge où il pouvait encore beaucoup donner à la culture Amazighe qu’il a défendu avec acharnement, jusqu’à son dernier souffle, et qui a tant besoin de lui.Brahim Izri nous a quittés il y a 7 ans, soit le 05 janvier 2005, décédé dans un hôpital parisien. Il naquit le 12 janvier 1954 au village d’Ath Lahcen dans la région d’Beni Yenni dans wilaya de Tizi-Ouzou. Il était gamin quand il écoutait avec passion les chants coraniques que récitaient les étudiants en théologie dans la Zaouia érigée par son grand père. Cela lui a servi, puisque jeune enfant, il jouait déjà à la flûte fabriquée avec une tige de roseau. Les douces mélodies qui coulaient de ses lèvres captivent des mélomanes qui voyaient, déjà en lui un jeune musicien prédestiné à une carrière artistique prometteuse. Il était lycéen et adolescent quand il se dévoua à la chanson en fondant, avec d’autres lycéens, le groupe Igoudhar. Une formation artistique qui se lança dans le moderne mais qui, malheureusement, n’a pu survivre longtemps. Brahim, ne se décourageant pas, devient alors le musicien guitariste du chanteur emblématique Idir. Il resta des années dans la troupe de Idir où il participa à des tournées en France et dans certains pays d’Europe. Cette longévité a fait de lui un musicien aguerri, capable de voler de ses propres ailes. Durant tout ce temps, il n’a fait que capitaliser une grande expérience qui a fait de lui une personnalité musicale reconnue. En homme de convictions qui voulait percer davantage dans le domaine artistique, il décida de tenter sa chance en solo. Auteur, compositeur et interprète de sa première cassette sortie en 1986, comprenant six chansons, l’artiste laisse éclater son talent dans un univers artistique exigent, surtout avec la chanson Dhachouyi, qui illustre tout son combat pour le triomphe de la culture Amazighe. Ce barde de la chanson moderne kabyle sort un nouvel album en 1995 intitulé Lboudala. Un chef d’œuvre qui hissa davantage le chanteur dans le couronnement grâce à la chanson Chetedouyi. Beaucoup ont vu, en lui, un artiste au grand talent qui veut propulser la chanson moderne kabyle à un niveau universel en sortant, en 1999, la chanson Tizi-Ouzou, en compagnie de Idir et de Maxime Le Forestier, avec des couplets en kabyle et en français. D’ailleurs, ce que les fans ont retenu de Brahim, c’est sans doute qu’il a été le premier à avoir fait chanter en kabyle un artiste français, son ami Maxime Le Forestier. Ce grand homme, qui a laissé des empruntes qui ne s’effaceront pas de sitôt des mémoires et qui constitueront des repères pour les générations montantes, est connu non seulement comme l’une des célèbres voix kabyles qui ont beaucoup donné pour la culture Algérienne, mais aussi comme un humaniste au cœur généreux. Il a exprimé son attachement à la patrie dans un opus de la chanson « Algérie mon amour » qu’il a chanté avec d’autres artistes algériens. Parmi ses actions de bienfaisance, figure sa participation très remarquée au Zénith, avec quatre autres chanteurs, lors d’un gala dont la recette a été versée à une association d’aide aux victimes du Printemps Noir de 2001 en Kabylie. Il a été marqué par les tragédies de Boumerdés et de Bab El Oued, tenant à être présent aux cotés des victimes.

Il a été aussi d’un soutien indéfectible aux sans papiers kabyles de France, comme il a été un militant des valeurs démocratiques en revendiquant l’émancipation de la femme, la liberté d’expression et la diversité linguistique et culturelle à travers des chansons, des galas, …etc.

Pour toutes ces considérations, ce chanteur qui même s’il n’est plus de ce monde, restera à jamais dans les cœurs de ceux qui ont connu son courage et son humanisme.

L. Beddar

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