Découvert 3 siècles avant l’arrivée des Turcs soit aux environs du 11e siècle, le sel a depuis constitué la richesse principale sur laquelle s’est focalisée la population du Aârch Imelahen pour vivre en exploitant l’immense gisement à grande échelle. Une activité qui a en même temps sortie de l’anonymat cette région perdue au milieu des non moins immenses étendues forestières. Selon plusieurs témoignages recueillis auprès de personnes âgées et cultivées de cette tribu d’Imelahen, qui tire son nom de cette matière alimentaire, le sel en l’occurrence, la découverte a été faite par un berger au lieudit Oumelil à proximité du mont Chréa, non loin du plus grand ravin de cette région Ighzer Oumenchar, ce berger a remarqué une humidité fort apparente sur une parcelle de terrain une humidité qu’il juge anormale en plein été et qui suscita sa curiosité il commença par creuser un trou au milieu de cette tâche différente du reste du sol aux alentours. En revenant le lendemain, il découvre le trou rempli d’eau que ses bêtes reniflèrent sans la boire , en la gouttant il lui trouva un goût fort salé et remarqua en même temps que les pourtours du trou sont recouverts d’une poudre blanche qu’il ramena chez lui pour être reconnue par les personnes âgées comme étant du sel. On raconte que ce berger qui est d’une autre région aurait été tué par la suite pour que soit préservé le secret de la découverte de cette importante richesse. C’est ainsi que les Imelahen ont établi leur premier village sur les lieux même de la découverte, appelés Oumellilen par rapport à la qualité du sol (blanc) ou plusieurs siècles plus tard a été découvert un autre gisement de gibs (chaux). Petit à petit, les villageois ont commencé l’exploitation du sel en développant des techniques qui leur permettront de recueillir des quantités importantes pour en faire durant plusieurs siècles un commerce florissant en versant dans le cabotage (troc) contre l’ensemble des variétés alimentaires avec les autres Aârchs, telle que toute la gamme des céréales, les figues sèches et l’huile. Grâce à ce gisement de sel, ce Aârch dont le village a été plus tard baptisé Thamelahth a vécu longtemps dans l’opulence en devenant la destination de tous les marchands spécialisés dans le troc. Pour faire face à la demande sans cesse croissante et en tirer un maximum de profil, Imelahen ont mis en pratique la technique des «marais salants», qui consiste à aménager des bassins à même le sol pour recueillir l’eau salée, qui traverse le gisement du sel à la sortie de source, et la transporter dans des outres en peaux de chèvres dénommées «Aggechoul» et versée dans ces bassins cela pour éviter les pertes du sel lors de l’utilisation des canaux d’acheminement. Cette opération de remplissage des bassins est dénommée «Achekah» cela durant l’été pour permettre l’évaporation de l’eau emmagasinée dans les bassins et recueillir le dépôt du sel. Pour éviter des fuites d’eau, les bassins sont revêtus de l’intérieur à l’aide d’une couche de terre glaise imperméable arrosée d’eau pour obtenir une pâte, ensuite cette croûte de terre «Oumelil» est parsemée de cailloux de couleurs rouge «Thanicha», une qualité de chiite ou granit «azrou el kasseh», celle-la même qui produit des étincelles et qui permettait à nos aïeuls d’allumer le feu. Ces cailloux de petit calibre sont enfoncés en lignées qui courent dans le bassin, pour cette opération on utilisait un maillet en bois «El Mesfah».
La troisième et dernière opération avant le remplissage consiste à éliminer les bavures et poussière à l’intérieur du bassin à l’aide d’une poignée d’arboise «échih» cela pour faciliter la récupération de la couche du sel propre après évaporation de l’eau qui prend entre 10 à 15 jours, selon les températures du climat, deux variétés de sel sont ainsi récoltées : el melh ougharef et thadharghalt. Les citoyens qui nous ont relaté les différentes étapes de cette activité affirment que le sel de Thamelahth est suffisamment riche en iode et que sa consommation ne comporte aucun risque de provoquer le goitre, cela en se basant sur le fait que cette maladie, dont l’origine est le sel, est inconnue au niveau de leur village. Les mêmes personnes nous apprendront que cette activité est malheureusement en déclin et qu’il ne reste que deux à trois personnes qui persistent encore à exploiter le sel. Nos interlocuteurs nous affirment plus loin que le gisement est largement important pour en faire une activité à caractère industriel.
Oulaid Soualah
