Après trois jours de galère, la situation semble revenir à la normale dans la région avec notamment l’ouverture des différents axes routiers et le rétablissement du courant électrique dans la majorité des localités, même si la neige continuera encore à tomber sur les hauteurs dépassant 500m d’altitude jusqu’à demain mercredi, indique le dernier BMS.
Mais globalement, la tendance est à l’amélioration un peu partout à travers le territoire de la wilaya. Le soleil a même refait surface, hier, dans plusieurs endroits au grand bonheur des citoyens qui ont vécu quatre jours de froid glacial. La neige qui avait balayé l’ensemble du territoire de Tizi-Ouzou, a presque cessé sur les plaines et les régions à basse altitude. L’atmosphère est agréable. Les enfants, qui ont bénéficié d’une journée de repos supplémentaire, suite à la décision de la direction de l’éducation de fermer les écoles, s’en sont donnés à cœur joie à leurs jeux. Les rayons de soleil ont embelli le décor. C’est la course à la photo souvenir. On ne se permet pas à chaque saison quatre jours de neige. Dans la ville de genets, la vie a repris ses droits. Les différents édifices publics ont repris du service. C’est le cas de la poste, des banques et des services de l’APC. Malgré un absentéisme record, le service est assurée. Il faut reconnaître, aussi, que ce n’est pas la grande bousculade au niveau des guichets. « La plupart de nos employés habitent dans des régions montagneuses et comme plusieurs routes sont encore bloquées, ils ont trouvé beaucoup de peine à rejoindre leur lieu de travail », nous confie un agent d’Algérie Poste. Mais il faudrait relever, aussi, que certains employés ont profité de la situation pour prolonger leur week-end. Une situation qui profite à certains, mais qui fait souffrir beaucoup d’autres. C’est le cas des citoyens résidant en haute Kabylie qui ont trouvé les portes de plusieurs établissement, privés et étatiques, encore fermés au niveau des communes perchées sur les hauteurs. Même le service minimum est loin d’être assuré au grand dam des citoyens qui se sont retrouvés sans pouvoir se faire délivrer le moindre document. Mais devant l’ampleur des dégâts occasionnés par cette tempête de neige, il faut reconnaître que le citoyen avait d’autres priorités. Comment sortir de l’isolement qui a touché la quasi-totalité des villages de la wilaya et, surtout, faire face aux aléas de la nature lorsqu’on est coupé du monde et sans le moindre moyen. Depuis vendredi, la Kabylie a vécu au ralenti. Ce n’est qu’à partir d’hier matin que les choses commençaient à revenir à la normale. L’ampleur des chutes de neige qui ont dépassé en plusieurs endroits un mètre d’épaisseur, a fait que plusieurs routes restent toujours bloquées. Malgré les moyens mis à la disposition des municipalités, dans le cadre du plan Orsec chapeauté par la wilaya et les cellules de daïra, les choses ne risquent pas de revenir à la normale de sitôt. En effet, ayant balayé la wilaya de bout en bout, cette tempête, dont l’ampleur dépasse de loin celle de 2005, a touché l’ensemble des 1514 villages que compte Tizi Ouzou. C’est le cas surtout au niveau des axes menant vers les villages et bourgades situés sur les hauteurs dépassant 900 m d’altitude. Ont peut citer des villages situés à Aïn El Hammam, Akbil, Bouzeguene, Iferhounène, Larbaâ Nath Irathen, où la neige continuait encore de tomber. Si les principaux axes menant vers les chefs-lieux communaux ont pratiquement été rouverts à la circulation, indique-t-on au niveau de la cellule de crise de la wilaya, les chemins et les routes traversant les différents villages le seront au fur et mesure que les conditions climatiques le permettent. A cet effet, la direction des travaux publics a réquisitionné pas moins 200 engins, parmi eux ceux des entreprises privées. Un chiffre qui reste de loin insuffisant vu le nombre important d’APC et de villages touchés par la catastrophe. Il aura fallu faire appel aux éléments de l’ANP qui sont intervenus, hier, sur plusieurs axes routiers, à l’instar de Larbaâ Nath Irathen, Azazga, Aghribs… pour procéder au déneigement.
L’autre fait marquant de cette tempête reste incontestablement la rupture du courant électrique dans plusieurs localités de la wilaya. Selon les chiffres fournis par la direction locale de la Sonelgaz, pas moins de 22000 foyers étaient, jusqu’à hier matin, sans électricité. C’est le cas à Zekri, Aghribs et une partie d’Azazga avec 5000 foyers, Imsouhal (1000), une partie de Beni Zmenzer (1000), Mkira, Aït Yahia Moussa et une partie de Tizi Gheniff (5000), Azeffoun, Aït Chaffa, Iflissen, Timizart et Mizrana avec 10000 foyers. L’ampleur de la tempête a fait que le réseau subisse des dégâts en plusieurs endroits, indique le directeur de la distribution de l’électricité et du gaz au niveau de Tizi-Ouzou. Selon le compte rendu fourni par la direction, les quantités remarquables de neige ont entraîné des ruptures des conducteurs 30 kva, notamment quelques dorsales, ainsi que des chutes des supports de lignes suite à des glissements de terrain. Ces incidents ont causé la rupture de la fourniture d’électricité pour 110.000 foyers, soit 35% du total des abonnés. Un chiffre alarmant qui démontre on ne peut mieux l’ampleur de la catastrophe causée par cette tempête. Afin de remédier à cette situation, une cellule de crise a été installée au niveau de la direction de la SDE de Tizi-Ouzou afin de contrôler et de suivre l’évolution de la situation, et pour asseoir une meilleure synergie. Des permanences ont été également installées au niveau des districts de Tizi-Ouzou, Larbâa Nath Irathen, Azazga, Tigzirt et Draâ El Mizan, sachant que le gros des difficultés étant localisées au niveau des régions situés en hauteur, d’où un renforcement supplémentaire dans les localités dépassant les 600m d’altitude. Selon le premier responsable de la SDE, M. Boulakhras, l’ensemble des effectifs de la société ont été réquisitionné H24, y compris les employés de l’administration. « La situation a fait que nous avons mis tous les moyens matériels et humains afin de rétablir l’électricité au plus vite dans les foyers », nous confie-t-il, avant de nous préciser que les efforts déployés au premier jour de la tempête ont permis de rétablir le courant pour 60000 foyers, et cela après localisation des sièges de défauts et l’ouverture de certaines routes par les autorités locales. « Les citoyens doivent surtout savoir que le rétablissement du courant dans certains endroits ne dépendait pas seulement de nous mais aussi de la disponibilité des voies d’accès, car si nos équipes déployées sur le terrain font tout leur possible afin de rétablir les pannes, parfois ils se trouvent devant des situations difficiles en raison de l’impossibilité d’accès aux lieux et parfois il s’y risquent au péril même de leur vie ». A cet effet, notre interlocuteur nous a cité le cas de cet employé qui avait parcouru une distance de plusieurs kilomètres à pied dans la région de Attouche afin de pouvoir atteindre le lieu de la panne en abandonnant le véhicule de service avec tous les risques encourus. Notre interlocuteur n’a pas omis de lancer un appel aux citoyens, les invitant à ne pas se substituer aux employés de la Sonelgaz lorsque des pannes de courant sont signalés au niveaux de leurs localités, car, précise-t-il, cela pourrait engendrer des conséquences fâcheuses sur leurs vies et celles des travailleurs concernés par les travaux sur le terrain. Toutefois, le directeur de la SDE a tenu à rassurer les abonnés quant à la situation qui devrait se normaliser, à partir d’aujourd’hui, à travers la majorité du territoire de la wilaya, encore sans alimentation en courant électrique.
Ali C.