«Je sculpte mes rêves et mes convictions»

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Slimane Sadek a blanchi sous le harnais de la forge. Après des décennies d’une vie trépidante passée, pour ainsi dire, entre le marteau et l’enclume, il décide d’opérer une reconversion, pour le moins impromptue, pour user ses vieux jours dans la sculpture sur bois. « J’ai toujours été habité pour ne pas dire hanté par l’idée de travailler le bois et illustrer mes rêves, mes fantasmes et tailler mes convictions », lâche l’artiste, avec un brin de condescendance. « La culture amazighe m’inspire profondément, mais tout artiste qui se respecte doit rester ouvert sur l’universalité », renchérit Slimane, qui nous dit redouter le piège de l’enfermement et des ghettos sclérosants. Une chose est certaine, ses compositions, quoique méconnues du grand public, ne laissent guère insensible. L’artiste évolue dans un atelier qui a servi à plusieurs générations de sa famille où l’on est forgeron de père en fils. Ses œuvres renseignent sur sa façon d’appréhender la vie, livrent ses émotions et, surtout, sa manière de faire sentir « le désordre de la composition » au visiteur. Des compositions bavardes, posées en fatras ou accrochées aux cimaises, incitant le dialogue pressant. Elles confèrent au lieu une atmosphère de sacralité où l’art plastique le dispute à l’art appliqué et au doigté artisanal. En définitive, tout parait figé mais, en même temps, se meut dans le spatio-temporel. Slimane, qui continue, malgré le poids des ans et une santé chancelante, à se frotter à sa passion fétiche, confesse vouloir prospecter d’autres matériaux. « J’ai à cœur de découvrir d’autres supports pour vivre d’autres sagas », dira Slimane, qui avance, à pas feutrés, sur les guillerets chemins de l’art.

N. Maouche

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