Les habitants du village Aït Imghour, dans la commune de Mechtras, sont passés, hier, à une action radicale en procédant à la fermeture, au lieudit Tahechat, de la RN30 qui relie la ville de Mechtras à celle de Boghni, pour attirer l’attention des autorités locales sur les pénibles conditions qu’ils endurent depuis le début des intempéries. Découragés et exaspérés par les livraisons de gaz butane qui n’arrivent qu’au compte-gouttes, loin de satisfaire la forte demande exprimée par des villageois démunis et isolés, les dizaines de citoyens qui faisaient la chaîne depuis l’aube au niveau d’une pompe à essence située sur la route nationale, à 1km du chef-lieu communal, ont décidé de fermer, en fin de matinée d’hier, la route à la circulation. «Les villageois en ont marre de souffrir seuls, ils n’admettent pas l’indifférence des organismes concernés et des autorités locales face aux conditions difficiles qu’ils subissent depuis le début des intempéries. Ce n’est pas facile pour toutes ces personnes de faire le pied de grue sous la pluie, la neige et le froid rigoureux toute une journée pour une bonbonne de gaz et repartir le soir bredouilles. D’autant plus que les routes sont maintenant praticables. Qu’attend-on pour répondre à la forte demande en gaz butane. Pour les citoyens, il s’agit d’un manque d’organisation et d’engagement de la part des responsables, chacun à son niveau», a indiqué un de ces habitants, joint par téléphone. Il y a lieu de signaler que si le chef-lieu communal de Mechtras a été épargné depuis le début des intempéries, par les coupures d’électricité il n’en a pas été de même pour le village Aït Imghour dont une bonne partie de la population s’est retrouvée sans électricité durant six jours suite à une panne d’un transformateur. «Ce n’est qu’en fin de journée de jeudi dernier que l’électricité a été rétablie. Ajouté à l’indisponibilité du gaz butane, la situation était insoutenable. Heureusement que l’élan de solidarité a été très fort. Dès le début, les villageois qui disposent de véhicules se sont portés volontaires pour partir sillonner les diverses contrées à la recherche du gaz butane. Ce matin à 6 heures (hier Ndlr), ce sont deux «bâchées» et un camion qui sont partis à Baraki pour approvisionner quelques citoyens du village, cela sans même les faire payer les frais de transports, donc, pas plus que 200 dinars. De même que les commerçants qui se sont donnés la peine de ravitailler la population en denrées alimentaires et autres besoins, sans pour cela user de prix exagérés. Une attitude tout à l’honneur de ces citoyens qui contribuent au soulagement de leurs prochains», a ajouté notre interlocuteur. Pour rappel, la commune de Mechtras est, à l’exception de quelques quartiers, raccordée au gaz naturel depuis 2007. Tandis que le village Aït Imghour n’a pas été inclus dans ce programme. Ce n’est qu’en 2011 que le projet de raccordement du village fut retenu et les travaux entamés. «L’entreprise réalisatrice retenue aurait dû terminer les travaux, malheureusement, elle s’est distinguée par un retard considérable. En fin de compte, l’entreprise a disparu avant la fin des travaux et après avoir transformé le village en vrai bourbier. C’est un peu tout cela qui a provoqué la colère des jeunes qui ont, finalement, procédé à la fermeture de la route», explique-t-on encore.
S. L.