Hommage à Frantz Fanon

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Un hommage a été rendu à Frantz Fanon, jeudi soir au Centre culturel algérien à Paris, en présence d’un public venu en grand nombre malgré le froid intense pour revenir sur le parcours de ce militant de la liberté et des luttes anticoloniales né en Martinique et enterré en Algérie. Cette rencontre, organisée à la faveur de la commémoration du cinquantenaire de la mort de Frantz Fanon, s’est articulée autour de la projection du documentaire du cinéaste Cheikh Djemai, « Frantz Fanon, une vie, un combat, une oeuvre », suivie d’un débat animé en présence du réalisateur, de l’écrivain et chercheur Abdelkader Benarab, et du Fils de Frantz Fanon, Olivier. S’appuyant sur les témoignages croisés des proches de Frantz Fanon, d’universitaires martiniquais, et de personnalités politiques nationales, à l’image de Rédha Malek, M’Hamed Yazid, Ali Haroun et Mohamed Harbi, le documentaire de Cheikh Djemai dévoile la personnalité d’un militant qui a marqué de son empreinte indélébile la période de la décolonisation et eu une influence remarquée sur la prise de conscience des peuples sous domination coloniale. Frantz Fanon décide très jeune de quitter son milieu natal. Engagé volontaire pendant la seconde guerre mondiale, puis étudiant en médecine à Lyon, il subit pendant ces années de formation l’expérience mortifère du racisme, cette « déviation existentielle ». « Le Noir n’est pas un homme » écrit-il dans  » Peau noire, masques blancs ». Il refuse alors l’assimilation, se révolte contre le déni des cultures « indigènes », l’oppression économique et identitaire des colonisés, la violence faite aux peuples dominés. Psychiatre à l’hôpital de Blida en Algérie, Frantz Fanon va mener un double combat. Celui du médecin qui pourfend les théories raciales et lutte pour désaliéner les malades mentaux victimes des traumatismes de la colonisation, qu’il analyse en clinicien et celui de l’homme engagé pour le renversement du colonialisme et la restauration de la dignité de l’homme. En 1956, deux ans après le déclenchement de la guerre de libération nationale, il choisit son camp celui des peuples colonisés et donne sa démission de l’hôpital de Blida, part pour Tunis où il rejoint les rangs du FLN pour en devenir un membre actif, avant de mourir d’une leucémie en 1961. Fanon ne verra pas l’Indépendance de l’Algérie. De « Peaux noirs, masques blancs » aux « Damnés de la terre », Frantz Fanon, a été « un penseur et un homme d’action qui n’a cessé de décrypter les formes et les conséquences des structures idéologiques d’asservissements et d’assujettissements du colonialisme », ont souligné les animateurs du débat sur le film de Frantz Fanon. « Ce militant des causes justes a su formuler les aspirations profondes des combats des peuples du Tiers-monde qui se sont dressés contre un système capitaliste et colonisateur », ont-ils ajouté. Olivier, le fils de Frantz Fanon a apporté des témoignages sur les convictions militantes de son père et la forte relation qu’il avait avec lui. L’écrivain Abdelkader Benarab a estimé que trois dimensions distinguent la personnalité de Fanon, homme de pensée et d’action, soulignant en lui, « le psychiatre praticien, le militant de la cause algérienne et l’intellectuel qui a contribué à donner des bases au courant intellectuel tiers-mondiste ». Auteur de l’ouvrage « Frantz Fanon ou l’homme de rupture », cet universitaire a relevé que « très peu de personnages ont pu réunir ces trois dimensions en si peu de temps et avec une activité aussi extraordinaire que celle de Fanon ». Il a rappelé également que Fanon fut « un ardent défenseur » de l’idéologie anticoloniale dont il porta avec le défunt M’Hamed Yazid le message grâce à une information activement menée à travers l’organe de presse du FLN, El Moudjahid, dont il était membre de l’équipe rédactionnelle.

« Il a insufflé la conscience révolutionnaire à ses lecteurs en utilisant ses articles comme support de témoignage des massacres coloniaux », a souligné M. Benarab. Cheikh Djemaï, est réalisateur franco-algérien, qui a à son actif plusieurs documentaires qui ont été sélectionnés et consacrés dans de nombreux festivals. Parmi ses films, il y a lieu de citer « La nuit du doute » (une fiction), « Paroles d’exil », « Le onze du FLN » et « Les charbonniers de surface ».

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