Encore une fois, les citoyens de Kabylie ont montré leur solidarité légendaire dans les moments difficiles, en agissent ensemble, héroïquement, pour dépasser cette dure épreuve causée par la tempête qui a sévi depuis deux semaines.
A Illilten, une commune perchée à plus de 1200 m d’altitude et située à environ 70 kilomètres au sud-est du chef-lieu de la wilaya de Tizi-Ouzou, les habitants ont travaillé d’arrache pied, avec les moyens de bord, pour déneiger les axes routiers principaux menant au chef-lieu communal. Ils y sont arrivés, grâce aussi aux différents engins et outils de déneigement qui ont été mis à la disposition de l’APC par les entrepreneurs privés de la localité car il faut dire que la municipalité ne dispose que d’un seul engin pour cela. En outre, tous les commerçants ainsi que les citoyens possédant des véhicules se sont mobilisés pour approvisionner la population en lait, en pain et autres denrées alimentaires de base, notamment le gaz butane, étant donné que tous les magasins et points de vente avaient déjà épuisé leurs stocks depuis des jours avec les grandes quantités de neige qui ont bloqué les routes de la localité. “Ce n’est qu’avec la mobilisation des jeunes et la solidarité des villageois qu’on a pu éviter le pire pour les milliers d’habitants que compte ladite localité», nous a confié un bénévole, précisant que lorsqu’ils sont partis à Azazga pour se ravitailler, ils s’étaient retrouvés dans des situations très délicates puisque la tempête persistait et augmentait en intensité bloquant davantage les routes que même les engins que possède la commune ne parvenaient pas à dégager. “Nous étions contraints, tout le long du trajet de nous arrêter et de descendre des véhicules pour dégager les obstacles formés par les grandes quantités de neige ainsi que du verglas qui s’est installé sur les chemins. Cela en creusant avec des pioches et des outils manuels, et même en se servant de nos mains, puisque le nombre d’instruments tranchants disponibles n’était pas suffisant», déclare un jeune du village d’Azrou ajoutant que “parfois, même avec des moyens très minimes, il suffit d’avoir de la bonne volonté et du courage pour parvenir à réaliser des miracles, comme c’est le cas à Illiltène. Et sincèrement, celui qui a dit que l’union fait la force ne s’est pas du tout trompé”. De plus, il est utile de signaler que la municipalité ne disposant d’aucun établissement de soins, les malades ont été pris en charge et évacués vers les hôpitaux et polycliniques des localités les plus proches, à l’image de la jeune fille du village Tifilkout, qui a subi plusieurs fractures et qui a été transportée à bord d’un 4×4 vers l’hôpital de Aïn El Hammam où elle a pu recevoir les soins appropriés. Sans oublier le cas de cette dame enceinte d’Aït Abdellah, transportée à bord d’un tracteur à la polyclinique d’Iferhounène où elle a accouché normalement grâce aux citoyens d’Illiltène qui se sont montrés solidaires. “Je me rappelle que pendant la tempête de 2005, il y avait une femme enceinte du village Tifilkout qui a été transportée, à pied et à l’aide d’un cercueil, sur les épaules de jeunes bénévoles sur plusieurs kilomètres, vers la polyclinique de Tizi Bouarène où elle a enfanté de deux jumeaux. Et la chose qui m’est restée ancrée dans la mémoire, c’est le nombre de gens qui augmentait davantage et au fur et à mesure de notre passage par les différents villages de la région», nous raconte un habitant de ce bourg.
Par ailleurs, et selon une source sûre, la situation s’empire, malheureusement, de jour en jour à cause de la neige qui persiste et du verglas qui s’est installé transformant ainsi les routes en véritable danger dans ladite commune. C’est ce qui complique, pour ainsi dire, la tâche des associations, lesquelles souhaitent vivement que les hautes autorités leur envoient de l’aide et le matériel nécessaire dans les plus brefs délais pour parvenir à sortir définitivement plusieurs villages de cette crise.
Ainsi, malgré les énormes dégâts causés par les intempéries à travers plusieurs villages et villes de la wilaya de Tizi-Ouzou, on peut constater néanmoins, que cette situation critique a renforcé les liens entre les gens et les a rapprochés davantage.
Fatma C.