C’est une scène des plus déplorables qui revient à chaque fin de mois et cela depuis plusieurs années. Des vieillards tenant difficilement sur leurs faibles jambes, s’appuyant sur des cannes parmi lesquels figurent des femmes et des handicapés, s’agglutinent devant l’entrée de cette succursale et font le pied de grue du matin au soir pour percevoir leurs pensions.
L’exiguïté de la salle d’attente qui ne peut accueillir plus de 5 à 6 personnes à la fois fait que ces personnes âgées et fragiles font la chaîne sur le trottoir, exposés des heures durant aux affres climatiques, loin d’être clémentes. Une scène des plus émouvantes sinon révoltantes, des personnes au déclin de leur vie tenant difficilement debout grelottant de froid et recroquevillées, qui attendent résignées et encore sans être sûres d’êtres servies. Avec les fréquents manques de liquidités, il arrive que ces malheureux retraités subissent ce calvaire plusieurs jours de suite avant de recevoir leurs pensions quand ce n’est pas la petite monnaie qui fait défaut. Cette agence et pour toutes ces contraintes énumérées a été à maintes reprises fermée par ces vieillards qui puisent dans leurs dernières forces pour mener une action de protestation. Malheureusement leurs mouvements sporadiques de révolte n’ont rien changé à la situation. Voila que par la force des choses et la défaillance humaine, la satisfaction de ces pauvres retraités à l’arrivée de l’échéancier pour percevoir leur dû et faire face à la cherté de la vie se transforme en cauchemar. Ils se voient ainsi contraints de trimer dur pour récupérer leur maigre traite. Cela même au moment où sous d’autres cieux, cette catégorie de personnes du 3e âge la perçoivent à domicile. Pour revenir à la succursale de M’Chedallah, en plus de la nécessité d’un nouveau local plus spacieux qui s’impose pour en finir avec ces longues et pénibles attentes de vieillards dans d’insupportables conditions, l’idéal ne serait-il pas de dresser un calendrier pour chaque commune pour réduire la pression sur les guichets et ces attroupements qui donnent une vision peu honorable de nos services publics et leurs prestations ?
Fort heureusement, les services de sécurité locaux veillent au grain et dissuadent par leur seule présence aux alentours de cette banque, les délinquants qu’attire ce genre de foule compacte comme…les mouches par un pot de miel. D’autant plus que la majorité de ces retraités perçoivent leurs pensions en devises et contrairement à d’autres localités, aucun acte de vol ou d’agression n’a été enregistré jusqu’à présent en ces lieux.
… Au niveau de la poste aussi
En ce 20 du mois courant, c’est jour de grandes affluences dans les bureaux de postes qui sont pris d’assaut dés les premières lueurs du jour par les retraités qui viennent y retirer leur avoir. Là encore, la sempiternelle indisponibilité des liquidités refait surface. Et pas seulement, la connexion intranet y met du sien pour compliquer les choses pour ces usagers ballottés entre les bureaux de poste en quête de leurs avoirs. Auprès de l’agence postale du chef lieu de daïra de M’chedallah, nous avons constaté de visu une rupture des liquidités vers 10 heures, avec une immense chaîne d’usagers à dominante du troisième âge. Ils sont venus de partout, de Ahnif, de Saharidj, d’Aghbalou aussi et la bousculade est telle, que les personnes malades ne pouvant tenir longtemps dans ces conditions préfèrent remettre ça au lendemain. Les autres plus valides et plus persévérants attendant une hypothétique arrivée des fonds et alignent sur le comptoir chèques et pièces d’identités. Aâmi Kaci, un de ceux qui sont repartis ne pouvant supporter l’attente, nous confie qu’il revient du village d’Ighrem dans la commune de Ahnif, car le bureau de poste de la localité même s’il dispose de liquidité est mis hors service pour le paiement des retraités, en raison de la coupure de la connexion intranet : ‘’ A Ighrem la poste dispose d’argent mais sans la connexion, ici, à M’chedallah, la connexion , existe mais pas l’argent !’’,nous confie-t-il sur un ton de résignation que justifie sans doute sa lassitude de subir cette corvée de ballottage entre les bureaux de poste, à chaque échéance se sa retraite. Mohamed, un vieillard à la vue défaillante et qui avance sur le trottoir en s’aidant de sa canne, rebrousse chemin avant d’arriver à la poste. Il est venu de Bouaklane, une agglomération urbaine à quelques centaines de mètres du chef-lieu de la commune de M’chedallah, car au niveau de cette localité le bureau postal est à peine assez spacieux pour contenir quelques dizaines de personnes. ‘’ L’endroit est tellement bondé de monde, qu’il n’y a pas de place pour les personnes non voyantes comme moi ‘’ nous dit-il avec dépit. Ainsi donc, se faire payer sa retraite pour ces personnes âgées n’est pas de tout repos, avec les dysfonctionnements des services publics, notamment pour le cas évoqué d’Algérie Poste et d’Algérie Télécom dont le service internet bat de l’aile, renvoyant à plus tard le décollage tant promis et qui se fait désirer.
Oulaid Soualah / Mohand Meghellet

