Il y’a 54 ans jour pour jour eut lieu une embuscade des maquisards contre un groupe de goumiers de la SAS de Barbacha au lieudit Gammat, situé à la limite entre les communes voisines Kendira et Barbacha, causant à l’ennemi des pertes d’hommes et la récupération d’un butin en armes considérable.
L’histoire de cette bataille est mal connue par les nouvelles générations de la région, car elle n’est racontée que de bouche à oreille par ceux ayant vécu la guerre et les péripéties des 7 années de braise. Rares des événements de la révolution vécus par les habitants de cette région, laquelle faisait partie de la zone 1 de la wilaya 3 historique ont été racontés, alors que des batailles couronnées de victoires se comptent en dizaines. Quant aux bombardements de villages et aux exécutions sommaires, seuls les rescapés et les familles des victimes s’en souviennent. Bekka Ouari, est l’un des rares, voire l’unique moudjahid de la région, toujours en vie, a avoir le reflexe d’écrire ses mémoires et ses témoignages de quelques moments forts passés dans les maquis de la zone 1 en éditant un spicilège historique intitulé‘’ parcours d’un maquisard de la wilaya III zone I’’. Pour cette bataille de Gammat, il dit ’’ c’était en 1960, un commerçant de la région nommé Sadji Amar, revenait de Bejaia, au volant de son camion chargé de marchandises, quand un groupe de goumiers de la SAS de Barbacha l’arrêta pour l’obliger à les transporter. Ils lui demandèrent d’aller vite décharger son véhicule et de revenir aussitôt pour les prendre à bord jusqu’au poste de Tizi Oufella (aujourd’hui chef-lieu communal de Kendira), ce qu’il fit exactement de peur des représailles. Sadji revint donc prendre les harkis qui en avaient profité pour se faire accompagner par leur officier de la SAS venu au volant de sa jeep en compagnie d’un garde de corps. Au retour du convoi, Braham Ibellouten et son groupe de choc les avaient interceptés dans un endroit bien choisi, Gammat, là le camion et la jeep tombèrent dans l’embuscade tendue, l’officier de SAS avait été tué ainsi que beaucoup de goumiers, les autres survivants prirent la fuite vers la forêt, en abandonnant leurs armes et leurs bagages. Ainsi, nous avions récupérés en tout, 13 armes de guerre, des munitions et de l’habillement’’. Le chauffeur de taxi, raconta l’auteur, fut grièvement blessé et évacué à l’hôpital de Bejaia, et la mort de l’officier de la SAS avait réjoui les habitants des douars. Aujourd’hui, plus d’un demi-siècle s’est écoulé cet événement triomphal est resté presque un ‘’non événement’’ hormis cette modeste stèle placée à l’effigie de cette date historique pour rappeler aux passants que l’endroit est tout de même sacré. Pas de célébration commémorative en cette circonstance d’un passé glorieux partagé en histoire et géographie entre les habitants des deux communes voisines, et dire que cela ne peut se faire qu’une fois tous les quatre ans. Un événement qui a eu lieu un 29 février n’était il pas déjà voué à l’oubli dés son départ ? A ne pas s’étonner, car, des circonstances très douloureuses vécus par ces petits et pauvres douars comme le massacre collectif du 10 mai 1958, perpétré au village Taourirt Khelfa est, disons enterré avec les 11 martyrs de cette journée noire, qui fait encore trembler les mémoires de leurs veuves et enfants. Un jour peut-être l’histoire s’écrira d’elle-même.
Nadir Touati

