La bataille du 5 mars 1959 de Tachtiouine constitue l’une des grandes batailles de la région d’Aït Yahia Moussa à côté de bien d’autres à l’exemple de celle du 6 janvier de la même année et celle de Tafoughlat le 14 mars 1955. Avant-hier, pour rendre hommage aux trente-six martyrs tombés lors de cette bataille, les membres des ONM de Draâ El Mizan, d’Aït Yahia Moussa, de Draâ Ben Khedda, de Tadmait, d’Assi Youcef, les représentants de l’ONM de Tizi-Ouzou, les moudjahidine, les enfants de Chahid, des citoyens et les autorités locales d’Aït Yahia Moussa, ont déposé une gerbe de fleurs au carré des martyrs de Tachtiouine. Après la lecture de la Fatha et une minute de silence, l’assistance s’est inclinée à la mémoire de tous les martyrs tombés au champ d’honneur. La deuxième escale de cette visite historique a été un déplacement au lieudit Afroun où cette foule est allée revisiter ce lieu, un tunnel de plusieurs mètres où l’armée de Bigeard a gazé quarante civils non encore extirpés de cet abri jusqu’au jour d’aujourd’hui. Les témoignages étaient si poignants à ce sujet que la plupart des Moudjahidine et autres ont laissé couler des larmes. La quasi totalité des intervenants a souhaité qu’une stèle commémorative soit érigée devant cet endroit, ô combien historique. “C’est l’une de nos glorieuses pages d’histoire qu’il faudra réécrire ici “, dira l’un d’eux. De retour de ce lieu, cette procession de personnes dont plusieurs d’entre elles étaient âgées ont rejoint le chef-lieu d’Aït Yahia Moussa où une table ronde a été organisée pour évoquer les circonstances et les moments forts vécus par la population d’Aït Yahia Moussa durant la guerre de libération nationale. Ali Yadadène, l’un des acteurs de la révolution dans la wilaya III historique et acteur de la bataille du 5 mars, a relaté avec précision, détail après détail cette bataille où l’armée française avait mobilisé de gros moyens pour se venger, surtout que cette bataille est survenue quelques mois après celle du 6 janvier où les combattants de l’ALN avaient donné du fil à retordre aux forces coloniales, en arrivant même à capturer le lieutenant Chassin et le capitaine Grazziani. En définitive, Aït Yahia Moussa est l’une des régions qui a payé un lourd tribut durant cette période, mais qui reste toujours en marge du développement, cinquante ans après l’indépendance.
Amar Ouramdane