Une artiste aux doigts de fée

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Rencontrée à la maison de jeunes où elle a exposé des produits d’art qu’elle a confectionnés ou dessinés avec ses mains de fée, Belahbib Noura est une artiste douée au talent avéré.

Comme toute femme rurale, bien que bardée de diplômes dans l’activité féminine tel que la couture traditionnelle, la haute couture, le prêt à porter, le tissage (Azeta), elle n’est jamais sortie de son patelin à Seddouk pour voir de quoi est fait le monde actuel. La trentaine passée, elle voudrait créer sa prendre entreprise mais elle bute sur des entraves telle que la demande pour l’acquisition d’un local professionnel à Seddouk, qui lui a été refusée. «J’ai formulé une demande pour l’acquisition d’un local professionnel dans le cadre de l’emploi de jeunes, qui a été rejetée. C’est mon frère qui a mis à ma disposition un garage non aménagé où j’exerce dans l’insalubrité faute de moyens pour l’aménager», a-t-elle déclaré. Cela ne l’a pas empêché à persévérer dans l’art, elle est même très motivée à aller toujours de l’avant en faisant toujours usage de son ingéniosité. Elle crée de petits objets décoratifs et des dessins sur verre, de bijoux berbères traditionnels, d’animaux et d’oiseaux qu’elle présente dans des tableaux fait à base de soie, de bois ou de papier. De vraies merveilles d’art qui captivent le regard. Utiles pour les ornements de salons, bureaux, bibliothèques…ce qui a épaté les nombreux visiteurs qui ont sillonné le salon d’exposition, s’arrêtant parfois pour bien contempler ses œuvres et demander des informations le cas échéant que l’artiste donne et explique aimablement. «J’expose ici des œuvres d’art que je fabrique à la maison avec des moyens dérisoires, ça semble plaire beaucoup aux visiteurs et je suis contente pour cela, ça me stimule vraiment à persévérer», a-t-elle souligné. «Toute petite, j’étais passionnée par la couture et le dessin, mais cela fait déjà quelques années que je me suis lancée dans la création et hamdoullah, je commence à me faire connaître», renchérit-elle. En effet, c’est une artiste à la renommée à peine naissante, mais il n’en demeure pas moins qu’elle a l’art dans les veines. Depuis elle s’y était donnée corps et âme et veut encore aller toujours de l’avant pour en faire aujourd’hui son métier. Un métier dont elle veut faire une passion et une raison de vivre. En d’autres termes, même si le chemin à parcourir pour réaliser son rêve est long et parsemé d’embuches, elle croit dur comme fer en ses capacité de s’affirmer en pensant tout simplement que c’est juste une question de volonté et de persévérance. Toutefois, elle est consciente tout de même que cela nécessite aussi des moyens importants pour la grande réussite dans un tel métier. «J’ai donc attendu le moment opportun pour mettre en œuvre ce qui me taraudait l’esprit il y a des années», a-t-elle fait savoir. Elle ambitionne par conséquent à relever le défi d’être reconnue par le public, un serment presque atteint du fait que la galerie où ses produits sont exposés ne désemplit pas. Cette ferveur populaire est un gage qui rassure une jeune artiste qui voudrait confirmer davantage les qualités déjà exprimées. «Avec les expositions passées faites au CEM Guénini il y une année et celle d’aujourd’hui, j’ai remarqué une grande réceptivité du public très attaché à mes produits. Pour moi, c’est un signe fort d’encouragement qui m’est adressé. Je vais continuer à travailler en mettant tout mon génie en œuvre et je tiendrais ma promesse», conclut-elle. Combien de Noura existent-elles encore dans ces patelins reculés et qui n’ont pas eu la chance de faire éclater leur talent ? Il reste beaucoup à faire pour le mouvement associatif pour dénicher les talents qui restent cachés, les aider le cas échéant à émerger. C’est toute la palette kabyle qui s’enrichira sans nul doute en virtuoses.

L. Beddar

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